lundi 25 décembre 2017

L'AUTHENTIQUE COUVERTURE DE TLEMCEN.
Les habitants de Tlemcen avaient un passé très-industrieux; leur habileté, surtout dans l'art de tisser la laine était vantée dans le monde entier. Les artisans de la ville jouissaient d'une réputation de bonté et de finesse et se sont toujours piqués de travailler avec goût et perfection. Le travail de la laine était une Sanâa, صنعة des tlemceniennes douces, patientes et polies, elles y tissaient des étoffes et des couvertures de laine si fines et si délicates qu'on dirait de la soie et qui se vendaient très cher à Tlemcen au niveau de Souk El Gh'zel et à Fès; autrefois l'artisanat de la laine était actif : observez la mariée tlemcenienne, c'est une princesse, magnifiquement parée avec sa coiffe en argent ou en velour brodée au fil d'or et fouillez son trousseau, vous trouverez sans doute de fines couvertures tissées et des tapis de haute laine, etc.
Les couvertures de Tlemcen étaient appelées "El Battaniya, البطّانية" ()ou parfois Ferrachia, فرّاشية ou encore El Gh'tae, الغطاء) se fabriquaient en grandes quantités et s'exportaient dans le monde entier. Anciennement les laines étaient teintes à Tlemcen même avec des couleurs végétales ; puis les tisserands achetaient les laines toutes teintes, aux couleurs minérales.
El Battaniya de Tlemcen portait comme décor des bandes horizontales, formées chacune par la répétition d'un ou de plusieurs motifs rentrant l'un dans l'autre. Certains motifs étaient communs à tous les tisserands, comme le damier carré, le damier rectangulaire, le losange plein. On peut trouver aussi, un motif de El Damma de cinq à neuf rangées; El Debban (mouches), de diverses couleurs juxtaposées, El Manchar (une scie), El N'kehl (des palmiers), El Meqroute (comme le gateau tradiitonel), El Hout (un poisson), ou simplement des ligne blanches et noirs qui rentrent les unes dans les autres. Ce porduit était différent de celui de "El Bourabah", qui est plutôt une grosse pièce lourde où on peut identifier deux types: "El M'harbel" et "H'chaychi" car chacun est soumis à des techniques ancestrales de maillage et des motifs de décoration différents.
Pour la technique du tissage, on l'appelait "le tissage au carton", qui est devenue très courante pendant les turcs à Alger et à Blidah. Les tlemceniens ont exporté cette technique vers d'autres villes du Maghreb comme Marrakech et Tétouan et seule la ville de Fès a su garder ce savoir-faire. Elle a aussi disparu d'Oudjda, puisque des gens d'Oudjda étaient venus à Tlemcen pour commander des rubans qui servaient à orner le bord des vestes de l'homme et des manches. Le principe du tissage au carton est simple et ingénieux, c'est le «cordage », c'est-à-dire que des fils de laine, de coton ou de soie, au nombre de 2, de 3, de 4, etc. sont tordus ensemble de manière à faire une cordelette. Les cordiers d'autrefois avaient une sorle de planchette, parfois de roue sur laquelle étaient fixées les fibres ; un enfant tournait celte roue et le cordier, marchant tout le long des fils soutenus par des planchettes et fixés de l'autre bout à un mur, égalisait l'effet de la rotation.
Avec le tissage aux cartons on emploie des cordelettes faites ; il n'y a donc pas à égaliser la torsion : mais, s'il y a lieu de chercher l'origine du tissage aux cartons, c'est dans la technique de la corderie primitive qu'on la trouvera. Car le carton troué joue exactement le rôle de la roue du cordier.
Cette habilité dans l'art à tisser la laine "était" en quelque sorte "héréditaire" chez les tlemcenis. Et aujourd'hui j'ai fini par constater que le génie n'est pas héréditaire. Noublions pas ce qu'on disait à Tlemcen par jour de pluie :
نْهَار النَوّْ، السْفَنْج و بُورَابَح , N'har El Naw, El S'fenj we Bourabah.
C'est à dire: les jours de pluie, on aime les beignets (S'fenj) et les couvertures de laine dites Bourabah. L'un réchauffe intérieurement et l'autre extérieurement.."


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