CAPITULATION ADRESSÉE PAR LE COMTE D’ALCAUDÈTE AU
ROI DE TLEMCEN POUR TRAITER DE LA PAIX QUE CE PRINCE
AVAIT DEMANDÉ A CONCLURE (Partie 2)
ROI DE TLEMCEN POUR TRAITER DE LA PAIX QUE CE PRINCE
AVAIT DEMANDÉ A CONCLURE (Partie 2)
13 Septembre 1535...
Lorsque je voudrai envoyer à Sa Majesté des ambassadeurs ou d’autres personnes, avec ou sans présents, pour me plaindre de quelque tort qui m’aura été fait, à moi ou à mes vassaux, ou pour quelque autre motif que ce soit, le capitaine général de Sa Majesté ou son lieutenant ne pourra pas s’opposer au départ des dits ambassadeurs ou envoyés et de toutes personnes qui les accompagneront. Il devra même leur fournir un navire à juste prix pour se rendre en Espagne. Il est d’ailleurs bien entendu que, si les dits ambassadeurs emportent avec eux des marchandises, ils paieront les droits accoutumés. On ne pourra pas contraindre mes sujets, Maures ou Juifs, de se faire chrétiens. Ils vivront librement, selon leurs lois, dans leurs maisons et propriétés, et pourront faire le commerce dans tous les royaumes et avec tous les sujets de Sa Majesté, en se conformant aux lois des dits royaumes.
Sa Majesté prend l’engagement de me considérer comme ami, allié, confédéré et tributaire, et, si j’exécute et accomplis loyalement tout ce qui est stipulé dans le présent traité, à me garder bonne foi et amitié, à moi et à mes vassaux, tant sur mer que sur terre. Le présent traité de paix et d’alliance durera cinq années, qui commenceront du jour qu’il aura été proclamé dans la ville d’Oran. Selon le bon vouloir de l’Empereur, la durée de la dite paix pourra être prolongée ou réduite ; mais, dans ce dernier cas, si Sa Majesté veut rompre la paix avant que les cinq ans soient expirés, il me sera accordé six mois de reste ainsi qu’à mon royaume pendant lesquels je n’aurai rien à payer, Si, au contraire, la paix se prolonge au-delà du terme fixé, les six mois de trêve en feront partie, et je serai tenu de payer le tribut pour le même temps.
Je m’engage à payer et à donner à l’Empereur, que je reconnais comme mon suzerain, ou à la personne désignée par lui, quatre mille doblas, chaque année, en bon or et de poids juste, au litre de dix-sept carats, lesquelles je m’oblige à verser dans la ville d’Oran, par tiers, tous les quatre mois, à partir du jour que le dit traité de paix, ratifié par l’Empereur, aura été proclamé dans la dite ville. Je promets, en outre, de faire hommage au dit seigneur Empereur, chaque année, de deux chevaux, tels qu’entre souverains on doit se les donner (quales se deven dar entre reyes), et de douze faucons crécerelles, sous la condition que Sa Majesté m’accordera le revenu libre de la porte de Tlemcen, de la même manière qu’en jouissaient mon père et mon aïeul, et que les fermiers de la dite porte s’obligeront, en donnant caution suffisante, à payer les quatre mille doblas soit en argent, soit en approvisionnements, ainsi que cela se fait pour les rentes royales.
Le dernier traité conclu par l’Empereur avec mon père, le roi de Tlemcen, portait qu’en cas de nécessité, Sa Majesté lui accorderait, s’il les demandait, cinq cents hommes pour la défense de son royaume. Dans le cas où j’aurais le même besoin de gens de guerre, je supplie Sa Majesté de mettre à ma disposition les dits cinq cents hommes. Je prends, d’ailleurs, l’engagement de payer leur solde, du jour où ils quitteront la Castille pour s’embarquer, et de rembourser toutes les autres dépenses qui seront faites. En garantie de ma parole, je livrerai les otages qui seront
exigés par le capitaine-général de Sa Majesté ou son lieutenant. Si la dite troupe que je demande n’était point prête à venir de Castille, je prie Sa Majesté, en raison de la nécessité dans laquelle je me trouverai, d’ordonner au capitaine-général d’Oran de me donner, sous les mêmes conditions, trois cents hommes de ceux qui tiennent garnison dans la dite place.
exigés par le capitaine-général de Sa Majesté ou son lieutenant. Si la dite troupe que je demande n’était point prête à venir de Castille, je prie Sa Majesté, en raison de la nécessité dans laquelle je me trouverai, d’ordonner au capitaine-général d’Oran de me donner, sous les mêmes conditions, trois cents hommes de ceux qui tiennent garnison dans la dite place.
Il arrive fréquemment que des Maures ou Juifs, habitants de Tlemcen, viennent à Oran pour commercer avec les marchands de cette ville, souscrivent des billets payables à leur retour, puis s’éloignent et ne reparaissent plus ; je m’engage à payer aux dits marchands ou à toute autre personne, authentiquement autorisée par eux, les sommes qui leur seront dues. De même, tout marchand de la dite ville d’Oran qui se trouvera débiteur de quelque Maure ou Juif de Tlemcen, devra être mis en demeure de payer ce qu’il doit.
Dans le cas ou Ben-Redouan viendrait à Oran avec son petit-fils. Moulay Abd-Allah, le capitaine-général de Sa Majesté prendra les mesures nécessaires pour qu’ils soient retenus dans la dite place, pendant tout le temps que durera la paix, ainsi qu’il importe au service de Sa Majesté, et, comme il fut fait autrefois sous le règne du roi mon père, lorsque le roi de Ténès se retira dans la même ville.
Les stipulations contenues dans le présent traité et relatives aux Arabes, seront portées à la connaissance de mes sujets du royaume de Tlemcen, qui se sont révoltés contre moi, et ont embrassé le parti de Mouleï Abd-Allah, mon frère, et celui de Bou-Redouan, aient du dit Mouleï Abd-Allah. Je promets de bien traiter ceux qui se conformeront aux dites stipulations et de les reprendre à mon service ; mais les autres, ceux qui refuseront de se soumettre, ne devront pas être reçus dans la ville d’Oran ou sur son territoire, et Sa Majesté devra les considérer comme ennemis. Pour l’accomplissement de tout ce qui est dit et contenu dans la présente capitulation, j’engage ma parole royale que, du moment qu’elle aura été ratifiée par l’Empereur, j’observerai et ferai observer tout ce que je m’oblige à faire pour le service de Sa Majesté et dans l’intérêt de la ville d’Oran. Et afin que la chose soit notoire à Sa Majesté, ainsi qu’à tous, signé la dite capitulation de ma main et de mon nom, et fait apposer au bas d’icelle le sceau de mes armes.
Fait dans la ville deTlemcen, le…………..
Le Comte D’ALCAUDÈTE.
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