samedi 28 septembre 2013

UN AUTRE REGARD SUR LE FLAMENCO

UN AUTRE REGARD SUR LE FLAMENCO

L'Andalousie, le Barça, le Real Madrid, les tapas et le flamenco. Quand on pense à ce qui symbolise l'Espagne, certains clichés viennent spontanément à l'esprit. La danse flamenco en premier lieu. Toute Espagnole qui se respecte aurait dans son placard une de ces grandes robes à volants, rouge de préférence. Mais il faut descendre jusqu'en Andalousie pour entendre battre le coeur du flamenco, cette dance métissée qui réside dans le triangle formé au sud-ouest de l'Andalousie par le fleuve Guadalquivir (Al Oued Al Kébir), entre Séville (أشبيليّة), Jerez (شريش) et Cadix (قادس). 

Et pourtant, historiens, artistes et musicologues peinent à se mettre d'accord sur les origines exactes du flamenco. Cet art est andalou certes, mais de quel bois est faite la culture andalouse?

Par cette publication, je vais essayer de mettre la lumière sur ce patrimoine de l'humanité classé par l'UNESCO en 2011 et biensure résumer ce que pensent les spécialistes...à vous de voir

1-Un des plus grands spécialistes français du flamenco, l'universitaire Pierre Lefranc, a même montré que les mélodies de certains cantes anciens étaient très proches de celles de l'appel à la prière musulman. L'interjection "olé", lancée après un mouvement particulièrement réussi en flamenco, pourrait quant à elle être un dérivé du mot "Allah", "Dieu" en arabe" ; tout comme "ojala" ("espérons" en espagnol) viendrait du "Inch'Allah" arabique ("Si Dieu le veut"). Selon Pierre Lefranc, ce sont les gitans qui auraient repris les formules mélodiques de l'adhan pour "véhiculer leur propres émotions", en évacuant le sens d'origine de celui-ci.

2-Blas Infante, le père du nationalisme andalous pense que l'origine du mot Flamenco viendrait de la corruption de "Felah menkoub" (Paysan fugitif en langue arabe) qui s'appliquerait aux gitans après leur proscription à la suite de l'expulsion des Maures hors d'Espagne. 

Ce qui est indiscutable c'est que le flamenco est bel et bien le fruit des Gitans indiens que les musulmans ont accueilli. Les tribus, les Kawali ou Gitans, gardaient encore les traces des danses populaires indiennes, les larges jupes des danseuses, les rythmes imposés par les bracelets de chevilles, le piétinement qui faisait sonner ces chevillets. Le verbe arabe qui caractérise la geste des Gitans se dit en arabe "faâla" : "dire la bonne aventure" ou "la propre histoire" c'est à dire l'histoire individuelle d'une personne, son passé, la prédiction de son futur. 

Le Flamenco n'est certainement pas l'œuvre des Flamands du XVIème siècle, comme le prétendent de façon étonnante certains dictionnaires… Car, contrairement à la définition donnée par ces dictionnaires selon lesquels le mot " flamenco " viendrait des mots "flamand" ou "flamme", c'est l'ajout du pronom à la deuxième personne du singulier ou du pluriel [ka - kum] précédé de la préposition d'origine ou d'attribution [min] (de toi, de vous, ou à toi, à vous) qui va donner, par glissement et simplification populaire : "faala min ka", flamenco, ce qu'on pourrait traduire par : "je te raconte ton (ou votre) histoire, à toi (à vous)". Il est d'ailleurs important de remarquer que le flamenco s'adresse directement aux auditeurs participants, qui interviennent traditionnellement par l'approbation, le battement des mains, la voix ou la danse dans le récit du soliste. Le sonore "olé!" qui ponctue les moments forts du flamenco est l'exacte intervention arabe des auditeurs qui approuvent un vers ou un moment musical virtuose : "Allah!" comme indiqué plus haut.

Le langage du flamenco est celui du ventre, celui du coeur. Et c'est sans doute pourquoi il n'y a nul besoin d'être spécialiste ou érudit en la matière pour être ému par un ballet flamenco. Musicalement parlant, le flamenco contient, et ce jusqu'à nos jours, le quart de ton chanté ; le quart de ton a disparu de la musique occidentale depuis le Moyen Âge mais il faisait et fait toujours partie de la musique arabe et la plupart des gammes du flamenco s'apparentent encore aux gammes arabes.

Rien d'étonnant à ce que le flamenco soit né en Andalousie, région très longtemps méprisée par le reste de l'Espagne. Aux XVIIIe et XIXe siècles, les Andalous vivaient en effet une aliénation tant culturelle, que politique et économique. Le flamenco était donc pour eux, et en particulier pour les couches les plus populaires de cette région, une manière d'exorciser leurs frustrations, mais aussi de rester dignes, quoi qu'il arrive. "Le flamenco est un style, une manière de se tenir debout, les reins cambrés, le menton relevé" souligne l'écrivain Michel del Castillo. "C'est une posture de défi ironique, une attitude d'indifférence et de mépris. On feint d'ignorer le danger, on s'amuse avec lui." Ce qui est intéréssant c'est qu'en ces temps de crise économique, le flamenco apparaît plus que jamais actuel.



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