jeudi 19 janvier 2017

Les tissus Andalous, symbôles de puissance sans bornes.
Comme l'a rapporté El Maqqari El Tlemceni, المقرّي التلمساني, en Andalousie de nombreuse étoffes ont été réalisées dans le but premier de louer la grandeur du souverain. Cette valorisation se traduit tout d'abord par la confection de somptueux vêtements que portera le souverain (comme par exemple le turban de Hichem II, ici sur la photo), sa cour et son entourage proche. Des distributions de vêtements étaient organisées : « Tous les serviteurs, de quelques rangs qu'ils fussent recevaient des vêtements pour eux, leurs femmes et leurs enfants, depuis le turban jusqu'au caleçon ».
L'historien Taquiedine El Makrîzî, تقي الدين المقريزي rapporte que le calife omeyyade Hichem II avait choisi tant de vêtements personnels et d'ornements pour effectuer son pèlerinage à la Mekke « qu'il fallut 700 chameaux pour transporter ceux qu'il avait choisit. Cette charge était composée des habits qu'il revêtait, mais combien y en avait-il qu'il ne portait pas !
El Maqqari El Tlemceni, rapporte aussi qu'« à la fin du Xe siècle, El Hadjib El-Mansour fit distribuer, en une seule campagne, 2280 pièces d'étoffes marquées de son nom ». Ces étoffes somptueuses étaient déployées et exposées lors des fêtes et cérémonies. Un auteur andalusi raconte que le calife Abd El Rahman III « fit étendre des nattes depuis la porte de Cordoue jusqu'à la porte d'El Madînat El Zahrâ sur une distance d'une parasange (soit 6 km 400) ». Lors de ces réceptions diplomatiques, les étoffes pouvaient également être offertes aux princes ou vassaux étrangers, elles pouvaient aussi leur être envoyées comme présents. Le sultan ou souverain en faisait don aux personnes qu'il estimait dignes.
Ces étoffes somptueuses revêtaient un pouvoir symbolique extrêmement fort, elles faisaient partie intégrante de la politique du souverain et de l'image qu'il souhaitait laisser paraître. On raconte ainsi qu'un sultan charmé par la performance d'un de ses musiciens qu'il entendait pour la première fois lui offrit une somptueuse tunique pour le remercier de son art. Le lendemain, le charme disparut. Regrettant alors son présent et ne pouvant supporter l'offense qui lui était faite à la vue de ce musicien revêtu d'une étoffe royale, le sultan décida d'empêcher l'artiste de porter cette tunique. Le jour même, lors du dîner, le sultan renversa « accidentellement » son met sur la tunique du musicien. L'étoffe était si précieuse qu'elle ne pouvait être lavée. Ainsi l'offense était réparée, le musicien ne put plus jamais porter ce riche vêtement. Ces étoffes participent à la mise en valeur du souverain à travers leur richesse, leur qualité et le savoir-faire des artisans au même titre que l'architecture se plie au service d'une certaine propagande du pouvoir. Elles symbolisent le pouvoir en place. Le palais et son Dâr Al Tirâz, دار الطّراز (atelier palatial) constituent ainsi un important centre de production textile.


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