mardi 18 décembre 2018



L'Arabe selon Mustapha ben Ismaïl.
Juste avant la conquête de Tlemcen en 1842, Mustapha ben Ismaïl disait au maréchal Bugeaud :
- Tu me demandes si, au lieu de nous entre-détruire éternellement, vous ne pourriez pas, au moyen de concessions mutuelles et en développant un grand bien-être parmi les masses, parvenir un peu plus tôt, un peu plus tard, à vivre en bonne intelligence, côte à côte et sur le même sol, avec les Arabes, qui entreraient ainsi dans la voie du progrès. Veux-tu que je te dise à cet égard toute la vérité ? Et, si je te la dis, ne m'en voudras-tu pas?
- Non, je te le jure ; tu me rendras, au contraire, un grand service.
- Eh bien, écoute-moi avec attention, je vais te parler aussi sincèrement que si j'étais au jour du jugement dernier, quand nous aurons Dieu pour cadi et les anges pour témoins.
- Parle.
- Les Arabes ont en horreur toutes les innovations, de quelque part qn'elles viennent, etr ester exactement dans les moeurs, dans les coutumes, dans la religion de leurs pères, leur parait, leur suprême bonheur. Quand on leur vante ces progrès qui vous séduisent tant, ils répondent invariablement :
Ahna Teba'ine, Machi Meba'ine (حْنَا تَبَّاعِين مَاشِي بَدَّاعِين). Nous sommes des gens qui suivent et non des gens qui inventent.
Et ils ajoutent :
Nos aïeux seuls ont eu celle mission ; ils étaient plus près de la création que nous, nous ne saurions donc rien faire de mieux que ce qu'ils ont fait. Vous vivez comme si vous ne deviez jamais mourir et nous vivons nous, comme des gens qui savent qu'il faut mourir un jour. Faites donc de cette terre votre paradis ; le nôtre est dans l'autre monde.
Pariant de là, continue Mustapha ben Ismaïl, prends un Français et un Arabe, mets-les dans une marmite et fais-les bouillir ensemble à gros bouillon pendant vingt-quatre heures, tu reconnaîtras encore le bouillon du chrétien et le bouillon musulman. Ils ne seront pas plus mêlés que leurs idées ne peuvent se confondre.
- Quel parti prendre alors ?
- Ah ! tu es sultan et tu en sais plus que moi ; seulement, rappelle-toi que, si, un seul jour, on te trouve faible, tu es perdu. Pour des étrangers tels que vous, l'Arabe est comme l'amande ; quand on veut en manger le fruit, il faut en briser l'écorce.
D'ailleurs, Mustapha ben Ismaïl croyait tellement peu à la conquête morale qu'il s'explique dans le même sens à plusieurs reprises. Une autre fois, il dit à un officier général :
Tu n'ignores pas que le lévrier (Slougui) porte la queue en trompette ?
- Non.
- Eh bien, cette queue, pour la redresser, enferme-la dans un fourreau solide, laisse-l'y pendant un an, si tu veux, puis sors-la de son étui, et tu seras tout étonné de la voir reprendre sa forme première. L'Arabe, c'est la queue du lévrier. Jamais tu ne pourras rendre droit ce que la nature à fait tordu.


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