ABOU TACHFINE, LE SOUVERAIN ZIANIDE ARTISTE
L'histoire de Tlemcen est dominée par une longue lutte contre les tribus arabo-amazighes venues de l'Ouest et les rois mérinides de Fez. Malgré ces luttes continuelles, les Abdelwadites-Zianides, les premiers surtout, ne cessèrent d'embellir leur capitale. Eux et les Mérinides ont fait de Tlemcen la « perle du Maghreb », le pur diamant de l'art musulman algérien
En 1318, le royaume de Tlemcen est brusquement passé aux mains d'un jeune souverain âgé de 25 ans, Abou Tachfine. D'après Georges et William Marçais, ce monarque fut un grand artiste lui-même versé dans l'art du dessin. Il faut dire que de tout les rois Zianides c'est lui qui a le plus embelli Tlemcen. C'est lui aussi qui fit élever en 1323 le minaret de la célèbre Grande Mosquée d'Alger. Il eut la véritable passion des batiments; il ne se contentait pas de dessiner : il fut lui-même un véritable architecte, multiplait les palais plus encore que les édifices sacrés. Dans ce détail, on peut peut-être entrevoir un certain désintéressement relatif d'Abou-Tachfin pour les questions religieuses. Son clan de renégats qui avaient apostasié sans doute par amibition, était un clan de sceptiques. On peut même dire un clan d'épicuriens.
Le chroniqueur Yahia-Ibn-Khaldoûn nous a donné sur ce point des détails fort significatifs: "Abou-Tachfin, dit-il, était énergique et habile administrateur des deniers publics, mais cela iie I'empêchait pas d'aimer cueillir les fleurs dans le jardin des plaisirs, de se complaire aux sensations du bonnheur et de mener une vie joyeuse". Il était entouré de jouisseurs comme lui "enclins aux plaisirs", "passionnés pour les distractions et pour les bien de ce monde", "sensuels et viveurs". Il possédait un arbre d'argent sur lequel on voyait toutes sortes d'oiseaux de l'espèce de ceux qui chante. Un faucon était perché sur la cime, lorsque les soufflets qui étaient fixés au pieds de l'arbre était mis en mouvements et que le vent arrivait à l'interieur des oiseaux, ceux-ci se mettaient à gazouiller et faisaient entendre chacun son ramage qui était facile à reconnaître à cause de sa ressemblance avec le naturel. Lorsque le vent arrivait au faucon, on entend l'oiseau de proie pousser un cri, et à ce cri, les autres oiseaux interrompaient soudainement leur doux gazouillement.
Parmi les palais qu'il construisit, l'un fut nommé "Dar-es-Soroure", c'est dire l'hotel de la Joie. On se plait à rêver que des scènes dignes des Mille et une Nuits se passèrent dans ce palais tlemcenien où le roi aimait faire des séjours, (ce palais n'existe plus et aucune recherche n'a été faite sur ce batiment). Mais ce qui surpassait toutes ces merveilles c'est le somptueux et incomparable collège (Medersa) de la grande mosquée de Tlemcen et qu'il orna de tous les embelissements que l'on admirait dans sa demeure royale. Il faut dire l'hérédité espagnole-andalouse de ce jeune roi lui avait donné une sensibilité artistique pour le dessins et les constructions...combien supérieure à celle de ses prédécésseurs.
Ps: Le tableau illustre un sultan ottoman.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire