lundi 9 février 2015

TOUR DU PROPRIO...SOYEZ LA BIENVENUE
La maison tlemcenienne musulmane resta une demeure à patio, dérivée de la maison Andalouse. Les cours de grandes dimensions (plus ou moins) furent toujours bordées de colonnades. Même dans des maisons plus modestes, deux des côtés du patio étaient occupés par des galeries sur colonnes. J'aimerai dire qu'il est souvent difficile de faire le départ entre les caractères communs des arts de Tlemcen et les traits proprement Andalous. Mais il est des formes et des tendances qui ne peuvent s'expliquer que par la persistance et parfois la reviviscence des traditions locales.
La maison tlemcenienne est ce que l'on a appelé la maison arabe ou maison maurèsque. De forme carrée ou rectangulaire, la maison est extérieurement très simple : quatre murs, plus ou moins plans ou de forme bombée, forment les quatre faces et sont blanchis à la chaux. On ne voit pas de fenêtres donnant sur l'extérieur ; s'il y en a de très rares, ce sont de simples lucarnes percées le plus haut possible, pour éviter que les regards indiscrets des passants vinssent fouiller l'intérieur. Une large porte en bois, parfois surmontée d'un auvent et de consolettes d'un gracieux effet, ferme l'entrée de la maison. Un couloir, coudé à angle droit, donne accès de la porte d'entrée dans une cour intérieure, de sorte que si la porte est ouverte, le passant ne peut voir dans la cour. A droite et à gauche, dans le couloir, sont des bancs de pierre, taillés dans la muraille, sur lesquels le visiteur s'assied, en attendant que le maître de la maison fasse le chemin, «يدير الطريق », c'est-à-dire le temps qu'il fasse disparaître de la cour les femmes qui pouvaient s'y trouver ; car aucun étranger, même ami de la famille, n'a le droit de voir les femmes ; cette règle est strictement observée à Tlemcen.
Les chambres donnent sur les quatre faces de la cour intérieure carrée ou rectangulaire, généralement ombragée par un arbre fruitier ou des ceps de vigne formant tonnelle. Dans la cour se trouve d'ordinaire un puits ou une pompe sur les côtés, ou bien c'est au milieu, un jet d'eau qui retombe dans une vasque de marbre.
La façade des chambres du côté de la cour intérieure est percée de portes et de fenêtres pour permettre à l'air et à la lumière de pénétrer. Pour se chauffer pendant la rigueur de l'hiver les tlemceniens utilisaient le brasero (مجمر) placé au milieu de la pièce. Les intérieurs des maisons des tlemceniens aisés sont assez richement meublés. Dans les chambres, des tapis de laine, des matelas étendus par terre, des couvertures, des étoffes aux brillantes couleurs, recouvrent le sol et les murs décorés de mosaïques. Des armoires à glace, des lits de fer, de grands buffets, des chaises jurent à côté des nattes et des petits matelas, des grands coffres en bois ouvragé et peint, des tables basses (ميدة et طيفور) et des théières (البرّاد) sur de grands plateaux en cuivre, des étagères en bois peint, des cadres ouvragés renfermant des versets du Coran. Un double rideau plus ou moins riche sert de portière aux chambres des femmes et masque au regard l'intérieur de la pièce. La cuisine se fait généralement dans la cour ou sous le péristyle ; mais, dans beaucoup de maisons tlemceniennes, une petite pièce sert de cuisine ; elle est uniquement meublée de casseroles en terre ou en fer et de quelques fourneaux portatifs en terre, brasero-kanoun (بو جوال). Les latrines, ménagées dans presque toutes les maisons dans un coin de la cour sont souvent dans le voisinage du puits.


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