dimanche 17 juin 2018

LE POUVOIR D'ACHAT EN ANDALOUSIE MUSULMANE

Voici un sujet qui fait toujours couler beaucoup d'encre et qui pousse des millions de personnes à sortir dans les rues tous les jours. Il fut une période où à toute tâche à la quelle un salaire était proposé, on doublait le plaisir de l'accomplir, mais malheuresement ce temps est révolu. Si vous demandez à un économiste ce que veut dire "le pouvoir d'achat", il vous répondra simplement qu'il s'agit: "de la quantité de biens et services qu’une somme d’argent permet d’acheter". En particulier, le pouvoir d’achat d’un ménage est la capacité d’achat que lui permet l’intégralité de ses revenus. En termes dynamiques, on peut dire que le pouvoir d'achat est intimement lié au fameux "Salaire". Je ne sais pas si vous le savez ou pas mais le mot "Salaire" est dérive du mot "Sel" car à l'époque Romaine ce mot désignait la ration de sel fournie aux soldats Romains. Depuis le mot a évolué pour désigner la ration en argent versée pour acheter quasiment tout...Je veux dire en fonction du pouvoir d'achat de chacun.

On dit souvent que la période la plus prospère de l'Andalousie fut pendant que cette région était sous domination musulmane. Mais comment peut on quantifier cette prospérité? Certains, se tourne vers les somptueux vestiges démésurés, exagérés que les touristes peuvent admirer et considérer avec un enthousiasme extravagant. Mais je pense que pour porter un jugement exact sur la place de l'Espagne musulmane dans le cadre économique du monde, on doit comparer les prix et les salaires dans cette terre avec les données analogues des autres pays musulmans fleuris, qui formaient une grande unité économique.

Commençons par les plus importants:

DENRÉES:
Le prix nous intéressera en première ligne est le froment, puisque, partout on cuisait du pain de froment pour toutes les couches de la population. Les références historiques nous indiquent qu'en XIème 100Kg de froment coûtait 6 dinars à Cordoba. Pour une quantité équivalante à Kairouan, on constate qu'à cette époque on payait, 3 dinars. Par un butin de l'armée lors d'une compagne du Calife Abdel Rahman III, le prix de 100Kg a baissé pour atteindre 0,0063 dinars les 100kg. Et le même prix a été enregistré pedant le règne de Yaacoub El Mansour Al Mouwahidi en 1184.

DROGUES:
II y avait également, pour certains produits, des différences entre les prix pratiqués dans l'Espagne musulmane et ceux des pays de l'Orient. Al Maqqari nous apprend qu'une onze d'ambre valait à Cordoue 3 dinars et au Caire 10 dinars. Il se pourrait que ça soit lié à la qualité.
L'ammoniaque, la première moitié du XIème siècle, on payait alors, en Andalousie, un marabotin pour 3 1/4 Ritl d'ammoniaque. En Orient, on payait environ 1 /3 de dinar égyptien pour 1 mann (de 812 gr).

TISSUS ET VÊTEMENTS:
La filoselle (la soie mal filée) la « bonne » filoselle valait alors en Andalousie 0,9 marabotins ; que la filoselle « d'exportation » était vendue au prix de 0,16 marabotins (une ancienne monnaie andalouse, veut dire butin fait sur les Maures, dépouilles des Maures, et qu'on nomma cette monnaie de ce nom, parce qu'elle fut faite de l'or enlevé aux Maures). la filoselle écorcée de bonne qualité coûtait alors 7 marobotins. Un Hayek à Cordoba coûtait environ 0.24 dinars, certains manteaux atteignaient le prix de 10 dinars par leur qualité, comme le manteau de Bouracan. on payait 50 à 60 dinars pour un tapis de feutre.

MAISONS ET LOYERS:
Dans l'ancienne capitale des Omayyades Cordoba, des maisons coûtaient alors respectivement 50-60, 160 et 280 mithqàls, مثقال. Le mithqâl est la monnaie d'or pesant 4,25 gr, appelée aussi dinar. Les immeubles qui valaient 160 et 280 dinars étaient sans aucun doute des maisons spacieuses. une grande maison (Dâr en arabe) : il dit que cet immeuble coûtait 150 « monnaies d'or », plus petite valait 50 à 60 monnaies d'or. Puis les prix ont chuté avec le début de la Reconquista, en 1121 un immeuble coûtait seulement 150 monnaies d'or, maison de grandeur moyenne, 40 à 50 monnaies d'or, et les petites maisons 10 à 20 monnaies d'or.

SALAIRES:
Abdel Rahman III offrait, 0.5, 2 ou 8 Dirhams (en argent) par jours aux ouvriers d'El Madina Zahra, tout dépendant des compétances biensure. Puisqu'on donnait alors 17 dirhams pour un dinar, le revenu mensuel de ces ouvriers s'élevait à 2,6, 3,5 et 5,3 dinars respectivement. De plus, les prix des aliments offerts aux ouvriers étaient réduits, ou encore recevoir des ustensiles en guise de cadeau. A la même époque, Un journalier touchait seulement, en Irak et en Egypte, de 1,2 à 2 dinars et un spécialiste, en Irak, ne gagnait que 2 dinars et demi. A la fin, du Xème siècle Al Mansour Ibn Abi Amir lors de sa première fonction à Al Madina Zahra touchait 15 dinars. Les allocations et les salaires des hauts dignitaires étaient de beaucoup plus élevés. Le calife Abdel Rahmân III, alloua, en l'an 912, aux deux fils de son premier ministre Badr 30 dinars par mois (à chacun). Le premier ministre (hadjib) lui-même touchait, dans la deuxième moitié du XIe siècle, 80 dinars. C'est ce que recevait al-Mansûr après qu'il fut appelé à ce poste en 977. Le préfet de la ville de Cordoue touchait, selon Ibn Hayyân, à l'époque d'Abdel Rahman III, 100 monnaies d'or.


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