Al KESWA EL KEBIRA AL ANDALOUSSIA (La Grande Robe Andalouse)
Le costume d'apparat ou Keswa el kbira, الكسوة الكبيرة (Grande Robe) ou traje de berberisca (costume barbaresque en espagnol) est sans doute le costume le plus réputé de la mode juive au Maghreb et en particulier au Maroc. À Tétouan, elle prend le nom de "Ropas de Pagno", et fait partie de la dot de la jeune mariée. Elle est typique pour les grandes villes du littoral car elle a suivit le déplacement des exilés juifs Andalous chassés par la reconquista à la fin du XVe et qui avaient trouvé asile au Maghreb (Maroc) auprès des Musulmans, à l'époque plus tolérants que les Chrétiens.
Généralement, El Keswa el Kbira ne change que par des détails d’une ville à l’autre. Seule la couleur et les ornementations varient. L’élément inséparable de la grande robe est la coiffe. Après l'expulsion des Juifs d'Andalousie, la fabrication des perles d'or et de la passementerie a été transférée dans les villes marocaines, en particulier à Fès. Cet artisanat, auquel participaient hommes et femmes a été éliminé par la fabrication industrielle dans les années 1930.
Historiquement cette robe a vu le jour en Andalousie musulmane, en effet, les couturiers et brodeurs juifs attachés à la cour d'Andalousie musulmane ont crée les robes de velours à l'origine de la grande robe. Mais c'est dans les mellahs des villes que se rencontrent les traditions propres aux Juifs chassés d'Espagne aux XVe et XVle. Ces Juifs appelés forasteros pour les différencier de ceux qui étaient de souche marocaine ancienne apportaient avec eux leur culture, leurs coutumes et leurs costumes et notamment El Keswa el Kbira.
La robe réalisée en velours et brodée de fils d’or appartenait de manière collective au patrimoine familial. Tout comme le Caftan, elle était revêtue au moment du mariage par les sœurs ou les belles-sœurs. Habituellement le mardi était consacré à la cérémonie du henné, poudre tinctoriale réputée porter bonheur, le mercredi étant réservé au jour du mariage. Certaines pièces du vêtement avaient conservé sans discontinuer depuis l’expulsion des XVe et XVIe siècles les noms d’origine espagnole.
El Keswa el Kbira, magnifique ensemble de velours, de soie et d' or, évoquant les fastes de l'opulente Andalouse. Certaines pièces devaient conserver les noms d'origine andalou-espagnole, telle la vaste jupe enveloppante ou zeltita, الجلطيطة (qui fait toujours partie du costume de fête dans certains endroits de la Castille) et le corselet Gombaz. Les manches de mousseline repliées sur les épaules, la perruque de cheveux de soie noire recouverte de la tiare de perles fines, la longue écharpe de soie lamée d'or, conféraient à l'ensemble une grande richesse.
La mariée trône sur le talamon « siège nuptial » (de l'espagnol-andalous tálamo, fauteuil) , maquillée, parfumée, parée d'or et de pierres précieuses, resplendissante dans son costume d'apparat, la grande et somptueuse tenue appelée al-keswa la-kbira dont les pièces sont les suivantes : guimpe en velours brodé d'or (ktef) , corsage en velours grenat ou vert, rehaussé de galons d'or et de boutons d'argent (Ghonbaj, غنباج) ; jupe de velours de la même couleur (Jeltita, Zeltita, الجلطيطة) , chargée de galons d'or et sous laquelle se cachent de nombreux jupons, (Sayat, سيات) ; ceinture large et raide de velours brodé d'or et de perles (Hzam ou Mdamna, الحزام، المضمْنة) ; babouches brodées d'or (Serbil, السربيل) amples manches en voile de soie brodée (Khmar et-Tesmira, خمار التسميرة ) ; coiffe en couronne chargée de perles, d'émeraudes, de rubis, de pièces d'or etc...(Khmar ou swalef, خمار، السوالف) ; longue écharpe en belle soie qui fixe les cheveux (Festul, فستول) ; foulard de soie blanc ou vert, (Sebniyya, السَبنية) que l'on recouvre d'un léger voile blanc (elbelo de l'espagnol velo) abaissé sur le visage. Les manches : (Kmam, الكْمام) en voile de soie, fixées sous les manches du corselet.
https://www.facebook.com/groups/tlemcenetalandalouspromis/
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire