L'ALGÉRIE, TERRE DE DÉPORTATION ET TERRE D'ACCUEIL D'IMMIGRATION EUROPÉENNE
Dernièrement, je vous ai présenté de nombreuses photographies d'époque qui illustrent les différents groupes de la population tlemcenienne en particulier mais ceci est vrai aussi pour la population algérienne dans son ensemble. J'ai suivi avec interêt tous les commentaires associés à ces photographies, de plus j'ai reçu de nombreux messages sur le sujet qui nous passionne toujours et nous divise parfois. Au début j'ai pensé, que certains (pas que sur ce groupe) refusent ces différences et arrivent à refuser l'autre à cause de la peur et de l'inquiétude face à un autre qui est différent de soi et qu'on n'arrive pas à comprendre : Sommes-nous racistes ? Il peut aussi arriver qu'on se sente supérieur par notre généalogie, notre héritage, notre milieu qui nous a vu naître et grandir. Cela rassure et permet de mettre l'autre à distance: « heureusement je ne suis pas comme lui, comme elles... » Finalement, j'ai conclu qu'il s'agit d'une réaction face à l'insécurité que l'on peut ressentir car Tlemcen en particulier est une ville d'art, d'histoire, traditonaliste et exceptionnellement conservatrice.
Pour y remédier, je me suis dit : il suffit d'expliquer pour comprendre certains traits ethniques de la population algérienne et notamment celle de Tlemcen. Nous savons que l'Algérie est amazighe, et pour ne pas se perdre dans le labyrinthe des origines, je vais vous exposer un résumé d'un travail de recherche, une étude autour de la migration qui a suivi le débarquement des français en 1830 :
Au XIXe, après la colonisation française, la migration d'origine européenne vers la colonie algérienne est présentée comme l'arrivée d'une collectivité nouvelle, imposant des rapports de domination à la population «indigène» par l'intermédiaire de l'armée et de l'administration. La migration d'origine européenne vers la colonie algérienne était présentée comme l'arrivée d'une collectivité nouvelle, imposant des rapports de domination à la
population «indigène» par l'intermédiaire de l'armée et de l'administration.
Peut-on imaginer la venue en masse de travailleurs amenés
d'Extrême-Orient, comme cela se passe effectivement dans certains pays de l'Océan Indien, voire même de l'Amérique latine? Cette possibilité a bien été envisagée, mais elle est très vite abandonnée. Reste alors à susciter une migration d'origine
européenne, à la condition toutefois qu'il s'agisse d'une «bonne» migration. Dès la première période coloniale, l'idée s'est répandue qu'il serait utile de favoriser et même de susciter vers l'Algérie un courant comparable par ses origines à celui
qui se dirige alors vers l'Amérique du Nord : Irlandais peut-être, mais surtout Allemands et Suisses. Ces populations forment alors les gros contingents de l'émigration européenne; elles sont considérées comme particulièrement adaptables aux
conditions nouvelles imposées par la politique française en Algérie.
Un organisme se donnant pour but de recruter des colons dans les pays du nord de l'Europe s'est mis en place : il s'agit d'un comité central de colonisation par l'émigration créé en 1841. Il compte à la fois parmi ses dirigeants des personnalités civiles et militaires et des agents diplomatiques français qui sont alors en charge de toutes les questions relatives à l'émigration dans les territoires étrangers. Il propose d'installer en Algérie plus de mille familles, qui seraient éventuellement recrutées en France, mais aussi en Belgique, en Allemagne et en Suisse. Une propagande était organisée par des agents opérant pour le compte du gouvernement général de l'Algérie, elle consiste en une tournée publicitaire à travers l'Allemagne, la publication d'articles dans les journaux locaux, la fabrication et la diffusion de milliers de tracts en langue allemande; par ailleurs des affiches sont placardées dans les communes d'Alsace-Lorraine proches de la frontière.
Dans un second temps, on met en vente des lots de terre; ces ventes peuvent s'effectuer en territoire suisse, allemand ou français selon un calendrier soigneusement fixé; le titre provisoire de propriété pourra tenir lieu de passeport pour les nouveaux acquéreurs. Ainsi sont assurées des conditions de voyage convenables, bien sur ce qui était loin d'être le cas : navires surchargés, conditions d'hygiène déplorables, etc. Le but premier est d'assurer le passage en Algérie de la population souhaitée
pour aider à la mise en valeur des terres distribuées dans les conditions que nous venons d'indiquer : migration familiale pour l'essentiel, car il s'agit d'une installation durable; migration d'origine paysanne, des expériences malheureuses ayant attiré l'attention des autorités sur les risques de confier à des personnes inexpérimentées des concessions de terres; migration enfin de gens disposant d'un minimum de ressources, car il convient, dans la mesure du possible, d'éviter la venue en Algérie d'indigents qui seraient à la charge de la collectivité; il est en effet prévisible que, pendant de longs mois, ils seront dans l'incapacité
de pourvoir à leur subsistance.
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