BOUDGHÈNE BENALI DIT LE COLONNEL LOTFI
L'histoire de la guerre de libération algérienne regorge d'épopées et de hauts faits d'armes qu'il ne faudrait pas ignorer. Pendant cette guerre, on entendait souvent ceci: "Être martyr c'est avoir un destin algérien", et en lisait souvent sur les murs ceci: "Nos enfants d'aujourd'hui sont nos martyrs de demains". D'ici, on peut facilement comprendre que pour la patrie on cherchait point limiter les occasions de répandre notre sang bien au contraire car nous ne pouvons être martyr sans perdre la vie. Nos ancêtres avaient tous les jours des combats à donner, des ennemis à vaincre et des victoires à remporter même s'il fallait se déraciner bien loin et déraciner ses vielles habitudes. Être un martyr c'est de renoncer aux désirs, éteindre la flamme des plaisirs, défendre les impuissants et rendre justice.
Tlemcen aussi a son contingent de martyrs de la révolution algérienne qui ont sacrifié leur vie pour le bonheur d'autrui, notre bonheur en réalité. Voici un invincible combattant, un généreux martyr, fils de la ville, vous l'avez reconnu car un film a été tourné dernièrement pour retracer son chemin, il s'agit évidemment de BOUDGHÈNE BENALI DIT LE COLONNEL LOTFI. Son parcours est riche et laisse derière lui plusieurs grandes leçons de courage dont on a tant besoin aujourd'hui. Il laisse derière lui de nombreuse leçons de prudence à tous les héros de la guerre lorsqu'il décide de braver la mort à travers les fleuves, les montagnes, au milieu des embûches de l'armée française.
Issu d'une famille modeste et nationaliste, Benali est né dans la rue des sources, dans l'antique quartier d'El Kalâa le 05 mai 1934. Fils de Abdelkrim dit Abdallah et de Lokbani Mansouria, le jeune Benali a étudié à l'école Déscieux (Al Abili) puis à Alger car son père avait ouvert un petit commerce dans la capitale. Son but était toujours de revenir à Tlemcen, Pour cela l'étudiant Bénali s'est installé pendant un an à Ouejda au Maroc et s'est inscrit à l'école Abdelmoumen afin d'améliorer ses compétances en lague arabe dans le but d'intégrer la préstigieuse Medersa de Tlemcen. Finalement il réussira à joindre la Medersa où il resta 5 années avant de rejoindre le maquis avec nombre de ses camarades de classe, un certain 27 octobre 1955, laissant une lettre à son père : «C’est ton fils qui t’écrit, il te confie la famille pour rejoindre les frères au maquis pour la libération de l’Algérie.»
Par son intelligence et sa discipline, il s'est vu confier la mission d'organiser les réseaux du Fidâa et les Moudjahidines du sud. Il avait dirigé lui-même les batailles dont celle de Djebel Amour le le 2 octobre 1956, où 1375 militaires français parmi eux 92 officiers trouvèrent la mort et un important lot d’armement récupéré. Très vite, c'est à dire en mai 1957, il fut nommer Colonnel à la tête de la plus vaste wilaya, la wilaya V. Après une lutte acharnée contre l'ennemi, le chahid Boudghène Benali tomba au champs d'honneur de la rude bataille dite "Bataille de Djebel Béchar" ainsi que ses fidèles compagnons de lutte dont le commandant Farradj, Mohamed Louadj de son vrai nom et Cheikh Zaoui, le 27 mars 1960 à djebel Béchar, les armes à la main lors de la traversée de la frontière algéro-marocaine...Symboliquement, aujourd'hui l'aérport de Béchar et le poste frontière entre l'Algérie et le Maroc (Maghnia) portent le nom de Boudghène Ben Ali dit le Colonnel Lotfi.
BOUDGHÈNE BENALI DIT LE COLONNEL LOTFI laissa cette émouvante lettre à sa femme:
"A ma très chère femme,
Je m’excuse à l’avance de n’avoir pas osé t’annoncer de vive voix ce que je vais t’écrire. J’espère que lorsque tu recevras cette lettre, je serai bien loin en Algérie, ma Patrie Chérie.
En effet, je suis en pleins préparatifs et je dois rejoindre l’intérieur dans les plus brefs délais. Je crois ne t’apprendre rien de neuf en te disant que c’est la seule place possible pour moi en ce moment. Il m’est devenu impossible, intolérable, insoutenable de continuer à vivre à l’extérieur, ceci en dehors de toute considération de quelqu’un d’autre que ce soit. Ensuite, en tant que chef, que Révolutionnaire, qu’idéaliste imbu de principes, je dois être aux côtés de mes hommes pour les soutenir et du Peuple pour le réconforter et renforcer son moral.
De ton côté, je crois avoir tout fait pour t’ôter dès le premier jour toute illusion concernant ma présence à tes côtés tant que durerait la Révolution. Je t’ai toujours dit que je n’ai été et que je ne suis que par la Révolution et pour la Révolution. Il m’est même très difficile d’envisager pour moi une autre vie que la vie Révolutionnaire. Je te demanderai donc de faire preuve de beaucoup de courage et de patience ; je sais que tu en es capable. De mon côté, j’espère que tout se passera bien. Dans le cas contraire, j’aurais connu la plus belle fin qu’aurait pu souhaiter et rêver un jeune Révolutionnaire. Alors il faudra que tu fasses preuve de beaucoup plus de courage encore. Tu pourras être très fière de ton mari et celui que je te confie, mon fils, le sera aussi beaucoup de son père. Au nom de l’Algérie, pour laquelle j’aurais vécu et j’aurais tout donné, et au nom de notre Amour, je te recommande instamment de veiller sur mon fils, sur son éducation, de lui donner une très solide instruction et d’en faire surtout un grand Nationaliste et un grand Révolutionnaire capable de réaliser ce que son père n’aura pas pu faire parce que la vie ne lui aura pas accordé assez de temps.
En ce qui te concerne personnellement, je te recommande encore une dernière fois de t’améliorer, de te perfectionner, d’approfondir tes connaissances et d’être toujours à l’avant-garde des jeunes femmes algériennes et un exemple sans reproche aucun.
C’est tout. Embrasse pour moi toute la famille.
Je t’embrasse. »
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