samedi 21 décembre 2013

LE CULTE DES SAINTS OU DES "MARABOUTS" AU MAGHREB ET À TLEMCEN

Avant d'aborder le sujet des Marabouts (un sujet que je vous porpose en deux parties), j'aimerai vous avertir que j'ai choisi volentairement de ne pas discuter le caractère licite ou illicite du cute rendu aux saints, j'ai préféré rapporter simplement le mode d'organisation et les traditions. Par conséquent le choix est laissé au lecteur de regrader en détail les questions religieuses et leur significations en rapport avec le sujet proposé.

Un culte qui se retrouve dans toutes les religions et qui semble en particulier dominer toute la vie religieuse du Maghreb, c'est le culte des saints. Ce culte au Maghreb a le caractère d'une véritable adoration de l'homme, d'une anthropolàtrie qui y est pratiquée de puis des siècles. Les saints du Maghreb s'appellent des "Marabouts"

Les marabouts, vivants ou morts, étaient l'objet d'une véritable adoration. C'est un spectacle cependant qui n'est pas rare et qui se renouvelle souvent, même dans les rues de Tlemcen, lorsqu'un marabout influent vient pour quelque temps au cheflieu.
On se précipite sur le passage de ce saint homme pour baiser le pan de son burnous; pour baiser son étrier s'il est à cheval; pour baiser même la trace de ses pas s'il est à pied; il a peine à fendre la fouie de ses adorateurs. Arrive-t-il près de l'hôtel où il doit séjourner, vingt bras l'enlèvent et le montent au premier ou au deuxième étage. On le supplie de prendre un peu, une bouchée seulement, de la nourriture qu'on a préparée pour lui et, s'il refuse, on lui demande, comme faveur, de vouloir bien cracher dans les mets que l'on se dispute ensuite pour les manger...On peut dire hardiment que là foule vénère un grand marabout à l'égal du Prophète.

Le mot marabout, vient de l'arabe Merâbet (مرابط). On nommait, jadis, ainsi celui qui servait dans un ribât': et les ribât' étaient des sortes deforts, établis principalement sur les limites de l'empire musulman, où ils servaient de bases d'opérations pour la guerre sainte contre les Infidèles, le Djihad. Vous l'avez bien compris les Ribâts sont apparus avec les Almoravides, Al Mourabitounes du 11ème siècle. 

Dans le ribât', la guerre alternait avec les exercices; de piété. Plus- tard, la période héroïque passée, le Ribât' ne fut plus qu'un couvent, une zàouia, et le Meràbet', le marabout, un apôtre religieux. A la fin du XVe siècle, un grand nombre de ribât' s'étaient fondés à Tlemcen combattre la domination Espagnole qui fut une sérieuse tentative de pénétration européenne contre laquelle les Tlemceniens eurent jamais à lutter. Depuis, le mot marabout a vu son sens s'élargir encore davantage : il en est venu non seulement à servir pour désigner tous les saints, mais encore tout ce qui est sacré, en sorte que des animaux, des arbres, des pierres, sont dits « marabouts ». C'est à cet égard, le terme le plus général qui existe et le seul dont se serve le peuple.

D'autres noms courants dans le terminologie du Marabout:

Un Bahloûl (بهلول) est un simple d'esprit, partout regardé comme un favorisé de Dieu, de même que le fou ou l'épileptique. Le Bahloûl est naturellement prédisposé à être medjdoùb (مجدوب) c'est-à-dire « ravi en extase» par Dieu, illuminé. Le saint qui est continuellement Medjdoùb, ravi, est devenu un Ouali (ولي) c'est à-dire un ami, un familier de Dieu. Les saints sont généralement désignés par le titre de Sidi (سيدي) « monseigneur », qui s'abrège en Si, pour désigner surtout un lettré, un jurisconsulte, un faqih (فقيه). 

Le chérif est aussi marabout. On appelle chérif quiconque descend de du prophète, par sa fille Fâtima Zohra (فاطمة الزهراء). Les chérifs sont naturellement innombrables et les tribus où ils se sont fixés se donnent comme leur postérité et prennent le titre à "Oulâd Sidi" 

Au Maroc, le sultan et tous les saints reçoivent le litre de Moûlaye (مولاي), c'est à-dire « mon maître ». 'Enfin, les femmes marabouies sont désignées, comme en Orient, sous le nom de Selli (ستّي)-. « madame » ; mais leur titre Je plus populaire est celui de Làlla (لالّة), un mot Amazigh , qui signifie "Maîtresse".

Les femme, comme les hommes, peuvent devenir maraboutes et Tlemcen est rempli de tombes de saintes et de saint, on ne dénombre pas moins de 50 tombeaux à coupole (قبّة) généralement au niveau des Zaouias. Bien évidemment, les plus connus sont Lalla Sétti, Sidi Boumediène, Sidi El Haloui, Sidi Yaâcoub.

Le culte rendu aux marabouts se manifeste par des pèlerinages, Chaque marabout a sa fête annuelle, à laquelle on se rend en foule et où sont organisés des Oua'da (وعدة) ou T'a'âm (طعام), des sacrifices c'est à dire des banquets religieux en l'honneur du saint. Il existe aussi la possibilité de se rendre individuellement en Ziâra ( زيارة c'est le mot « visite ») au tombeau du saint pour demander une grâce quelconque. Naturellement on ne se présente pas les mains vides : Outre la victime du sacrifice (الأضحية, ou Dabiha, الذبيحة), poule, bouc, mouton, boeuf, suivant l'état de fortune du pèlerin, qui sera sacrifiée, il y a le cadeau à faire aux descendants du Marabout ou au Moqaddem ou Oukil (مقدّم أو وكيل, gardien du tombeau). Cependant les pauvres apportent une bougie ou quelques sous ; les plus riches de l'orge, du blé, du beurre, des dattes et une somme d'argent plus ou moins considérable. la victime du sacrifice الأضحية est aussi quelquefois laissée au marabout ou partagée avec lui, mais le plus souvent elle est mangée par le sacrifiant auprès du tombeau du saint.


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