DESTIN DE MOHAMED EL FATIH « le Conquérant », محمد الفاتح
حدَّثني الوليد بن المغيرة المعافريُّ، قال: حدَّثني عبد الله بن بشرٍ الخثعميُّ، عن أبيه، أنَّه سَمِعَ النبي صلى الله عليه وسلم يقول: «لَتُفْتَحَنَّ الْقُسْطَنْطِينِيَّةُ فَلَنِعْمَ الأَمِيرُ أَمِيرُهَا، وَلَنِعْمَ الجَيْشُ ذَلِكَ الجَيْشُ
La chute de Constantinople est le premier coup mortel porté à l’Occident. En effet, le 29 mai 1453 figure traditionnellement parmi les dates clé de l'Histoire occidentale. Ce jour-là, Constantinople tombe aux mains du sultan ottoman Mehmet II, محمد الفاتح. La ville, vestige de l'empire romain, était l'ultime dépositaire de l'Antiquité classique. Elle faisait aussi office de rempart de la chrétienté face à la poussée de l'islam.
Fils du sultan Mourad II (1404-1451), Mohamed El Fatih est né le 30 mars 1432 à Édirne qui était alors la capitale de l’Empire ottoman. Devenu gouverneur d’Amasya – ville natale de son père – à l’âge de onze ans, selon la coutume ottomane qui considérait cette promotion comme une préparation à la charge héréditaire de sultan, Mohamed El Fatih dispose également d’un grand nombre de professeurs qui lui dispensent un enseignement approfondi, notamment en matière de sciences religieuses parmi eux son Cheikh spirituel Aâq Chems Eddine. De cette formation, il conservera deux éléments principaux : un grand attachement à la charia ou loi islamique, d’une part, et de l’autre, la notion de jihâd ou guerre sainte, qui signifie très vite pour lui la guerre contre l’Empire byzantin, dernière puissance chrétienne d’Orient. À douze ans, le jeune Mohamed El Fatih se retrouve donc à la tête d’un Empire très vite mis en danger : en effet, profitant de la jeunesse et de l’inexpérience supposée du nouveau sultan, les armées chrétiennes traversent le Danube et viennent assiéger Varna (ville de Bulgarie sous la coupe ottomane), Mohamed El Fatih demande à son père de reprendre le pouvoir, et, face à son refus, use de son autorité de sultan pour lui ordonner de venir commander les armées, ce qui lui permet d’emporter la victoire à la bataille de Varna, en novembre 1444.
Mohamed El Fatih conserve présente à l’esprit la théorie de la guerre sainte à mener contre les infidèles et pour la gloire de l’islam. Son but affiché est dès l’abord Constantinople, qui, malgré plusieurs tentatives de la part des pouvoirs islamiques (en 674-678, en 717-718, puis en 1395 et en 1422), n’avait jamais pu être prise aux Byzantins. Dans cette optique, il s’emploie à renforcer l’armée et d’abord la marine ottomane, et passe des accords avec la Hongrie et la République de Venise afin de s’assurer de leur neutralité ; en 1452, il fait construire la forteresse de Rumeli Hisarı sur la rive européenne du Bosphore, qui vient compléter celle d’Anadolu Hisarı construite à la fin du XIVe siècle par Bayezid Ier et lui assure le contrôle absolu du Bosphore. Il développe enfin la puissance de frappe de son armée, en construisant une flotte de 31 galères ainsi que des canons particulièrement performants pour l’époque surnommés "El Soltani". Au terme de ces deux ans de préparatifs, Mohamed El Fatih commence le siège de Constantinople le 6 avril 1453 en tant que commandant en chef des armées ottomanes de 25,000 hommes, et prend la ville en moins de deux mois, faisant par la même occasion tomber un Empire byzantin déjà largement affaibli ; dès lors, il lance des travaux de restauration de grande ampleur, pour en faire sa capitale sous le nom nouveau d’Istanbul, marquant la rupture avec l’époque byzantine.
Si la chute de Constantinople, qui date la fin du plus grand empire chrétien jusqu’alors existant – présent en Orient depuis quinze siècles – est un véritable traumatisme en Europe, Mehmet II ne s’arrête pas là et, fort de cette réussite, étend de plus en plus les frontières ottomanes. Digne de son surnom de « Fatih », « le Conquérant », il s’assure le contrôle de la Serbie en 1459, de Lesbos en 1462, de la Bosnie l’année suivante, de l’Albanie en 1479 et enfin de la Moldavie, ainsi que des comptoirs commerciaux génois de la mer Égée – notamment celle de Galata, qui donne son nom à un quartier d’Istanbul ; il lance également plusieurs expéditions en Hongrie, en Valachie, à Rhodes et jusqu’à la ville d’Italie du Sud d’Otrante en 1480. À l’Est, il assure pour longtemps la domination ottomane sur une Anatolie réunifiée en vainquant d’abord l’Empire de Trébizonde, dernier vestige de l’Empire Romain d’Orient, en 1461, puis le chef des Moutons Blancs Turcomans [4], Uzun Hasan, en 1473, et enfin les Karamanides en 1474. C’est d’ailleurs en Anatolie qu’il meurt empoisonné, en 1481.
Outre ses fameuses conquêtes militaires, Mohamed El Fatih fut aussi un sultan éclairé, grand bâtisseur, administrateur et promoteur des arts. Dès sa prise de Constantinople, il lance des travaux de restauration de grande ampleur, transformant notamment la cathédrale Sainte-Sophie en mosquée et établissant un don régulier de 14 000 ducats par an pour son entretien. De plus, ayant agrandi la ville par ses conquêtes sur les Grecs et les Génois, il impulse une politique de repopulation de la cité : il rend ainsi leurs habitations aux commerçants grecs et génois de Galata et garantit leur sécurité, tandis que des musulmans et des chrétiens des régions environnantes sont forcés de s’installer dans la nouvelle Istanbul ottomane.
Mohamed El Fatih est aussi un grand gestionnaire de l’État, qui réorganise l’administration ottomane et introduit pour la première fois une codification écrite : ces deux textes qu’il rédige, un code organisant la législation civile et pénale et une Constitution, forment le noyau dur de toute la législation ottomane ultérieure. Il s’inspire de l’organisation byzantine pour améliorer l’efficacité de l’administration, et est le premier à introduire le mot « politique » en arabe, sous le terme de « siyâsah » qui signifie aussi « gouvernement ». Enfin, il consolide l’armée en s’appuyant sur le système déjà utilisé par ses prédécesseurs d’enlèvement de jeunes gens dans les provinces conquises, convertis à l’islam et formés à Istanbul pour devenir des soldats ottomans.
Le sulta Mohamed El Fatih est donc bien plus que le seul conquérant de Constantinople ; victorieux en Europe comme en Asie sur de larges territoires, il anéantit bien plus d’une puissance étrangère au cours de son règne et en met plusieurs autres – comme la Hongrie ou les cités italiennes – en péril. Mais il mérite aussi pleinement le titre de « sultan éclairé », non seulement en raison de sa propre éducation, mais parce qu’il parvient à modeler ce vaste territoire en un véritable Empire organisé et efficace. Faisant d’Istanbul la première ville d’Europe, il parvient par une politique habile d’alliances à relancer l’économie ottomane, et est le premier à promouvoir un modèle socio-politique original pour l’Empire ottoman, à travers notamment la création des millet qui garantissent la liberté religieuse sous l’égide du sultan et l’élaboration d’une codification qui servira de repère législatif jusqu’au XIXe siècle au moins.
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Principalement le lien entre Tlemcen et sa région et l'Andalousie pour comprendre les flux migratoires et les traditions transises et héritées. Ce blog permettra des échanges et des découvertes historiques via le partage de photos/videos antiques et rares ainsi que la mise à la disposition des abonnés des articles pour faciliter les recherches historiques, généalogiques et les publications.
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