samedi 16 mai 2015

SYMBOLISME DES ARBRES CHEZ LES TLEMCENIENS
À Tlemcen, on trouvait souvent un endroit situé à l’écart des habitations et qui est marqué par des murettes de pierres (mzara) ou un cercle de pierres (kheloua). Le lieu porte le nom d’un saint homme dit « Sidi » (par exemple Sidi Daoudi, Sidi Abou Mediene). Il peut aussi porter le nom d’une femme, Lalla Setti, Lalla Baqça...
Les haouita ou mzara édifiées sont de très rustiques sanctuaires. On y déposait des poteries votives, de petite taille, perpétuant ainsi les traditions protohistoriques de la microcéramique découverte dans les sépultures. Quelques brûle-parfums ou de simples bougies, même si elles ne sont pas systématiquement allumées apparaissent comme les gardiennes du lieu. Souvent blanchis à la chaux, ces autels modestes et simples découlent de pratiques sans doute protohistoriques et qui se perpétueront durant les temps antiques jusqu’à nos jours.
Les fêtes qui se déroulent autour de ces petits sanctuaires peuvent être simples, les femmes après avoir déposé les bougies, il arrive qu’une mélopée sorte de la flûte d’un musicien ou qu’on procède au sacrifice d’un animal ; dans certains cas, les hommes dansent au son des flûtes qu’accompagnent des incantations difficiles à comprendre ; dans d’autres cas, il s’agit de grandes festivités et d’un afflux considérable de population.
Des fois pour identifier l'élément sacral c'est le "tas de pierres", "El Karkour, الكركور". Ici les visiteurs viennent pour jetter "leur pierre" et grossir ainsi le tas sacré. C'est une forme de lapidation qui permet à l'officiant à passer son mal à la pierre. Je ne sais pas si cette pratique est toujours vivante mais cet acte cache ce qu'on appelle le culte naturaliste. C'est ainsi que certains arbres sont devenus sacrés et prennent la place du Marabout. C'est le cas de "Lalla Baqça" pas loin d'El Eubbad, au niveau de Aîn Wanzouta.
L'arbre sacré qui nous a intrigué était un caroubier connu sous le nom de R'jâl El Kherrouba chez les tlemceniens au pied duquel on dépose des petits cailloux et l'ontbrûle de l'encens, des chiffons étaient attachés aux branches de l'arbre par les fidèles. Au niveau d'El Masourah, une "Zedbouja, un olivier" un Maqam a été construit autour d'elle. Tout près des remparts d'El Mansourah, il se trouve un laurier-rose devenu marabout, rien n'indique qu'il s'agit d'un marabout pourtant à l'époque les femmes amenaient pour guerir leurs nourissons frappés par le mauvais géni " Teir El Lil, طير الليل" ou la chauve-souris.
Voici ce qui a été décrit: "...La mère qui veut guérir de ce mal son enfant l'apporte auprès de ce laurier-rose, un peu avant le lever du soleil ou avant son coucher. un breuvage d'eau de la source voisine mêlées à quelques feuilles pilées du laurier Marabout que l'on fait avaler une partie à l'enfant, l'accomplissement de quelques rites (brûler du benjouin, ou une bougie), de courte incantations constituent le remède souverain"
Les musulmanes et les juives avaient l'habitude de visiter cet arbre marabout, les premières vennaient le soir alors que les autres c'est le matin: ".... C'est dans la croyance populaire l'âme de ce marabout est censée sortir de l'arbre au moment ou le soleil se couche. C'est alors qu'elle fait ses promenades nocturne et ne rentre occuper sa demeure, l'arbre, qu'au moment oú le soleil se lève..."
Nombreux sont les arabres qui sont sanctifiés Tlemcen, non pas seulement parceque ces arbres doivent leur existance au sang versé par la marabout mais aussi parcequ'ils incarnent des âmes occultes. on peut citer ici le caroubier de Sidi El Haloui ou encore la vigne Sidi Belhacen El Ghomari sur la ruelle des sept arc au voisinage de la grande mosquée.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

الجزائر بـ «قبر الهجمات - Alger « tombeau des attaques »

 La côte d'Alger a souvent été surnommée le « tombeau des attaques » en raison des échecs répétés des grandes puissances européennes à s...