jeudi 2 mars 2017

Tlemcen, véritable champs de bataille où s'affrontent les omeyades d'Andalousie et les Fatimides de Tunisie.

À peine âgé de onze ans, le Calife Abdel Rahman El Nacer fils de Mohamed El Maqtoul (l'assassiné) savait par cœur le Coran, toutes les traditions des sunnites, les meilleurs poèmes arabes ; il excellait à conduire un cheval et à manier la lance ; il était fort et agile, et, malgré son extrême jeunesse, il n'était pas entièrement étranger à la science du gouvernement. L'émir Abdel Allah avait pris cet enfant en affection , il se plaisait à le voir, et cultivait avec soin ces dispositions dans le cœur du calife de Cordoue. Le choix qu'Abdallah avait fait d'Abdel Rhaman pour son successeur avait causé dans Cordoue une sensation universelle de plaisir.  Du jamais vu, le prince El Moudafir (المظفر fils d'Abdel Allah) lui-même, au détriment duquel Abdel Rahman occupait la chaire de calife, ne put résister à la séduction qu'excitaient les qualités aimables de ce jeune prince, et, bien loin de s'opposer à son élévation, il fut le premier qui le proclama dans Cordoue. Le Calife, recevant le serment de son oncle Abdel Allah, le tint long-temps serré dans ses bras, et tous les assistants, émus, applaudirent à une scène qui annonçait que l'union régnerait entre les deux princes rivaux; et le peuple, dans son enthousiasme, proclama Abdel Rahman III Amir El Mou'menin (prince des croyants), et El Nacer Li Din Allah (défenseur de la loi divine).

Le premier soin d'Abdel Rahman III fut de s'occuper de réprimer les révoltes qui, pendant le règne de ses prédécesseurs, avaient troublé l'Espagne musulmane et le Maghreb qui était sous protectorat Omeyade. Un prétexte frivole en apparence, mais funeste par ses résultats, devint une source féconde de sanglantes guerres. Un navire sorti du port de Séville captura, près de la Sicile, un bâtiment africain sur lequel se trouvait un messager du calife fatimide de Kairouan. Informés, les fatimides ripostent avec l'aide du gouverneur de la Sicile. Les flottes combinées entrèrent dans le port d'Almeria et brûlèrent tous les navires qui s'y trouvaient. Abdel Rahman, pour venger cette injure, lève dans ses provinces du Maghreb (pas Ifriqia=Tunisie) un corps de vingt-cinq mille, cavaliers d'élite, commandé par le chevalier Ahmed Ibn Said. Ahmed, à la tête de sa cavalerie, pénétre dans El Ifriqia, bat les fatimides, vient mettre le siège devant Tunis, et rentre en Espagne chargé de dépouilles et de richesses, après avoir frappé la ville d'une contribution considérable.

Après cette violente agression, le calife de Kairouan conçut contre celui de Cordoue de terribles ressentiments; mais comme Abdel Rahman, peu occupé en Espagne par les chrétiens, entretenait en Afrique des forces considérables , il dissimula ses désirs de vengeance, attendant du temps une occasion favorable. Il crut l'avoir trouvée, lorsqu'on 960 apprenant que le général Jawhar El Roumi, جوهر الصقلي, Jawhar Al Siquilli au service du Calife Fatimide était sorti de Kairouan à la tête d'un corps nombreux de cavalerie, se mit aussitôt en mesure de repousser l'agression ; les deux armées se rencontrèrent dans les environs de Tlemcen, et s'y livrèrent une bataille long-temps disputée. La victoire se rangea du côté de Jawhar El Roumi, et le lieutenant d'Abdel Rahman fut tué dans le combat ; son fils, recueillant avec peine les débris de l'armée, se dirigea vers Tanger. Jawhar El Roumi ne se borna pas à ce premier succès : il s'empara de Fès qui ne l'arrêta que pendant treize jours. La chute de Fès entraîna la reddition de toutes les places du Maghreb, à l'exception de Ceuta, Tlemcen et Tanger, dont le vainqueur n'osa entreprendre les sièges. Ces rapides et glorieuses conquêtes du calife de Kairouan s'effacèrent bientôt devant les armes du vieux Abdel Rahman. Pour venger sa défaite, il fit passer le détroit à un corps nombreux de sa belle cavalerie andalouse; en peu de mois, tout le pays fut reconquis, Fès emportée de vive force, toutes les villes soumises, les troupes Fatimides presque entièrement détruites, et le nom d'Abdel Rahman, Amir El Mou'menin et El Nacer Li Din Allah, de nouveau proclamé aux acclamations générales du peuple. Ces mémorables événements signalèrent les dernières années de la vie glorieuse d'Abdel Rahman : il mourut dans la soixante-douzième année de son âge; il avait occupé le califat d'Occident pendant cinquante ans.

Les califes Fatimides de Kairouan ne songèrent plus après cette défaite à inquiéter -sérieusement- les califes de Cordoue dans leurs possessions du Maghreb. Ils tournèrent leurs armes contre l'Égypte...


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