"Le savoir acquis dans un pays étranger peut être une patrie et l’ignorance peut être un exil vécu dans son propre pays" (Ibn Rushd1126 Cordoue-1198 Marrakech)
Aujourd'hui, pour le citoyen moyen qui regarde la télévision, lit les journaux et/ou écoute la radio, la question de l'existence, passée ou future, d'un islam des Lumières, d'une religion musulmane éclairée, se pose avec acuité. La réponse à cette question brûlante est nécessaire, voire urgente, si l'on veut barrer la route à la diffusion de rumeurs qui déclarent cette religion ennemie de la paix et incompatible avec une spéculation philosophique normale.
Ibn Rushd, Averroès de son nom latin et disciple d'Aristote, reste l'incarnation même de l'esprit philosophique en islam. Mort en 1198, il prolongea toute une lignée de falasifa, c'est-à-dire d'authentiques penseurs rationalistes qui assurèrent le développement d'un legs spirituel gréco-musulman. Voici une citation qui nous aide à bien comprendre l'intérêt majeur que la philosophie aristotélicienne, donc non-monothéiste et ignorant tout de la notion même de Révélation divine, revêtait aux yeux de ce philosophe arabo-andalou:
"Nous adressons des louanges sans fin à celui (Dieu) qui a distingué cet homme (Aristote) par la perfection et qui l'a placé seul au plus haut degré de la supériorité humaine, auquel aucun homme dans aucun siècle n'a pu arriver. C'est à lui que Dieu a fait allusion en disant: cette supériorité, Dieu l'accorde à qui il veut."
"Le savoir acquis dans un pays étranger peut être une patrie et l’ignorance peut être un exil vécu dans son propre pays"
L'intérêt d'Averroès pour la spéculation philosophique hellénique, donc païenne et polythéiste, ne s'est jamais démenti, même si ce grand inspirateur du legs intellectuel gréco-musulman a dû concilier deux impératifs contradictoires: la fidélité à une tradition religieuse révélée et un amour, parfois jugé immodéré ou déraisonnable, pour la philosophie d'Aristote. Pour Averroès, la philosophie a pour but l'étude de l'univers afin de parvenir à la connaissance de son créateur, Dieu:
« Si les paroles de Dieu sont vraies et si elles nous invitent au raisonnement philosophique qui conduit à la recherche de la vérité, il en résulte certainement pour l’homme de Foi que le raisonnement philosophique ne nous mène pas à une conclusion contraire à la vérité divine, car si l’une est vérité et l’autre vérité, la vérité ne peut contredire la vérité mais s’harmonise avec elle et témoigne en sa faveur».
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