jeudi 22 janvier 2015

ORGANISATION DE LA VIE ÉCONOMIQUE À TLEMCEN
La région d’Al Ouerit à Tlemcen n’était pas connue que par ses belles cascades, bien que ces chutes d’eau du Oued El Mefrouch offrent un spectacle tout à fait impréssionant où un flux important se précipite dans le vide avec un bruit considérable et des projections d'eau ou d'embruns à des dizaines de mètres, néanmoins cette région située à 7km de la ville de Tlemcen était une terre d’accueil de beaucoup de familles andalouses qui ont fait le choix de s’y installer, probabalement par nostalgie car cette région est un petit coin de paradis qui leur faisait rappeler la beauté des paysages andalous. Par leur métier du luxe et d’excelence et un savoir-faire traditionel unique, ces familles ont directement contribué à l’évolution et la prospérité du commerce tlemcenien par l’installation de petits ateliers de tissage du Hayek, de chachia, de la tapisserie, des ustensiles domestiques, de la poterie, de l’armurerie, de la céramique, de l’orfèvre-rie…etc Les artisans andalous gagnaient bien leur vie à Tlemcen, Il paraît qu'ils menanient une vie de riche d’après El Hacen El Wazane (Léon l’Africain) qui a rapporté : « Les artisans andalous à Tlemcen étaient des hommes forts, de bonne condition physique, ils profitaient bien de la vie, et portaient de belles tenues chics comme les commerçants locaux avec des pantallons courts. Contrairement aux tlemceniens, peu d’andalous portaient le turban, ils préféraient porter un bonnet sur la tête (قلنسوة) et des bottes mi-longues ce qui prouvait qu’ils menaient une vie prospère et aisée. »
À Tlemcen, il existait deux types d’employés: ceux qui travaillaient moyennant un salaire mensuel et ceux avec un salaire journalier. Malheuresement ces derniers étaient pour la majorité des pauvres et menaient une vie difficile. D'un autre côté, la femme tlemcenienne travaillait aussi, elle assurait le tissage chez elle, la transformation du coton et de la soie ainsi que le lavage et le peignage de la laine. On peut dire que la fabrication des burnous destinés aux hommes et aux enfants, des tapis, des couvertures épaisses (Bourabahane) et légères (Hanbel) était aussi une création et un savoir-faire 100% féminin. Les femmes tlemceniennes pratiquaient même le commerce en sollicitant directement les personnes à leur domicile afin de leurs proposer un achat-vente de marchandises de toute sorte, c’est le principe même du porte-à–porte. Ces femmes étaient connues sous le nom de « Souwakâ, السواقة» ou les vendeuses ambulantes.
Les références historiques détaillées sur l’organisation des marchés traditionels qui mettaient à la disposition de la population les produits des artisans cités précedémment sont très rares. De manière générale, on peut dire que l’organisation de ces métiers se faisait sous forme d’un concept économique bien collectif, dans des quar-tiers artisanaux ou « Quartiers Spécialisés » tels que: Quartier d’El Fakharine, El Kessarine, Es-Sebbanine, Es-Sebbaghine…etc où les implantations des activités économiques traditionelles ont été concentrées pas loin des lieux de production en milieu urbain.
Certains noms sont toujours présents dans "le parler" local de cette ville, El R'hiba par exemple qui est un diminutif du mot arabe El Rahba, الرحبة et qui signifie une placette. Dans ce sens, Tlemcen avait plusieurs R'hiba et pas seulement celle de Bâb El Djiyad (porte des coursiers) qui date du XIIIe (ère de Yaghmoracen Ibn Ziane) qui abrite un parking aujourd'hui et le mausolée de Sidi El Mazouni, le saint originaire du village de Mazouna pas loin de la ville de Ghalizane. El R'hiba de Bab El Djiyad était le lieu de rassemblement des cheveaux d'oú le nom de la porte. El B'lass (arabisation de place) était nommée "la place des caravanes" car des tribus faisaient leur halte avant d'emprunter la route de l'or en direction de Tombouctou. À titre d'information, une caravne peut être formée de 1500 chameaux. Cette place date du XIIIe aussi était beaucoup plus vaste avant de voir sa superficie réduite après l'établissement du quartier juif. Place des Foundouks, quant à elle, elle occupait Blass El Khadem et l'ancienne mairie et comme son nom l'indique, cette place abritait de nombreux Foundouks et caravansérails qui accueille les marchands et les pèlerins qui débarquaient à Tlemcen.
En conséquence, une large gamme de nouveaux métiers a vu le jour avec l’expansion économique et urbaine de Tlemcen; dans le domaine des travaux publics, le nettoyage des rues et des ruelles, l’entretien et l’installation des canalisations d’eau potable, le transport des personnes et des marchandises (les portefaix qui avaient aussi une placette appelée El Mawkif, الموقف), l’arrosage et l’aménagement paysager, la surveillance…etc
Il n’est pas étonnant de constater que la ville de Tlemcen a attiré des populations rurales voire étrangères suite à l’amélioration de la santé économique de la cité et à la pénurie de main-d’œuvre enregistrée dans plusieurs secteurs notamment, les services aux personnes, l’entretien ménager dans les palais, Fundouk et chez les familles tlemceneinnes aisées. On peut conclure que la magie multidimentionnelle de Tlemcen provient certainement de son ADN éclectique: Les Amazighs, les Romains, les Arabes, les Ottomans, les Andalous, les Juifs, les Italiens, les Espagnoles, les Français…qui se sont entremêlés au cours du temps pour fomer le fascinant bouquet qu’on connaît aujourd’hui et qui continuera de nous séduire encore et encore…


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