PALAIS ROYAL DU CALIFE ABDEL RAHMAN III DÉCRIT PAR EL MAQQARI TLEMCENI
Voici comment El Maqqari Tlemceni a décrit de l'Alcazar (château royal) d'Al Madina Zahra que le Calife Abdel Rahman III avait construit : « Palais grand et merveilleux, élevé en 956, au centre même de la ville de Zahra, et entouré de jardins magnifiques arrosés par les eaux du Guadalquivir. Quatre mille trois cents colonnes de marbres précieux et d'un travail achevé décoraient l'édifice ; les salles étaient pavées de pièces de marbre taillées avec art, et offrant mille dessiné variés; les parois de ces salles étaient également recouvertes de marbre, et ornées de frises aux couleurs éclatantes ; les plafonds, peints en or et azur, offraient d'élégants ouvrages en damasquinure (atauxias), ornés d'entrelacs; les poutres et caissons, en bois de cèdre (alerce), étaient d'un travail délicat et d'un fini précieux. Dans quelques-unes de ces salles, onvoyait d'admirables fontaines d'une eau vive et transparente, retombant dans des bassins de marbre aux formes élégantes et variées.
Dans la salle appelée du Khalife, se trouvait cette fontaine en jaspe ornée d'un cygne d'or, travail admirable exécuté à Constantinople; au-dessus était suspendue au plafond la fameuse perle qu'Abdel Rahman avait reçue en présent de l'Empereur Grec. Près de l'Alcazar étaient les grands jardins, offrant à la fois des vergers d'arbres fruitiers et des bosquets de myrtes et de lauriers, entourés de pièces d'eau sinueuses. Au centre de ces jardins s'élevait, sur une hauteur, le pavillon du Khalife, supporté par des colonnes en marbre blanc, dont les chapiteaux étaient dorés; c'était au milieu de ce pavillon qu'on voyait, dit-on, cette grande vasque de porphyre, rem« plie de vif-argent, qui, par un mécanisme ingénieux, jaillis sait continuellement, reflétant d'une manière éblouissante l'éclat des rayons du soleil. On rencontrait aussi, dans ces jardins délicieux, des bains avec leurs réservoirs en marbre, avec leurs tapis et leurs étoffes tissus d'or et de soie, sur les« quels on voyait représentés des fleurs, des forêts et des animaux, ouvrage tellement merveilleux, que ces objets sem« blaient naturels, etc
Le marbre blanc venait d'Alméria; le rose et le vert, de Carfhage et de Tunis ; la fontaine, ciselée et dorée, avait été « faite en Syrie, d'autres disent à Constantinople; on y voyait sculptées des figures humaines ; apportée par le Grec Ahmad, le Khalife y fit placer douze figures d'animaux en or et en pierres précieuses, exécutées à la manufacture Royale de Cordoue, et l'eau s'échappait continuellement par leurs bouches. La salle du Khalife avait un plafond d'or formé de morceaux transparents de marbre de diverses couleurs, et les murailles offraient la même décoration; au milieu était ce grand bassin de marbre rempli de vif-argent, et sur chaque côté se trouvaient huit portes offrant des arcs d'ivoire et d'ébène, ornés d'or et de pierres précieuses, et supportés par des coït lonnes de marbres variés et de cristal pur.
Ibn Hayan raconte que ce palais renfermait quatre mille trois cent douze colonnes de diverses proportions ; mille treize venaient d'Afrique, dix-neuf de la ville de Rome, et l'Empereur de Constantinople en avait offert cent quarante en présent à Abdel Rahman; le reste venait de diverses contrées de l'Espagne, de Tarragone et d'autres lieux. Toutes les portes étaient en fer, ou bien en cuivre argenté ou doré. Pour élever ce palais, commencé en 936, Abdel Rahman avait réuni les plus habiles architectes de Bagdad, de Constantinople et d'autres lieux; dix mille ouvriers y travaillaient chaque jour; mille quatre cents mulets et mille animaux de trait transportaient les matériaux. Onze cents charges de terre et de plâtre étaient apportées tous les trois jours, et le nombre des pierres taillées, employées chaque jour, était de six mille, sans compter celles qui servaient à paver les salles, celles qui n'étaient pas taillées, et les briques. L'architecte qui présida « à cette construction s'appelait Abdoullah ben Younas ; d'autres lui donnent le nom de Muslimatou ben Abd Allah.
Sur la porte de ce palais de Zahra, dont la longueur, de l'Est à l'Ouest, était de deux mille sept cents coudées, et la « largeur de quinze cents, Abdérame fit placer la statue de sa maîtresse Azzahra, qui avait donné son nom au palais même. Mais cet édifice merveilleux exista bien peu de temps; on com« mença sous Hescham à le démolir, vers 1008, lors de la prise « de Cordoue par Mohammed Almoubdy. Dans ce palais de Zahra se trouvait une mosquée, élevée dans l'espace de quarante-huit jours seulement, et cependant elle était parfaite dans sa construction; mille ouvriers y travaillaient chaque jour, trois cents étaient maçons, deux cents charpentiers, et les cinq cents autres mécaniciens et de spécialités diverses. L'édifice avait cinq nefs, celle du centre plus large que les autres; la longueur totale, de la Kiblah à la « partie opposée, était de quatre-vingt-dix-sept coudées, et la largeur, de l'Est à l'Ouest, de quarante-neuf. Le jour où fut achevée cette construction, le 23 Chaaban 529 (25 Mai 941), Annasir Abdel Rahman fit exécuter une chaire d'un dessin et d'une beauté extraordinaires, et, autour, une Maqsourah spacieuse et d'un prodigieux travail...»
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