Le grand amiral Ali Arraez Canario

"(...) Pour en faire des esclaves. C'est le seul territoire sous domination Espagnole où les morisques n'ont pas été expulsés pour avoir acheté leur liberté ou pour avoir eu un propriétaire. À Lanzarote, la moitié de la population était maure. À Fuerteventura, 30%. Sur la Grande Canarie ou Tenerife, 5%...Voici l'histoire du Grand Amiral Alí Arráez Canario (...)"

Nous avons à plusieurs reprises rappelé les conséquences désastreuses de la chute de Grenade et donc l'Andalousie mais on oublie souvent le sort des milliers musulmans des Îles Canaries qui furent le lieu de prédilection pour les chasseurs d'esclaves. Le personnage que je veux vous écrire aujourd'hui est Simón Romero, mieux connu sous le nom de converti Ali Arraez Canario. Il était amiral au sein de la marine algérienne (Alger).

Ali Arraez Canario est né dans la rue de Triana à Las Palmas en 1639. À l'âge de 16 ans, alors qu'il pêchait dans des eaux proches de Berbérie, il fut capturé puis vendu comme esclave à Alger où son employeur le dédia à la marine en 1659. Dans l'un de ses voyages, il a renoncé à son nom Simon Romero et s'est appelé Ali Arraez Canario. Ali a toujours aidé son peuple, il a acheté la liberté de nombreux habitants musulmans de l'île, il a été ambassadeur du sultan ottoman à au moins deux reprises sur l'île. On raconte que des femmes racontaient à leurs enfants les exploits d'Ali Arraez pour les rassurer et s'endormir. Sa plus grande capture était Lorenzo Santos de San Pedro, haut juge de l'audience de Séville, incarcérée à Alger où il est captif pendant plus d’un an. Il est libéré en 1670 par l’intervention directe du roi Charles II qui paye une rançon de 209 duchés.

D'après la livre de Manuel Mora Morales, La isla transparente la rencontre entre Ali Arraez Canario et Lorenzo Santos de San Pedro s'est déroulée ainsi :

"...Je suis Ali Arráez Romero connu sous le nom Ali Arráez Canario: Général et Grand amiral des mers d'Alger, je suis né à Las Palmas et j'ai grandi dans la rue Triana sous le nom de Simon Romero Puis-je savoir qui êtes-vous, monsieur?

-Je suis Don Lorenzo Santos de San Pedro. (La voix pétulante, le ton du mépris et le geste fier de son prisonnier énervèrent le corsaire.)

- (Ali) Ici, vous serez seulement Lorenzo Santos, Monsieur.

- (Lorenzo) Je ne vous autorise pas les impertinences, chien perfide.

Sachez, Monsieur l'Espagnol que je suis né dans les îles africaines et je suis au service d'une nation africaine (Algérie). Traître, moi Traître, un traître serait dans ce cas de servir un pays européen qui a réduit en esclavage mes îles et ma patrie: une Espagne inique qui nous considère comme des olives pour manger nos chairs et crachant nos os avec mépris. Je ne vais pas vous autoriser de manquer le respect envers l'autorité algérienne, va payer votre liberté avec votre cou: est-ce clair M. Mamarracho (clown) ?

Ali était une machine qui attaquait sur les côtes il captura pas moins de 25 000 chrétiens captifs à Alger, originaires d’Espagne, de Portugal, d’Italie et même d'Allemagne. Mais il paya le sauvetage des centaines de captifs des îles canaris à Alger.