BÂB EL KERMADINE À TLEMCEN
Question que j'ai posée dans la présentation de cette porte: Pourquoi aucun saint n'a été enterré au niveau de Bâb El Kermadine comme le veut la tradition à Tlemcen?
Réponse: « Le sultan de Tunis, dit-il, s'était mis en roule avec son armée pour venir s'emparer de Tlemcen. Prévenu de ce qui se passait, le sultan de TIencem mit ses troupes en campagne. Une première rencontre eut lieu et le goum tlemcénien fut défait. Il se livra un second combat, puis
un troisième : même insuccès. Puis le sultan de Tunis continua sa marche et arriva jusque sous les murs de Tlemcen. Alors, il tint conseil avec ses ministres et leur dit: « Par où entrerai-je dans la ville ? — Par où il vous plaira, répondirent-ils. Il ajouta : Combien la ville a-t-elle déportes? Il les lui énumérèrent. Puis il demanda : Quel est le saint qui protège Bab-el Djiad ? — C'est, répondirent-ils, sidi Abou Mediene. — Et Bab-el-Aqba ? — Sidi Ahmed Ed-Daoudy. — Et Bab-Zaouïa ? — Sidi El-Haloui. —
Et Bab-El-Kermadine, qui la protège ? — Aucun saint. — Eh bien
donc, leur dit-il, c'est par cette porte que je ferai mon entrée
dans la place. »
un troisième : même insuccès. Puis le sultan de Tunis continua sa marche et arriva jusque sous les murs de Tlemcen. Alors, il tint conseil avec ses ministres et leur dit: « Par où entrerai-je dans la ville ? — Par où il vous plaira, répondirent-ils. Il ajouta : Combien la ville a-t-elle déportes? Il les lui énumérèrent. Puis il demanda : Quel est le saint qui protège Bab-el Djiad ? — C'est, répondirent-ils, sidi Abou Mediene. — Et Bab-el-Aqba ? — Sidi Ahmed Ed-Daoudy. — Et Bab-Zaouïa ? — Sidi El-Haloui. —
Et Bab-El-Kermadine, qui la protège ? — Aucun saint. — Eh bien
donc, leur dit-il, c'est par cette porte que je ferai mon entrée
dans la place. »
« Or, Adjouz, العجوز — tel était le nom du serviteur de sidi Abdallah
ben Mansour de Ain El Houte— dit à son maître : « Cette porte (Bab el Kermadine) est sous votre sauvegarde, car, de toutes les portes de la ville, il n'y a que la vôtre par laquelle le sultan puisse entrer. —Tu as raison, répondit le cheikh; et, incontinent, il revêtit son burnous par-dessus sa chemise, et prit un bâton qu'il cacha sous son burnous ; puis il se dirigea du côté de l'armée qui était campée près de Bab-el-Kermadine. Les soldats étaient occupés les uns à laver leur linge, les autres à se promener. Il demanda où se trouvait le pavillon du sultan. On le lui indiqua et on courut aussitôt consulter le souverain pour savoir s'il fallait laisser entrer le cheikh. « Introduisez-le, dit le Prince. » Alors le cheikh entra et apostropha le sultan en ces termes : « Tu es un tyran ; ce serait péché que de te saluer. Que réclames-tu à ce peuple pour que tu viennes ravager ainsi une terre de l'Islam ? Le sultan lui répondit : Vous autres, fakirs, vous vous mêlez de
choses qui ne vous regardent pas. — Et toi, reprit le cheikh, crois- tu donc qu'il n'y a que toi d'homme au monde?»
ben Mansour de Ain El Houte— dit à son maître : « Cette porte (Bab el Kermadine) est sous votre sauvegarde, car, de toutes les portes de la ville, il n'y a que la vôtre par laquelle le sultan puisse entrer. —Tu as raison, répondit le cheikh; et, incontinent, il revêtit son burnous par-dessus sa chemise, et prit un bâton qu'il cacha sous son burnous ; puis il se dirigea du côté de l'armée qui était campée près de Bab-el-Kermadine. Les soldats étaient occupés les uns à laver leur linge, les autres à se promener. Il demanda où se trouvait le pavillon du sultan. On le lui indiqua et on courut aussitôt consulter le souverain pour savoir s'il fallait laisser entrer le cheikh. « Introduisez-le, dit le Prince. » Alors le cheikh entra et apostropha le sultan en ces termes : « Tu es un tyran ; ce serait péché que de te saluer. Que réclames-tu à ce peuple pour que tu viennes ravager ainsi une terre de l'Islam ? Le sultan lui répondit : Vous autres, fakirs, vous vous mêlez de
choses qui ne vous regardent pas. — Et toi, reprit le cheikh, crois- tu donc qu'il n'y a que toi d'homme au monde?»
Et, ce disant, il se mit à le frapper avec son bâton, redoublant ses coups, jusqu'à ce qu'enfin le prince lui criât: « Je fais pénitence ! je fais pénitence ! » Alors, le cheikh abaissa son bâton et se mit à dire, allant et venant dans le pavillon : « Dieu revient à celui qui revient à Lui ». Or, pendant que ceci se passait et que le cheikh frappait le sultan, il régnait, de par la volonté de Dieu, une profonde obscurité qui avait enveloppé tout le camp; un vent violent s'était mis à souiller, le ciel s'était couvert d'épais nuages et l'air s'était obscurci au point que les soldats ne se voyaient pas les uns les autres ; les tentes s'étaient renversées, les chevaux et les mulets avaient rompu leurs liens et s'étaient enfuis. Mais aussitôt que le sultan eut crié : Je reviens à Dieu ! les ténèbres se dissipèrent, le vent se calma, les nuages disparurent et le soleil reparut radieux comme auparavant. Puis le cheikti dit au sultan : « Tu vas lever ton camp. — Mais, Sidi, reprit le Prince, qu'au moins le sultan de TIemcen me rembourse les frais de la guerre ! — Par Dieu ! répliqua le cheikh, il ne te donnera pas un dirham ; tu aurais raison si ce pays était habité par des infidèles, car alors tu aurais droit à être indemnisé des dépenses que tu as faites pour lever ton armée ; mais, par Dieu ! décampe au plus vile, tu ne gagnerais rien à rester ici plus longtemps. » Sur celte menace, le sultan fit plier les tentes et alla coucher sur les bords de Oued Isser »
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