dimanche 16 février 2014

DE LA NORIA AU FELLAH AU PARADIS EN ANDALOUSIE

Au départ, dans Al-Andalus, les communautés islamiques s'organisaient dans le cadre d'un territoire regroupant des terroirs de qualités complémentaires, divers noyaux d'habitat distribués le long des systèmes de prise et de distribution d'eau, et une fortification, nous sommes dans le contexte d'une société segmentaire et tributaire.
Après l'arrivée de Abdel Rahman I, les choses ont beaucoup changé, en effet l'Emir venu de l'orient a fait goûté à l'andalousie un nouveau style importé avec lui de Bilad Echêm. L'exemple a été largement vanté par les poètes, il s'agit d'El Rossafa, un magnifique jardin botanique royal qui regroupe de diverses espèces que jusque là l'andalousie n'avait jamais eu l'occasion de les voir pousser sur ses terres tels que les palmiers, les orangers, citronniers, les oliviers...

Plus tard, les plus beaux des palais d'Andalousie ne sauraient être somptueux sans abords verdoyants où les ruisseaux affluent de partout. Les sultans musulmans d’Al-Andalus ont tenu à ce que leurs demeures fussent implantées dans un espace qui restitue l’image du paradis tel qu’il a été décrit par le texte coranique. Et pour parvenir à cette fin, il a fallu, inéluctablement, veiller à ce qu’un système d’irrigation efficace soit élaboré.

Les aménagements hydroliques d'andalousie antiques continuent encore à inspirer de divers modèles technologiques modernes. Le système d’irrigation, déjà existant en Andalousie du fait des Romains, est développé par les musulmans qui y apportent des innovations techniques: la roue à godets ou noria ; la gestion est assurée par le tribunal des eaux à Séville. Puis ils creusent des citernes souterraines (algibes) à Grenade.

La noria et le les « qanât » Fondée sur la tradition classique, l’agriculture musulmane d’Europe multipliera néanmoins les innovations, dont notamment la noria et les qanât. Leurs bases scientifiques et techniques se trouvent décrites dans les textes des agronomes d’al-Andalus et de Sicile. La noria est une grande roue à godets qui permet d’élever l’eau vers des canaux d’irrigation situés en hauteur. Son mouvement continu est dû à la force du courant. Quant aux qanât (canaux) il s’agit de longs tunnels souterrains qui captent l’eau d’une nappe phréatique pour l’amener, parfois sur des kilomètres, vers les zones de culture. Ce système a l’énorme avantage, par rapport aux canaux à ciel ouvert, de supprimer la perte par évaporation, pouvant aller jusqu’au tiers de l’eau transportée. Par contre leur entretien est pénible. Ce système d’irrigation est toujours en usage dans l’agriculture sicilienne et andalousie, qui a d’ailleurs conservé les termes issus de l’ancien vocabulaire technique arabe.

Voici le vocabulaire technique lié aux systèmes d'irrigation:

1- Alberca الـبركــة Al-birka bassin

2- Azud الــسّــد As-sud barrage

3- Algibe الــــجُــبّ Al-jubb Citerne

4- Noria نــاعـــورة Na’ûra Noria

5- Aceña الــسّــانــيــة As-sâniya Roue hydraulique

6- Arcadus الــقــدوس Al-qadûs Godet ou tuyau en terre cuite

7- Atonor الــتّـــنّـــور At-tannûr Tuyau de fontaine

8- Alcubilla الـــقُــبّــة Al-qubba (diminutif) Chambre d’où partent les tuyaux d’irrigation.

Grâce à la technologie hydraulique innovante et l’introduction de nouvelles espèces botaniques, permet non seulement le développement des arts et des sciences, mais aussi change le paysage de la péninsule ibérique, poussant la création de nombreux jardins sophistiqués. Les systèmes complexes d’irrigation permettent une production agricole abondante sur des terres pourtant arides. c’est par l’Orient que nous sont parvenus au Moyen Age les citrons, les oranges amères, les abricots, les grenades, les bananes, le blé dur, le riz, le sorgho, les aubergines, les pastèques, les melons, les épinards, les endives, les asperges, les artichauts, la canne à sucre, le jasmin, la violette, le romarin, la lavande, le basilic, mais aussi les plantes utilitaires telles que le mûrier à soie, ou industrielles, telles que le henné, l’indigo ou le coton. Mais aussi la maîtrise des techniques du sucre et de la distillation, contribueront grandement à la diffusion des agrumes en Occident. On y consomme en effet des agrumes confits et de l’eau de fleur d’oranger. Ces techniques marqueront en outre la naissance d’une gastronomie, et surtout d’une pâtisserie, à fort caractère arabe.

Et enfin le Hammam, ou le bain maure ou turc qu'on a eu l'occasion de décrire:
« l’utilisation rituelle du hammâm en vue de l’ablution majeure explique qu’il ait toujours été compté parmi les organes essentiels de la cité musulmane ». A l’époque médiévale, villes et campagnes d’al-Andalús sont progressivement pourvues de bains ; en témoignent les mentions des géographes arabes et les vestiges archéologiques aujourd’hui encore en place.

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