À environ une demi-heure à l'ouest d'Oran, sur les rives de la Méditerranée, au fond du golfe de Mers-el-Kébir et au pied de la montagne volcanique de Santa-Cruz, se trouvent les Bains de la Reine. De nombreuses légendes entourent ce lieu. La tradition arabe attribue sa découverte à Sidi Dâdda Yoûb (connu sous le nom de Sidi Dédéiop par les chroniqueurs français), un saint vénéré qui aurait guéri un personnage influent de la cour des sultans de Tlemcen, atteint de la lèpre, grâce aux eaux de ces bains. Cette guérison miraculeuse eut un tel retentissement que des malades vinrent de tout le Maroc et des régions sahariennes pour bénéficier de ces eaux. Sous la domination espagnole, ces eaux devinrent encore plus célèbres.
Quant au terme "Dâdda", il a un équivalent dans le mot "Lâlla". En chaouia, "Dâdda" signifie "père" ; en chelh'a, il désigne "oncle". Dans le Djurdjura, il signifie "aîné" et donc "respectable", étant utilisé comme un titre de respect familier. Peu de saints ont gardé l'appellation "Dâdda", mais on peut au moins citer Dâdda Yoûb, qui signifie "père Job" ou "seigneur Job", et qui a guéri le notable Zianide d'Oran grâce aux eaux thermales du Bain de la Reine.
On raconte que le cardinal sanguinaire Ximénès utilisa ces eaux, ce qui augmenta encore leur popularité. La noblesse espagnole y afflua, et Jeanne, la gracieuse fille d'Isabelle surnommée "la Folle", y venait chaque année. En hommage à ses visites et à l'éclat qui les entourait, ces bains prirent le nom de "Bains de la Reine". La réputation de cette source resta intacte parmi les musulmans, et à l'époque de l'expulsion définitive des Espagnols, le bey Mohamed-el-Kébir ordonna des cérémonies religieuses pour purifier le lieu, afin de dissiper les "souillures" que, selon les musulmans, la présence des chrétiens aurait causées.
Jusqu'en 1830, ce lieu fut très fréquenté. Les populations locales y venaient pour se soigner de nombreuses maladies. Les militaires épuisés, blessés, et souffrants de leurs expéditions contre les Algériens s'y rendaient aussi en grand nombre pour y trouver un soulagement. L'hôpital militaire d'Oran y envoyait régulièrement ses malades, été comme hiver, pour des cures aux Bains de la Reine.
Les eaux de la Reine étaient utilisées pour traiter diverses affections : maladies de la peau, rhumatismes et névralgies, lésions physiques (contusions, entorses, fractures), paralysies, diarrhées et dysenteries, engorgements du foie et des viscères abdominaux, surtout de la rate (fréquents en Afrique après les fièvres intermittentes), convalescence après des fièvres typhoïdes, et maladies des voies respiratoires (bronchite, catarrhe chronique, tu
berculose à l'état débutant).
À cette époque, et même sous la domination espagnole, les eaux miraculeuses de Sidi Dâdda Yoûb étaient tellement renommées que tous les malades étaient enfermés dans la grotte, à la manière d'un bain maure. Cette particularité contribuait sans doute largement aux guérisons miraculeuses attribuées à ces eaux.
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