samedi 2 avril 2016

MEDINA AL-ZAHRA, LA FLEUR DES CITÉS D'OCCIDENT

AL-Zahra était le nom bien-aimé de la favorite d'Abdel Rahman III, khalife Omayyade de l'Andalousie. À trois milles au nord-est de Cordoue, au pied de la montagne d' Al-Arouss , le khalife, s'il faut en croire la légende, bâtit, il y a mille ans, en l'honneur de sa fleur de beauté, la charmante AL-Zahra , une citadelle ou, pour mieux dire, une ville destinée á servir de résidence à la sultane et digne de porter le nom qu'elle lui donna. Pendant plus de trente ans des milliers d'ouvriers et artistes travaillèrent sans relâche à l'érection de la cité, tandis que le khalife surveillait de sa personne les progrés de l'entreprise.

L'Alcazar , qui appuyait au flanc de la montagne ses bâtiments en amphithéâtre, était, d'aprés la description des contemporains, le plus magnifique édifice, dont la conception fut jamais sortie du cerveau de l'homme. Les appartements des femmes étaient assez vastes pour abriter plus de six mille servantes de toutes catégories. On n'employa que du marbre à la décoration du palais, et des milliers de colonnes de jaspe de Rayé et de Filabrés, de Rome et de Tunis , vinrent augmenter par la diversité de leur coloration le charme du tableau. De larges canaux amenaient l'eau de la montagne jusque dans les cours et les bains de l'Alcazar, jusque dans ses bassins et fontaines. Les portes étaient en airain doré.

La plus belle piéce du monument était la salle des cérémonies, décorée d'arabesques en stuc multicolore et ornee d'un riche plafond de bois, dont le point central laissait pendre dans une charmante suspensión une perle d'une inestimable valeur, présent vraiment royal de l'empereur d'Occident, Constantin Porphyrogénéte. Les diamants et les émaux jetaient sur toutes ces merveilles l'éblouissement de leurs feux, et des bassins pleins de mercure reflétaient, comme autant de miroirs, les charmes des femmes de la cour. La chambre à coucher du khalife contenait une fontaine flanquee de figures d'animaux en metal doré, qui, selon la mode du temps, lancaient des torrents d'eau par leurs gueules entrouvertes. Des statuettes, rehaussées par des pierres précieuses, représentaient, dans le style babylonien, des lions, des éléphants, des erocodiles et des gazelles. Enfin, des statues en marbre vert de Syrie s'abritaient au fond d'une niche élégante, pendant que des oiseaux magnifiques s'ébattaient joveusement dans les jardins et que les étangs fourmillaient de poissons d'or et d'argent.

La belle Al-Zahra n'avait qu'á exprimer un voeu pour le voir aussitôt accompli. Des montagnes entières furent ainsi défoncées et nivelées; d'autres se couvrirent d'arbres superbes, de façon á entourer toute la ville d'un rideau de verdure. La cité d' Al-Zahra possédait une mosquée d'une magnificence extreme : Le minaret n'avait pas moins de cinquante metres de hauteur; les mosaiques, les cristaux et les riches couleurs du Mihrab déployaient un charme magique incomparable. Par malheur, en l'an 1010, soixante quatorze ans aprés sa construction, cette ville féerique, assaillie par des fiordes barbares, devint la proie des flammes, et, quand la m a in criminelle de Suleiman eut ainsi détruit une des ceuvres les plus ravissantes de tous les temps, les malheureux habitants de Medina AL-Zahra se dispersérent dans toutes les directions, ne laissant derriére eux à la postérité qu'un monceau de décombres et de cendres.










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