LA PESTE NOIRE EN ANDALOUSIE

Beaucoup de chroniqueurs se sont penchés sur la raison de la décadence de l'islam en andalousie. Tout dépend des historiens, si on parle de musulmans vous trouverez que les raisons étaient la désunion et l'abandon de la raison première de leur présence en andalousie à savoir la propagation de l'islam et le respect de ses dogmes. Cependant si on parle d'historiens occidentaux, leur raison est la fin du conflit entre Aragon et Castille suite au marige d'Isabelle et Ferdinand.

Mais si on prenait le problème à l'envers pour se poser la question suivante: Pourquoi le royaume de Grenade a résisté plus que deux siècles après la chutte de la puissante dynastie des Almohades en 1212 suite à la bataille de Navas de Tolosa? C'est l'une des rare fois dans l'histoire où on peut assister à un effondrement total d'une dynastie suite à la perte d'une seule bataille.

En réalité il y a plusieurs raisons qu'on peut les résumer:

1- Les négociations de paix (humiliantes) entre le royaume des Nasrides et Aragaon-Castille.

2- La situation géographique de Grenade qui lui assure une protection naturelle par les hautes montagnes de la Sierra Nevada chargées de neige.

3- L'afrique du nord et spécialement le Maroc et la dynastie des Mérinides qui représentait une vraie base arrière pour le royaume des nasrides en cas d'attaque ennemie.

4- Le conflit interne entre Aragon et Castille.

5- Le nombre de la population de Grenade, en effet cette dernière accueillait était la "qibla" des andalous à chaque fois qu'une ville musulmane tombait entre les mains des chrétiens. On rapporte que le densité de la population de Grenade avait atteint d'environ 1 million d'habitant ce qui n'est pas négligeable et qui peut constituer une menace réelle pour l'ennemi.

Mais un autre facteur qui n'est pas vraiment pris en considération et assez mal interprété par les historiens a offert une petite bouffée d'oxygène au royaume de Grenade; il s'agit de la PESTE NOIRE en 1347. On peut se demander comment le Royame de Grenade a vécu cette période cauchemardesque du moyen âge?? Comment les medecins musulmans de Grenade ont fait face à cette épidémie??

Connue sous le terme de "ta’un, الطاعون" chez les musulmans, la peste fut longtemps considérée comme une maladie du mécréant ou bien comme une épreuve divine, par une majorité de toute façon réticente à des mesures de prophylaxie. Les medecins ont mis tout leur soin à distinguer la peste des autres maladies épidémiques, désignées par des termes spécifiques ou par le terme général de "wabaa, الوباء". Le ta’un a toujours eu un statut particulier chez les musulmans andalous du fait que la peste justinienne en 650 a été contemporaine de l’hégire et de l’épopée du premier djihad en Syrie et en Irak. Au moment de la peste noire et des épidémies qui ont suivi et alors que les sciences médicales arabes étaient à leur apogée, les juristes ont discuté de l’origine de la peste et de l’attitude du croyant face à elle. Les arguments, contradictoires, étaient tirés de la chari’a mais aussi d’observations venant des sciences profanes, pour savoir si elle était contagieuse ou divine.

Mise à part l’intime conviction de médecins célèbres d’Andalousie (Ibn Khatib et Ibn Khatima, 1348), le caractère aléatoire de la transmission de la peste a fait souvent rejeter l’hypothèse de sa contagiosité. La peste a fini par acquérir une dimension de maladie héroïque et ses victimes étaient plus ou moins considérées comme des chahid, martyrs. Les hagiographes la mentionnent dans les causes de décès des gens célèbres. Les traductions d’ouvrages d’historiens arabo-musulmans (Ibn Khaldun historien et philosophe tunisien), Ibn Battuta (géographe et voyageur marocain), Ibn Khatib Ibn Khatima (medecin Grenadin) ont été à la base des reconstitutions médico-historiques effectuées par les médecins de la colonisation qui sont restées jusqu’à aujourd’hui la principale référence des études contemporaines.

Pendant deux étés successifs, la ville de Malaga eut à souffrir, à tel point que les contemporains ont avancé le chiffre de dix mille morts, tout en soulignant que la virulence du mal y fut moindre qu'à Seville. Le nombre des décès à Malaga fut plus important et il fut nécessaire de faire appel à des colonisateurs pour repeupler la région. Par contre, la région d'Alméria semble avoir été épargnée, Des hôpitaux furent improvisés, et les vêtements des malades brûlés quotidiennement, mais en dépit de tous les moyens mis en oeuvre le nombre des morts s'éleva à vingt mille. L'épidémie fut limitée à un territoire très restreint, correspondant à la partie basse de l'andalousie; Dix ans plus tard, la peste s'empara de Valence et, de là, gagna le royaume de Grenade...