QUAND IBN M'SAIB, LE POÈTE SE MÉTAMORPHOSE EN SAINT
Tlemcen est une pépinière de saints célèbres par leur piété, de savants illustres et de poètes lettrés dont s'honore la littérature arabe et que les anciens rois Zianides mettaient toute leur gloire à encourager. On peut se demander quelquesfois pourquoi Tlemcen plus que partout ailleurs, il y a tant d'esprits qui recèlent en eux-même la faculté poétique. À quoi attribuer ce phénomène? Est-ce un effet de climat? Est-ce un don naturel? Quoiqu'il soit difficile de répondre à de telles questions, on peut dire cependant que la faculté poétique, étant généralement considérée comme une inspiration et que l'inspiration elle-même n'étant autre chose que la sensibilité et l'imagination combinées, le brillant épanouissement de la poésie de la perle du Maghreb et l'existance à Tlemcen d'un si grand nombre de poétes s'expliquerait par deux facteurs: La situation géographique et historique de Tlemcen et la simplification des règles de la prosodie et de la versification de la poésie.
Parmi les poètes de Tlemcen qui excellent dans la poésie et surtout la "qasida, قصيدة", des prières à Dieu pour implorer son assistance, demander sa grâce et mériter les délices éternelles du paradis, on peut citer Ibn M'saib, إبن مسايب, Ibn Triki, إبن تريكي Ibn Sahla, إبن سهلة ou encore Cheikh Mustapha Bendimerad, الشيخ مصطفى بن ديمراد. Il faut dire que que le poète le plus populaire, le plus célèbre et le plus admiré à Tlemcen est incontestablement Ibn M'saib, إبن مسايب. El Hadj Mohamed Ibn M'saib est né à Tlemcen, au début du XIIe siècle de l'hégire d'une famille originaire de l'andalousie qui habita successivement Fès, et Ouejda avant de se fixer à Tlemcen" Notre poète à eu une jeunesse mouvementée. Élève d'une école coranique du quartier de Bâb Ziri, il apprit par coeur une grande partie du coran et quelques notions du droit islamique et la grammaire arabe. son père soucieux de son avenir il le confia à "un Derraz, tisserant", mais au lieu qu'il profite de la Herfa et des judicieux conseil de son père, Ibn M'saib commença à faire des vers à l'honneur de la fille du patron "Aouicha la svelte" dont il épousa.
Ses poésies satiriques et érotiques le rendirent célèbre et suspect à la fois et les pères de famille se défiaient beaucoup du voisinage et de l'approche du Ckeikh galant. Ibn M'saib, en effet, poussa l'audace jusqu'à chanter la fbauté et la grâce d'une femme du caid turc de Tlemcen et vit s'ouvrir devant lui les portes de la prison. Remis en liberté par l'entremise de ses parents et d'amis puissants, le juene poète se rendit au Maroc oú il reste quelqu temps à Meknès jouissant de l'estime et de la considération des fils successeur de Moulay Ismael. C'est vrai que cet exil volentaire fut profitable à son génie et rendit sage le jeune cheikh. Rentré dans sa ville natale, et reconcilié avec les autorités ottomanes de Tlemcen, il mena une vie pleine d'avantures, revenu à la foi, il se rendit à la Mecque pour "se laver de ses péchés". Ce pilier de l'islam accompli, Ibn M'saib ne songea plus qu'à être un parfait musulman et se consacra entièrement à la dévotion et aux oeuvres de piété.
Il mourrut en l'an 1190 de l'hégire (1768) et il fut enterré à quelques mètres du sanctuaire de Sidi Sénoussi à ain Ouanzouta. Ibn M'saib aux yeux des tlemceniens n'est pas seulement un poète, mais c'est aussi un "ouali" un ami de Dieu, un saint. Son tombeau est l'objet de fréquentes visites pieuses et les femmes tlemceniennes viennent un certain jour de la semaine, surtout le Vendredi matin, demander aux cendres de ce personnage quelques faveures surtout le retour de leurs maris et leurs parents absents...
SIDI IBN M'SAIB...HADDAR EL GHAYEB, سيدي إبن مسايب حضّر الغايب
Seigneur Ibn M'saib, fais venir l'absent. Tel est le couplet que les femmes de Tlemcen répètent et à l'époque il n'y a pas de vielle femme qui ne savait pas quelque chose sur ce marabout.
Seigneur Ibn M'saib, fais venir l'absent. Tel est le couplet que les femmes de Tlemcen répètent et à l'époque il n'y a pas de vielle femme qui ne savait pas quelque chose sur ce marabout.
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