jeudi 28 janvier 2021

Abdel Rahman III, le Calife Magnifique qui a unifié l'Andalousie

"Depuis que je suis calife, Richesses, honneurs, plaisirs, j'ai tout possédé, tout épuisé. Les rois, mes rivaux, m'estiment, me redoutent, et me porte envie. tout ce que l'homme désire, le ciel me l'a prodigué; et cependant dans ces longues années d'apparente félicité, je ne puis compter que quatorze jours heureux. Qu'es-ce donc que la grandeur, le monde et la vie? On peut facilement lire un curieux équilibre qu'Abdel Rahman III partageait dans la dernière partie de sa vie, épuisé à 70 ans pour ce qui est actuellement diagnostiqué comme une mélancolie involutive, selon le psychiatre Juan Antonio Vallejo-Nágera dans son livre `` Locos egregios ''.

Il n'est pas surprenant qu'il ait compté les jours heureux, car l'héritier de la dynastie Omeyyade a consacré une grande partie de sa vie à un idéal plus grand que lui: la construction d'un Al-Andalus uni et indépendant. Décrit par les chroniqueurs de l'époque comme un homme de petite taille, aux cheveux blonds, aux yeux clairs et à la peau rosée qui se teintait la barbe en noir pour imposer le respect à l'aristocratie musulmane, il hérita de ces traits de sa mère Mouzna, une concubine chrétienne probablement d'origine (Oum El Walad).

Abdel Rahman III (Cordoue, 7 janvier 891- El Medina El Zahra, 15 octobre 961) ou أمير المؤمنين أبو المُطرّف عبد الرحمن الناصر لدين الله était un stratège musulman, comme le légendaire Abdel Rahman I (El Dakhil) prince émigré de Damas dont il tire son nom, mais en tant qu'Arabe, il n'avait que la minuscule charge génétique qui restait de son ancêtre et il évitait toujours de s'identifier comme tel. Mais, il était le chef parfait pour une nation andalouse unie. Son mérite est que la moitié de la population andalouse professait l'islam, sans perdre le soutien d'autres groupes culturels tels que les Berbères, les Juifs ou les Mouwaladine (métisses). La population chrétienne avait une importance particulière dans son règne qui, bien qu'ayant reçu un traitement plus sévère que ce dernier, en vint à occuper des régions entières et excellait dans des activités telles que le commerce ou la médecine dans les grandes villes.

Preuve de sa tolérance, deux des figures les plus illustres de sa cour appartenaient à d'autres confessions: alors que l'évêque chrétien Recemundo était l'un des conseillers les plus fidèles du souverain, au point de servir d'ambassadeur auprès de l'Empire byzantin, le sage juif Hasday ibn Shaprut. Malgré les guerres nombreuses, le calife Abdel Rahman III fit briller à sa cour un luxe merveilleux, et déploya dans la protection des sciences et de la poésie une magnificence qui n'avait pas encore été égalée. C'est lui qui fonda la première école de medecine qui exista en Europe, et dont la science et la renommée sont attestées par la guérison du roi Chrétien Don Sancho, qui obtient du calife la permission de venir à Cordoue se faire traiter par les medecins musulmans

L'épicentre de ce croisement culturel était situé dans le somptueux palais d'El Medina El Zahra, où affluaient des émissaires du monde entier. Devant la mare de mercure qui aveuglait les visiteurs dans la salle de réception, les nobles de León et de Barcelone se sont prosternés, par exemple, qui ont rendu hommage au calife en tant que «seigneur d'Hispanie»

À la mort de ce Calife Magnifique, on trouve au trésor public (Khizanet el Mâl) 5 millions de dinars, soit 250 quintaux d'or monnayé. Sous son successeur, son fils El Hakam II, le total des recettes versées s'élèvait à 40 millions de dinars...Tout cela me laisse songeur.

Photo : Statue du Calife Magnifique omeyyade Abdel Rahman El Nacer (Abdel Rahman 3) sous les murs de la forteresse Alcazaba d'Alméria en Andalousie car c'était lui le fondateur de cette ville stratégique.



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

الجزائر بـ «قبر الهجمات - Alger « tombeau des attaques »

 La côte d'Alger a souvent été surnommée le « tombeau des attaques » en raison des échecs répétés des grandes puissances européennes à s...