dimanche 17 janvier 2021

Christianisme et anciennes églises de Tlemcen

 Lorsqu'on parle de tolérence et liberté de culte, immédiatement le modèle andalous frappe les l'esprits et on oublie qu'à Tlemcen aussi "un art de vivre" était fortement pratiqué et largement inspiré de l'Andalousie musulmane. La tolérence à Tlemcen demeure encore ignorée, méconnue voire non-reconnue par les historiens. Contrairement à ce qu'on peut penser, la cité Zianide n'était pas un espace clos, bien au contraire plusieurs peuples se sont réfugiés derrière ses murs depuis Pomaria, par exemple les chrétiens et les juifs qui vivaient sur son sol dominé par les musulmans, pratiquaient librement leurs religions et conservaient leurs traditions.

Avant d'être musulmane, l'antique Tlemcen "Pomaria" était chrétienne qui dépendait naturellement des rapports spirituels et religieux de Rome. Ainsi Pomaria (Tlemcen la Romaine qui veut dire les vergers) était devenue un camp militaire important qui jouissait des prérogatives attachées à son titre de colonie romaine. Le premier évêque de Tlemcen s'appelait "Victor", les références historiques mentionnent qu'en 411 il assista au concile de Carthage. Le dernier connu à ce jour était nommé Honoratus qui en 484 fut condamné à l'exil car il a refusé d'embrasser la foi des Ariens, آريوسيين en arabe. Plus tard, le géographe andalous, أبو عبيد البكري Abou Oubayd El Bakri, (1030-1090) confirme que Tlemcen était une ville peuplée de chrétiens et des églises existaient destinées au culte du christianisme: وبها آثار عادية و كنائس حتى الآن معمورة, "cette ville renferme des ruines de monuments antiques ey l'on y voit de nos jours des églises entreneues par les chrétiens".

À Tlemcen, on ne sait pas qu'à t-il arrivé aux églises chrétiennes au cours de siècles? Nous savons simplement que le quartier commerciale d'Al Quissaria habritait plusieurs d'entre elles, aussi des caravansérails pour accueillir les Chrétiens commerçants venus de l'Andalousie, Marseille, Génoa, Venise...et une administration qui régulait leurs transactions et qui assurait le payement des taxes au service des douanes des sultans Zianides. Comme nous l'avon vu précédemment, la colonisaton française avait fixé plusieurs églises et temples à Tlemcen. Le temple des protestants était une paroisse créée en 1862 qui après l'indépendance, le temple deviendra bâtiment communal et sera affecté aux cultes chrétiens (catholique et protestant) aujourd'hui il héberge une école destinée aux enfants qui souffrent d'un handicap. Ce temple (école) se trouve juste à côté de l'ancien tribunal au centre ville de Tlemcen.

Avant ce temple, L’église paroissiale de Saint-Michel, sur la place Cavaignac (en face la grande poste), a été construite en 1855, en style romano-byzantin, par l’architecte Lefèvre. La vasque en porphyre vert et le dallage en onyx des fonts baptismaux, proviennent de la mosquée de Mansourah; les colonnes de la grande nef sont en pierre de taille bleue polie du pays d’un très bel effet architectural. La chaire à prêcher, en pierre de taille blanche d’0ran, découpée a jour et finement sculptée, est aussi fort belle. Cette église a subi plusieurs conversions après l'indépendance et aujourd'hui elle avrite une bibliothèque-salle de lecture.

Mais La première église consacrée au culte catholique à Tlemcen était située sur l’avenue de Méchouar, au fond des allées du côté ouest. On y pénètrait en descendant trois marches, le sol de cet édifice étant plus bas que le niveau de l’esplanade. C’est une salle rectangulaire, de 20 mètres de long sur 10 de large, ayant trois nefs séparées longitudinalement par deux rangs d’arceaux. Petite et étroite, elle avait plutôt l’apparence d'une chapelle que l’aspect d’une église. Elle n‘avait ni fenêtres, ni vitraux , écrivait l’abbé Bargès en 1846, et le jour lui arrivait obliquement par une ouverture pratiquée à la naissance de la voûte. L’autel était dressé dans le fond du temple sur la nef centrale et en face de la porte, dans une niche qui rappelait le mihrab des mosquées. A droite de l’autel s’ouvrait une porte conduisant à la sacristie. « Là, nous trouvâmes une grande statue en terre cuite qui, par son attitude grave et menaçante, semblait avoir été placée en cet endroit pour faire la garde des trésors du temple. C'est dans ce modeste sanctuaire que nous célébrionsle service divin. N’ayant ni suisse, ni bedeau, ni sacristain, le curé remplissait lui-même ces diverses fonctions, sonnait la cloche et préparait les ornements sacrés; à défaut d’enfant de choeur, nous nous servions l’un l’autre à l’autel. Le dimanche, la garnison, ayant en tête l’état-major de la place, venait assister à l’office, pendant lequel on exécutait des symphonies en l’honneur de Notre-Dame de la Victoire. »





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