TLEMCEN MÉTROPOLE ANTIQUE DE TOLÉRENCE
Lorsqu'on parle de tolérence et liberté de culte, immédiatement le modèle andalous frappe les l'esprits et on oublie qu'à Tlemcen aussi "un art de vivre" était fortement pratiqué et largement inspiré de l'Andalousie musulmane. La tolérence à Tlemcen demeure encore ignorée, méconnue voire non-reconnue par les historiens. Contrairement à ce qu'on peut penser, la cité Zianide n'était pas un espace clos, bien au contraire plusieurs peuples se sont réfugiés derière ses murs depuis Pomaria, par exemple les chrétiens et les juifs qui vivaient sur son sol dominé par les musulmans, pratiquaient librement leurs religions et conservaient leurs traditions.
Avant d'être musulmane, l'antique Tlemcen "Pomaria" était chrétienne qui dépendait naturellement des rapports spirituels et religieux de Rome. Ainsi Pomaria (Tlemcen la Romaine qui veut dire les vergers) était devenue un camp militaire important qui jouissait des prérogatives attachées à son titre de colonie romaine. Le premier évêque de Tlemcen s'appelait "Victor", les références historiques mentionnent qu'en 411 il assista au concile de Carthage. Le dernier connu à ce jour était nommé Honoratus qui en 484 fut condamné à l'exil car il a refusé d'embrassé la foi des Ariens, آريوسيين en arabe. Plus tard, le géographe andalous, أبو عبيد البكري Abou Oubayd El Bakri, (1030-1090) confirme que Tlemcen était une ville peuplée de chrétiens et des églises existaient destinées au culte du christianisme: وبها آثار عادية و كنائس حتى الآن معمورة, "cette ville renferme des ruines de monuments antiques ey l'on y voit de nos jours des églises entreneues par les chrétiens".
Durant les Almoravides, certe leur empire devait peu à peu absorber tous les autres petits états-tribus du Maghreb mais aussi ceux de l'Andalousie, y compris Tlemcen ou plutot Agadir-Taghrart comme nous l'avons vu précédemment. Il est probable que les Chrétiens y étaient encore plus nombreux et ce qui est extraordinaire, ils étaient protégés par l'émir des musulmans Youcef Ibn Tachfine, أمير المسلمين يوسف إبن تشفين. La situation des Chrétiens de Tlemcen n'a pas changé au cours des Almohades. héritiers de l'empire Almoravide, certains de ces Roum ou Naçara الرّوم أو النّصارى ont été même incorporés dans dans l'armée musulmane sans pour autant renier leur foi.
Yaghmoracen Ibn Ziane fondateur des Zianides dont la capitale était Tlemcen, avait pris sous son aile plusieurs Chrétiens comme indiqué par Yahia Ibn Khaldûn (historien des Zianides), le frère cadet de Abdel Rahman Ibn Khaldûn (Sociologue): "Yaghmoracen avait à sa solde un escadron de deux milles cavaliers Chrétiens qu'il avait tiré des pays soumis à l'empire des Almohades. Le destin voulu qu'il passât un jour en revue toutes ses troupes hors des murs de sa capitale: C'était un mercredi Rabie second de l'année 653 de l'hégire. Quand il fut arrivé aux Chrétiens qui étaient au dernier rangs de l'armée ceux-ci le trahirent et tuèrent son frère Mohammed. Le chef de leurs officiers s'étant alors jetté sur le roi, le saisit par le corps, mais Yaghmoracen plus vigoureux que son adversaire parvint à se débarasser de lui il appela à son secours les gens de sa tribu qui, dégaînant leurs épées coururent attaquer les Chrétiens et en fire un tel massacre qu'il n'en échappa pas un seul. C'est là ajoute Yahia Ibn Khaldûn la raison pour laquelle les rois de sa dynastie n'ont plus voulu depuis cette époque prendre des Chrétiens à leur solde"
À Tlemcen, on ne sait pas qu'à t-il arrivé aux églises chrétiennes? Nous savons simplement que le quartier commerciale d'Al Quissaria habritait plusieurs d'entre elles, aussi des caravansérails pour accueillir les Chrétiens commerçants venus de l'Andalousie, Marseille, Génoa, Venise...et une administration qui régulait leurs transactions et qui assurait le payement des taxes au service des douanes des sultans Zianides.
Tlemcen accueillait souvent des réfugiés juifs chassés de l'andalousie dès les première poussées de la Reconquista. Au départ les rois Zianides leur ont attribué le quartier de Kebassa (El Kiffane), l'extrême nord de Tlemcen c'est là oú on peut trouver leur cimetière. En 1464, Tlemcen fut la première ville du Maghreb qui a permis aux juifs de s'établir au centre de la capitale Zianide pas loin de la citadelle d'El Méchouar de plus un quartier tout entier leur a été dédié à la demande du fameux rabin Andalous Ephraim Al Nakawa, Rav (Maître) qui d'après une légende avait soigné la princesse Zianide du sultan Ahmed Al Akil. Mais il semblerai que la raison principale était socio-économique car Tlemcen était sur le point de voir débarquer plusieurs juifs séfarades suite à la chute de Grenade en 1492, des medecins (dont le Rav), philosophes, musiciens, artisants orfèvres, architectes...Les sultans Zianides ne pouvaient délaisser une telle richesses en les hébergeant dans "des Mellah" comme au Maroc, ils ont vite mesuré les apports bénéfiques dans tous les domaines qui pouvaient porter encore plus haut leur capitale. Par période, les juifs n'étaient pas les bienvenus à Tlemcen, plusieurs savants et Fouqaha tlemceniens se sont révoltés contre eux. On peut citer le Sheikh Abdel El Kerim El M'ghili, الشيخ عبد الكريم المغيلي natif de Tlemcen en 1425 et appuyé par le Sheikh Mohammed Tenessy et Sidi El Sénoussi quitta Tlemcen et se dirigea vers le Touat (sud-ouest algérien) oú des juifs contrôlaient le commerce transsaharien. Le Sheikh était connu pour sa lutte contre les juifs "Touati", il serait même à l'origine de la destruction de leur synagogues surtout après l’assassinat de son fils. En plus des deux grands savants cités précédemment, El Mghili receva même l'approbation de Abou Abdallah Er-Ressa, muphti de Tunis ; de Abou Mehdi Issa El Mouacy, muphti de Fès ; de Ahmed Ben Zekri, muphti de Tlemcen ; du cadi Abou Zakaria Yahia El Ghomari et de Abderrahmane Sabou, tous deux également de Tlemcen. Ces événements peuvent expliquer la disparition des synagogues de Tlemcen.
Quoi qu'il en soit, les religions n'ont pas pu mettre fin aux racismes et aux guerres, alors je rejoins Erich Fromm lorsqu'il a dit que: "La tâche à laquelle nous devons nous atteler, ce n’est pas de parvenir à la sécurité, c’est d’arriver à tolérer l’insécurité."
Lorsqu'on parle de tolérence et liberté de culte, immédiatement le modèle andalous frappe les l'esprits et on oublie qu'à Tlemcen aussi "un art de vivre" était fortement pratiqué et largement inspiré de l'Andalousie musulmane. La tolérence à Tlemcen demeure encore ignorée, méconnue voire non-reconnue par les historiens. Contrairement à ce qu'on peut penser, la cité Zianide n'était pas un espace clos, bien au contraire plusieurs peuples se sont réfugiés derière ses murs depuis Pomaria, par exemple les chrétiens et les juifs qui vivaient sur son sol dominé par les musulmans, pratiquaient librement leurs religions et conservaient leurs traditions.
Avant d'être musulmane, l'antique Tlemcen "Pomaria" était chrétienne qui dépendait naturellement des rapports spirituels et religieux de Rome. Ainsi Pomaria (Tlemcen la Romaine qui veut dire les vergers) était devenue un camp militaire important qui jouissait des prérogatives attachées à son titre de colonie romaine. Le premier évêque de Tlemcen s'appelait "Victor", les références historiques mentionnent qu'en 411 il assista au concile de Carthage. Le dernier connu à ce jour était nommé Honoratus qui en 484 fut condamné à l'exil car il a refusé d'embrassé la foi des Ariens, آريوسيين en arabe. Plus tard, le géographe andalous, أبو عبيد البكري Abou Oubayd El Bakri, (1030-1090) confirme que Tlemcen était une ville peuplée de chrétiens et des églises existaient destinées au culte du christianisme: وبها آثار عادية و كنائس حتى الآن معمورة, "cette ville renferme des ruines de monuments antiques ey l'on y voit de nos jours des églises entreneues par les chrétiens".
Durant les Almoravides, certe leur empire devait peu à peu absorber tous les autres petits états-tribus du Maghreb mais aussi ceux de l'Andalousie, y compris Tlemcen ou plutot Agadir-Taghrart comme nous l'avons vu précédemment. Il est probable que les Chrétiens y étaient encore plus nombreux et ce qui est extraordinaire, ils étaient protégés par l'émir des musulmans Youcef Ibn Tachfine, أمير المسلمين يوسف إبن تشفين. La situation des Chrétiens de Tlemcen n'a pas changé au cours des Almohades. héritiers de l'empire Almoravide, certains de ces Roum ou Naçara الرّوم أو النّصارى ont été même incorporés dans dans l'armée musulmane sans pour autant renier leur foi.
Yaghmoracen Ibn Ziane fondateur des Zianides dont la capitale était Tlemcen, avait pris sous son aile plusieurs Chrétiens comme indiqué par Yahia Ibn Khaldûn (historien des Zianides), le frère cadet de Abdel Rahman Ibn Khaldûn (Sociologue): "Yaghmoracen avait à sa solde un escadron de deux milles cavaliers Chrétiens qu'il avait tiré des pays soumis à l'empire des Almohades. Le destin voulu qu'il passât un jour en revue toutes ses troupes hors des murs de sa capitale: C'était un mercredi Rabie second de l'année 653 de l'hégire. Quand il fut arrivé aux Chrétiens qui étaient au dernier rangs de l'armée ceux-ci le trahirent et tuèrent son frère Mohammed. Le chef de leurs officiers s'étant alors jetté sur le roi, le saisit par le corps, mais Yaghmoracen plus vigoureux que son adversaire parvint à se débarasser de lui il appela à son secours les gens de sa tribu qui, dégaînant leurs épées coururent attaquer les Chrétiens et en fire un tel massacre qu'il n'en échappa pas un seul. C'est là ajoute Yahia Ibn Khaldûn la raison pour laquelle les rois de sa dynastie n'ont plus voulu depuis cette époque prendre des Chrétiens à leur solde"
À Tlemcen, on ne sait pas qu'à t-il arrivé aux églises chrétiennes? Nous savons simplement que le quartier commerciale d'Al Quissaria habritait plusieurs d'entre elles, aussi des caravansérails pour accueillir les Chrétiens commerçants venus de l'Andalousie, Marseille, Génoa, Venise...et une administration qui régulait leurs transactions et qui assurait le payement des taxes au service des douanes des sultans Zianides.
Tlemcen accueillait souvent des réfugiés juifs chassés de l'andalousie dès les première poussées de la Reconquista. Au départ les rois Zianides leur ont attribué le quartier de Kebassa (El Kiffane), l'extrême nord de Tlemcen c'est là oú on peut trouver leur cimetière. En 1464, Tlemcen fut la première ville du Maghreb qui a permis aux juifs de s'établir au centre de la capitale Zianide pas loin de la citadelle d'El Méchouar de plus un quartier tout entier leur a été dédié à la demande du fameux rabin Andalous Ephraim Al Nakawa, Rav (Maître) qui d'après une légende avait soigné la princesse Zianide du sultan Ahmed Al Akil. Mais il semblerai que la raison principale était socio-économique car Tlemcen était sur le point de voir débarquer plusieurs juifs séfarades suite à la chute de Grenade en 1492, des medecins (dont le Rav), philosophes, musiciens, artisants orfèvres, architectes...Les sultans Zianides ne pouvaient délaisser une telle richesses en les hébergeant dans "des Mellah" comme au Maroc, ils ont vite mesuré les apports bénéfiques dans tous les domaines qui pouvaient porter encore plus haut leur capitale. Par période, les juifs n'étaient pas les bienvenus à Tlemcen, plusieurs savants et Fouqaha tlemceniens se sont révoltés contre eux. On peut citer le Sheikh Abdel El Kerim El M'ghili, الشيخ عبد الكريم المغيلي natif de Tlemcen en 1425 et appuyé par le Sheikh Mohammed Tenessy et Sidi El Sénoussi quitta Tlemcen et se dirigea vers le Touat (sud-ouest algérien) oú des juifs contrôlaient le commerce transsaharien. Le Sheikh était connu pour sa lutte contre les juifs "Touati", il serait même à l'origine de la destruction de leur synagogues surtout après l’assassinat de son fils. En plus des deux grands savants cités précédemment, El Mghili receva même l'approbation de Abou Abdallah Er-Ressa, muphti de Tunis ; de Abou Mehdi Issa El Mouacy, muphti de Fès ; de Ahmed Ben Zekri, muphti de Tlemcen ; du cadi Abou Zakaria Yahia El Ghomari et de Abderrahmane Sabou, tous deux également de Tlemcen. Ces événements peuvent expliquer la disparition des synagogues de Tlemcen.
Quoi qu'il en soit, les religions n'ont pas pu mettre fin aux racismes et aux guerres, alors je rejoins Erich Fromm lorsqu'il a dit que: "La tâche à laquelle nous devons nous atteler, ce n’est pas de parvenir à la sécurité, c’est d’arriver à tolérer l’insécurité."
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