vendredi 17 juin 2016

Pr. FEKAR (FEKKAR-FEKHAR) BENALI, TLEMCEN 1872-1942
Originaire d’une famille de lettrés et d’artisans potiers de Tlemcen, formé par Décieux à l’école arabe-française de Tlemcen (l'école El Abily aujourd'hui), Benali Fekar, comme son frère aîné Larbi (Tlemcen, 1869-1932), poursuit ses études à l’école normale de la Bouzaréa. Alors que Larbi, qui épouse une fille du colonel Ben Daoud, exerce comme instituteur à Tlemcen puis à Aïn Temouchent et accède à la citoyenneté française, Benali, qui perd sa jeune épouse peu après leur mariage, n’enseigne que quelques années à Tlemcen (école Duffau -Ibn Merzouk aujourd'hui, à partir de 1898). Après avoir préparé avec succès le diplôme supérieur d’arabe de l’école supérieure des Lettres d’Alger (1900), il part pour Lyon où, parallèlement à ses études de droit, il enseigne à partir d’octobre 1901 l’arabe dans le cadre de l’enseignement colonial institué en 1899 par la chambre de commerce.
Il ne rompt pas pour autant avec l’Algérie. Il collabore à Al-Miṣbāḥ [La Lanterne], hebdomadaire bilingue fondé à Oran par son frère Larbi en juin 1904 qui, sous la devise « Pour la France par les arabes ; Pour les arabes par la France », veut favoriser une instruction arabe et française, développer une opinion publique musulmane, et affirme sa foi en l’avenir d’un islam libéral. Benali prend part aussi à L’Islam que fait paraître, à Bône puis à Alger, Sadek Denden entre 1909 et 1914. Licencié en droit en 1904, il soutient successivement un doctorat en sciences politiques et économiques (1908) puis en sciences juridiques (1910). Sa première thèse, sur L’Usure en droit musulman et ses conséquences pratiques (Lyon, A. Rey, 1908), appelle à débarrasser l’islam « des bandelettes dont l’ont enserré les docteurs au zèle intempéré (sic) ». Dédiée à Édouard Aynard, président d’honneur de la chambre de commerce, annoncée par la Revue du monde musulman, elle sera utilisée et citée par Maxime Rodinson dans son Islam et capitalisme (1966). Elle ouvre à Fekar la possibilité d’être employé comme lecteur par Édouard Lambert pour le séminaire oriental d’études juridiques et sociales qu’il fonde alors à Lyon.
La seconde thèse sur La Commande (El-Qirâd) en droit musulman (Paris, A. Rousseau, 1910) conclut « que les gouvernements jeunes musulmans de Turquie, de Perse, d’Égypte, etc., adopteront […] les dispositions des Codes de commerce des États occidentaux, sans soulever aucune objection de la part de leurs ressortissants ». Seul Algérien parmi les douze musulmans qui participent au congrès colonial dit de l’Afrique du Nord réuni à Paris à l’initiative de l’Union coloniale en octobre 1908, il est partisan d’une conscription des musulmans d’Algérie à condition qu’elle s’accompagne d’une meilleure représentation politique et de mesures assurant leur promotion socio-économique. En 1909, il dessine un tableau de leur représentation politique ainsi que de la société musulmane de Tlemcen dans la Revue du monde musulman. La même année, il expose dans les colonnes du Petit Journal ses arguments en faveur de l’application à l’islam de la loi de séparation des cultes et de l’État.
Il s’y fait ensuite l’écho des réactions suscitées par l’« impolitique » décret sur la conscription des indigènes et en particulier du mouvement d’« exode » vers la Syrie ottomane (1912) – trouvant aussi une tribune dans Lyon colonial, organe de l’Association des anciens élèves de l'enseignement colonial de la Chambre de commerce de Lyon. Il collabore par ailleurs à La France islamique. Organe hebdomadaire des intérêts franco-indigènes dans l’Afrique du Nord (1913-1914) avec Ismaël Hamet et les convertis Étienne Dinet et Christian Cherfils.
Il est aussi l’auteur de Leçons d’arabe dialectal marocain, algérien (1913) – plus exactement des parlers de Tanger et de Tlemcen – où il adapte les travaux savants de Maurice Gaudefroy-Demombynes et de William Marçais à l’usage de ses élèves lyonnais, avec la collaboration d’Élisée Bourde, professeur à l’école des beaux-arts de Lyon, pour ses planches illustrées relatives à la vie arabe – Élisée est le frère aîné de Paul Bourde, journaliste au Temps et administrateur colonial libéral.
Après s’être inscrit au barreau de Lyon, Benali semble avoir regagné l’Algérie vers 1920 : en 1921, c’est à nouveau un Tlemcénien, Abdallah Mansouri, qui enseigne l’arabe à l’école de commerce. En 1930, Benali Fekar est avocat à Tlemcen où, élu au conseil municipal (1932), il continue à défendre une politique réformiste (il figure entre 1934 et 1939 parmi les abonnés de La Défense, l’hebdomadaire réformiste musulman de Lamine Lamoudi).




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