mercredi 11 février 2015



CONVERSION DES MOSQUEES ET DES EGLISES
Dès qu'on parle sur l'héritage perdu des musulmans en andalousie, des accusations directes arrivent sur le phénomène de conversion des édifices religieux en comparaison avec ce qui a été fait après l'indépendance de l'Algérie par exemple.
REFLEXION...
Si vous lisez les études qui ont été publiées sur le sujet en question, vous allez vite conclure qu'elles n'ont été menées que d'un point de vu "esthétique". En effet, les auteurs n'ont cherché qu'à déterminer ce qui dans l'architecture appartenanait à telle ou telle civilisation. Evidemment, la conversion des lieux de culte apparaît comme la conséquence d'une victoire et naturellement les études de recherche ont proliferé principalement après l'expansion des royaumes chrétiens en Andalousie où beaucoup de mosquées ont disparu au cours des siècles. Ceci est vrai pour toute autre forme de colonisation comme nous allons le voir plus loin.
Tout d'abord j'aimerai souligner que la disparition de ces mosquées n'a été faite brutalement mais plutôt progressivement, étalée sur le temps et dans l'espace:
1- Juste après la conquête, on remarque la réutilisation et la transformation des mosquées en cathédrales et églises. Cette réutilisation est caractérisée par la "purification spirituelle" et la en suite la restauration de l'édifice.
2- Vient la partie la plus brutale de la métamorphose, il s'agit ici de la destruction des mosquées et le remplacement de ces dernières par l'érection de nouveaux batiments.
Ce jeu de miroir est aussi vrai pour les batiments religieux abandonnés par la colonisation Française notamment à Tlemcen, et vous pouvez extrapoler cet exemple sur les autres ville sans crainte de tomber sur l'exception qui confirme la règle. Si on regarde en profondeur, on arrive à constater que les transformations des lieux de culte traduit le rapport de force entre les communautés qui se construisent au même temps mais qui se convertissent au même temps. L'idéologie même de la reconquête en Espagne ou la colonisation en Algérie se développe principalement dans et par ces conversions.
Parlons des lieux de cultes de la communauté juive; la ville de Tlemcen fut habitée par une forte commuauté de juifs "Sefardim". On comptait à Tlemcen par exemple un nombre considérable de rabbins et on peut se demander oú sont passées leurs synagogues?. À Tlemcen par exemple, six synagogues purent être reconstruites entre 1790 et 1800, lorsque le bey Mohamed chassa les Espagnols de la ville et s’y installa, entouré de familles juives ramenées de Mascara. On peut citer la synagogue du Rab, la synagogue d'Ain El Hout, la synagogue de Bab El Hammam... À ce jour une seule à survécue, c'est celle qui se trouve au niveau du quartier juif (Derb El Y'houd) pas loin d'El Méchouar et reconvertie en salle de sport (karaté). Pour expliquer leur dispartition il faut remonter un peu plus en arrière dans l'histoire. L’occupation progressive du territoire algérien par la France à partir de 1830 modifie en quelques années le paysage des mosquées et des synagogues. En effet, la première action du Génie militaire a consisté à remodeler les villes conquises pour faciliter les manœuvres de l’armée ; c’est là l’origine des nombreuses « places d’armes » du pays et des « champs de manœuvre ». Bien plus, le percement de rues assez larges et rectilignes pour le passage des troupes a impliqué la destruction de très nombreux bâtiments, souvent même de quartiers entiers. Ni les mosquées ni les synagogues ne furent épargnées par ces démolitions massives. Comme nous l'avons vu ici sur le groupe, à Tlemcen, l’ampleur des destructions est saisissante.
Dès 1830, la législation a placé les biens religieux de l’Algérie sous la tutelle de l’État. Ces mesures, qui visaient les corporations musulmanes, n’ont pas été immédiatement appliquées aux synagogues. La question de la propriété se pose toutefois à partir du moment où des travaux sont entrepris : jusqu’en 1870, le budget de toute la colonie est détenu par le ministère de la Guerre, et l’administration militaire est tentée de considérer comme siens des bâtiments qu’elle a édifiés ou réparés. Un décret du Gouvernement général en date du 4 août 1861 permet la remise aux consistoires de la colonie de certains locaux, parmi lesquels des mosquées, des medersa et des synagogues. Cette mesure permet aux communautés de faire réparer des lieux de prière sans craindre de les voir réclamés par l’administration. À l’inverse, les biens dont la propriété n’a pas été clairement revendiquée risquent d’être « repris » par l’État. C’est ainsi qu’en 1884 les biens de la communauté israélite de Tlemcen sont placés sous séquestre, alors que les Juifs jouissent de plusieurs d’entre eux dès avant la conquête française.
L'histoire le prouve, les rites de conversion sont bien connus chez les chrétiens et le sont beaucoup moins du côté musulman. Alors pourquoi certains édifices religieux existent toujours??? Nous pouvons dire alors que les diverses phases de reconversion-destruction n'étaient pas élatoires et portent en elles-mêmes ce qu'on peut appeler: "LA MEMOIRE ET L'OUBLI" qui font partie du procéssus de la formation et la reconstituation d'une identité. Ainsi, le choix de la conversion ou la réutilisation d'un édifice religieux après purification ou/et restauration plutôt que de le détruire et en construire un neuf est très révélateur de la relation à l'autre.


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