L'ALGÉRIE, TERRE DE DÉPORTATION ET TERRE D'ACCUEIL D'IMMIGRATION EUROPÉENNE (partie 2)
Entre 1848 et 1851 en particulier, l'Algérie sert, avant la Nouvelle-Calédonie, de terre de déportation, avec tout ce que cela implique de contrôle militaire ou policier, d'images dévalorisantes et aussi de sentiment d'éloignement : comme si la traversée, pourtant relativement rapide, de la Méditerranée conduisait les condamnés dans des pays tout à fait différents et toujours lointains. Telle est, à la fin des années 1840, l'image que l'on se fait en France de l'Algérie, image qui mêle aux phantasmes de l'orientalisme romantique les dures réalités de la première période d'installation européenne.
À partir de 1853, et surtout de 1855, les conditions du recrutement vont être considérablement modifiées. Les préfets des départements frontaliers pouvaient recevoir directement les dossiers, exactement comme s'il s'agissait d'une migration d'origine française. Il convient de faciliter les démarches des futurs emigrants : une circulaire du ministre de la Guerre indique même dans le détail les modalités du recrutement : les candidats au départ doivent présenter, à titre de cautionnement, une certaine somme d'argent, cent francs pour un célibataire, quatre cents francs pour une famille. Pour le cas où il y aurait promesse de concession à l'arrivée en Algérie, la somme demandée est beaucoup plus importante, deux mille francs au minimum. Moyennant quoi, il est garanti un passage gratuit entre Marseille et l'Algérie aux migrants et à leur famille sur les bateaux des Compagnies de navigation agréées par l'État français.
Les conditions réelles de l'installation en Algérie ne correspondent pas toujours, tant s'en faut, aux engagements pris. Peu habitués aux fortes températures de l'été méditerranéen, les immigrés venus du Nord supportent mal les rigueurs du climat, dont ils sont insuffisamment protégés dans les baraques misérables qui sont mises à leur disposition à leur arrivée. Il faut bien constater que le taux de mortalité parmi les Allemands résidant en Algérie est au moins équivalent, et probablement un peu plus élevé que dans les autres communautés.
Dire que les migrations d'origine méditerranéenne, espagnole, maltaise, italienne n'ont pas été voulues par les autorités
françaises ne signifie naturellement pas qu'il y a rejet systématique des immigrés en provenance de ces pays. Pourtant les faits sont là : ces individus souvent méprisés, relégués dans les emplois subalternes, représentent une part essentielle de la colonisation. Dès 1836, Espagnols, Italiens et Maltais sont plus de 8 000 pour une population européenne recensée de l'ordre de 14 500 personnes. La proportion tombe évidemment dans les années suivantes avec les efforts faits en faveur d'une colonisation organisée. Les migrants d'origine méditerranéenne sont 41 000 sur 95 000 en 1845, 60 000 seulement sur un total de 160 000 colons d'origine européenne en 1856. Et nous n'avons pas tenu compte de l'intégration dans la population française, à partir du recensement de 1876, de la population israélite d'Algérie. Si on la décomptait, on peut estimer que dans les années quatre vingt, plus de la moitié du peuplement européen d'Algérie a été recruté dans les péninsules ou les îles
de la Méditerranée.
françaises ne signifie naturellement pas qu'il y a rejet systématique des immigrés en provenance de ces pays. Pourtant les faits sont là : ces individus souvent méprisés, relégués dans les emplois subalternes, représentent une part essentielle de la colonisation. Dès 1836, Espagnols, Italiens et Maltais sont plus de 8 000 pour une population européenne recensée de l'ordre de 14 500 personnes. La proportion tombe évidemment dans les années suivantes avec les efforts faits en faveur d'une colonisation organisée. Les migrants d'origine méditerranéenne sont 41 000 sur 95 000 en 1845, 60 000 seulement sur un total de 160 000 colons d'origine européenne en 1856. Et nous n'avons pas tenu compte de l'intégration dans la population française, à partir du recensement de 1876, de la population israélite d'Algérie. Si on la décomptait, on peut estimer que dans les années quatre vingt, plus de la moitié du peuplement européen d'Algérie a été recruté dans les péninsules ou les îles
de la Méditerranée.
De façon générale, la répartition de ces migrants à traverser l'Algérie est très inégale, les Espagnols étant largement majoritaires en Oranie (en 1886, 92 290 Espagnols sont recensés dans le département d'Oran contre 79 661 Français). Les Italiens et les Maltais sont au contraire installés surtout dans le Constantinois. Pourtant, Dès 1832, le consul d'Angleterre à Alger, tout en se gardant de donner une appréciation trop personnelle, peut écrire : « Les Français n'aiment pas du tout les Maltais et ne perdent jamais une occasion de les punir, si leur conduite n'est pas bonne; ils leur causent beaucoup d'ennuis». «Les Maltais, écrit Louis de Baudicourt, sont les étrangers pour lesquels la plupart des fonctionnaires et les colons français ont le moins de sympathie» Il faut, dit en 1838 un officier français, «organiser l'ordre au milieu des Maltais, des indigènes, des fainéants et des voleurs. Que l'on admette dans la colonie, si on le juge convenable, les repris de justice, les condamnés..., le rebut de la nation, mais qu'on y envoie des hommes forts pour diriger les
administrations et des troupes bien disciplinées pour les protéger»
administrations et des troupes bien disciplinées pour les protéger»
(à suivre)
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