lundi 11 janvier 2016

L'EXILÉ DE DAMAS
Un chroniqueur arabe nous décrit les alés de l'arrivée de notre exilé:
"Béni soit le seigneur entre les mains de ceux qui sont les empires qui donnent les royaumes, le pouvoir et la grandeur à qui il veut et ôte les royaumes, le pouvoir de la grandeur à qui il veut! Allah Akbar! ton règne seul est éternel et sans vicissitude et toi seul es puissant sur toutes choses. Il est écrit sur la table secrète des éternels décrets que malgrè les Beni El Abass (Les Abassides) et malgré leur désire de détruire entièrement la famille des Béni Omeyah déjà dépouillée du Khalifat et de la souverainté de l'empire musulman, néanmoins il devait se conserver une branche féconde de cet illustre tronc pour s'élever glorieusement en occident et y couvrir de son ombre un florissant empire"
Arpès les guerres civiles, la face des choses allait changer profondément en Espagne, par l'établissement d'une nouvelle dynastie. Après le triomphe des Abbassides en Orient, les membres et les partisans de la famille omeyade qui avaient échappé à la mort dans les combats furent recherchés avec le plus grand soin et impitoyablement massacrés. L'un d'eux, nommé Abdel Rahman, fils de Mouawia Ibn Hicham, parvint cependant à échapper à ses ennemis et à passer en Afrique, accompagné d'un affranchi du nom de Bedr (750). Après avoir séjourné quelque temps, caché dans une localité du pays de Barka (Libye), il profita de la déclaration d'indépendance d'Abdel Rahman Ibn Habib pour se rendre en Ifrikiya, puisque l'autorité abbasside n'y était pas reconnue. Il fut probablement reçu à la cour de ce prince, mais la conspiration des réfugiés omeyades ayant alors provoqué des mesures de rigueur contre les partisans de cette dynastie, Abdel Rahman fut encore obligé de fuir. Il gagna les régions de l'ouest et séjourna à Tiharet (Tiaret), puis chez les Amazighes de Maghila; il erra ainsi pendant cinq années et se fit des amis parmi les tribus zenètes. Ces Amazighes étaient en relation avec leurs compatriotes d'Espagne et, par eux, Abdel Rahman fut mis au courant des événements dont cette contrée était le théâtre. La dynastie omeyade y avait de nombreux partisans qui s'empressèrent d'appeler chez eux le descendant de leurs princes. Après avoir fail sonder le terrain et même envoyé à Youçof El Fihri le gouverneur de l'andalousie des propositions qui furent repoussées, Abdel Rahman se décida à passer en Espagne. Il s'embarqua seul sur un bateau envoyé par ses partisans de la péninsule. Ce fut d'un point du littoral de la province d'Oran-Tlemcen, occupé par la tribu des Maghila, qu'il mit à la voile.
Dans le mois de septembre 755, Abdel Rahman agé seulement de 25ans débarqua à Almunecar, المنكب une ville à égale distance de Grenade et de Malaga (72km). Youçof revenait alors d'une expédition à Saragosse, expédition dans laquelle il avait commis de grandes cruautés. Les deux armées d'Abdel Rahman et Youçof El Fihri se rencontrèrent sur les bords du Guadalquivir et, séparées par ce fleuve grossi par les pluies, tâchèrent l'une et l'autre de gagner Cordoue; enfin, le 14 mai, les eaux ayant baissé, Abdel Rahman fit passer le fleuve à ses troupes sans être inquiété par Youçof, avec lequel il avait entamé des négociations. Le lendemain, le prétendant disposa ses troupes pour la bataille, et Youçof essaya bravement de lui tenir tête mais la victoire se décida bientôt pour Abdel Rahman. Youçof échappait par la fuite, tandis que le prétendant entrait en triomphateur à Cordoue. Il montra une grande modération dans le succès. Ainsi se trouva fondée la dynastie des Ornéïades d'Espagne qui devait briller d'un grand éclat dans le moyen âge barbare. Cette province était à jamais perdue pour le khalifat.
Ainsi, Abdel Rahman resta seul maître du pouvoir et s'appliqua à faire cesser l'anarchie, rude tache dans un pays où les Musulmans étaient divisés par des haines traditionnelles et des rivalités de race et d'intérêt. Les Yéménites, auxquels il devait son succès, essayèrent alors de reprendre la suprématie, et il dut résister à leurs exigences, en attendant qu'il eût à combattre leurs révoltes. Abdel Rahman surnommé le Foucon de Koraich est certainement un des émirs d'Andalus les plus charismatiques, il mourrut en 788 après 33ans de règne en andalousie, un règne long et prospère. Le jeune prince avait une réputation de grand bâtisseur : mosquées, palais, remparts, irrigations. Il portait un grand intérêt à l’art architectural, dans lequel il sublimait sa nostalgie de la Syrie natale. Ses palais n’avaient rien à envier aux fastes du califat de Damas, c'est lui qui introduisa le palmier en Andalousie. Il fit de Cordoue la capitale politique, économique et intellectuelle de l’Andalousie. Aujourd'hui on peut considerer un Exilé comme une personne qui sert son pays en résidant à l'étranger, sans être pour autant ambassadeur, l'Émir Abdel Rahman était un ambassadeur au service de toute une nation.



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