Et les femmes de Tlemcen, l'antique cité des Zianides ?

L'historien Ibn-Khaldoun, qui professa longtemps à Tlemcen et qui a écrit l'Histoire des Berbères, raconte une scène vraiment
émouvante qui se passa dans le Méchouar ou palais des rois au XIV° siècle. Depuis plus de huit ans, le sultan mérinide de Fès bloquait Tlemcen. Pour la faire capituler, il avait construit près d'elle et contre elle une ville forte, El Mansoura, dont nous pourrons encore voir l'enceinte. Réduits par la famine, les assiégés étaient sur le point d'ouvrir leurs portes. Le sultan de Tlemcen et son frère, retirés dans un coin du Méchouar, s'entretenaient de leur situation désespérée, lorsqu'une servante vint leur dire que toutes les dames ou demoiselles de la cour l'avaient chargée d'un message conçu en ces termes :

« Vous êtes réduits aux abois, l'ennemi s'apprête à vous dévorer ; encore quelques instants de répit, et vous allez succomber. Donc, épargnez-nous la honte de la captivité; ménagez en nous votre propre honneur, et envoyez-nous à la mort. Vivre dans la dégradation serait un tourment horrible ; vous survivre serait pire que le trépas. »

C'étaient là de nobles et stoïques paroles, des sentiments qui ne peuvent inspirer que du respect et de l'admiration. »