dimanche 19 avril 2015

DJAMÂA EL GHAZAOUET
À une cinquantaine kilomètres de Tlemcen, débouché de la fertile vallée de Nedroma, un petit port de cabotage et de pêche célèbre dans tout le pays pour ses sardines et ses anchois attire notre attention. Depuis l'antiquité, la principale importance de ce port est dans le commerce. Aujourd'hui, il est connu sous le nom de "Ghazaouet" alors que durant la colonisation française ce port portait le nom de Nemours en référence à Louis-Charles-Philippe-Raphaël d’Orléans, duc de Nemours (1814-1896) deuxième fils de Louis-Philippe et de la reine Amélie par une ordonnance royale signée à Paris le 24 décembre 1846 et promulguée le 15 février 1847. Au moyen âge les références historiques mentionnent que cette région était une place favorite des pirates d'oú le nom de "Djemmâa-Ghazaouet". Ou encore qui signifie le lieu de réunion des expéditions belligérantes, un nom qui a été donné à cette région vers la fin de la dynastie Zianide. À l'époque romaine, la ville s'appelait "Ad Fratres" à cause de deux rochers de 25 m à proximité de la côte. Quant au peuple primitif de cette région, le amazighes eux ils ont choisi de donner le nom de "Taount" qui d'après l'historien El Bekri veut dire "celle qui est montée sur la colline". Cette appélation a donné naissance à une légende dont le héro était Yaghmoracen Ibn Ziane fondateur des Zianide:
« Un jour, le roi de Tlemcen, Yaghmoracen Ibn Ziane vint rendre visite au pacha de Taount, nommé Yahia, qui caressait en secret l'espoir d'être sultan. Yahia refusa de payer à son suzerain, le roi Yaghmoracen, la redevance pécuniaire qu'il avait coutume de lui verser chaque année et se proclama indépendant. Fort dépité, le souverain de Tlemcen feignit de prendre la chose du bon côte et repartit avec son escorte vers sa capitale.
Quelques mois plus tard Yaghmoracen, résolut, pour en finir, de s'emparer de Taount par la ruse et de punir Yahia le félon. Il fit construire à cet effet deux cents coffres de bois (dans chacun desquels pouvait se tenir un homme caché) et les fit transporter de nuit, à dos de mulet, sur le plateau de Sidi Amar, à un endroit que les habitants de la région appellent encore, en souvenir de cet événement « Dar Yaghmoracen » à quelques kilomètres de Ghazaouet actuelle. Le roi lui-même vint y camper avec une petite armée et y passer la nuit. A la pointe du jour Yaghmoracen ordonna à ses soldats d'entrer dans les caisses et dépêcha aussitôt un émissaire au Seigneur de Taount. Cet envoyé avait mission de l'avertir que le roi de Tlemcen allait arriver avec une escorte pour lui offrir de riches présents. Ne se méfiant de rien, le vaniteux Yahya s'empressa de faire ouvrir la porte principale de la citadelle. Quand ils virent arriver les mulets chargés chacun de deux caisses, les gens de Taount introduisirent eux-mêmes dans la forteresse ces funestes coffres dans lesquels les guerriers de Yaghmoracen armés jusqu'aux dents étaient cachés. À un signal convenu, les guerriers de Yaghmoracen firent jouer le système de fermeture de leur cachette et surgirent comme des démons en poussant de grands cris. Par la surprise et par la force ils réussirent sans peine à se rendre maître de la citadelle de Taount». C'est ainsi que le roi de Tlemcen put rétablir son autorité sur cette partie de son territoire et nommer un autre pacha dévoué à sa cause, pour remplacer le vassal infidèle et parjure qui avait cru pouvoir s'affranchir si facilement de sa suzeraineté.
Il fallait attendre la fin de la colonisation française pour voir revenir le nom de Ghazaouet mais en version courte. Nous savons aussi que ce port a vu débarqué de nombreux réfugié Andalous qui se sont installés à Ghazaouet et sa région et qui ont implanté une grande tradition andalouse et ont contribué à la maintenir jusqu’à ce jour, voici qulques témoignages :
« Sur la route de Nemours à Maghnia, au pied même des montagnes de Fellaoucene, se dresse la ville qui conserve son caractère mauresque et métropole des Andalous chassés Espagne ».
Pour ne pas oublier, cette région est devenue célèbre car elle était du 21 au 24 septembre 1845 le terrain de la fameuse bataille dite de Sidi-Brahim entre les troupes françaises et l'émir Abd El Kader. Elle dura 3 jours et 3 nuits. Les Français, commandés par le lieutenant-Colonel Montagnac, avaient engagé à la légère le 8e bataillon de chasseurs à pied et le deuxième escadron du 2e régiment de hussards contre les troupes de l'émir Abd El-Kader. Imprévue, mal commandée par un Montagnac inconséquent, la rencontre tourna mal pour les troupes françaises. Après un premier combat, les troupes françaises furent réduites de 450 à 82 chasseurs et hussards face à 10 000 Algériens. Acculés, les chasseurs de la compagnie de carabiniers se réfugièrent dans un marabout d'où ils repoussèrent tous les assauts. Après plusieurs jours de siège, les hommes, sans eau, sans vivres, à court de munitions, en furent réduits à couper leurs balles en morceaux pour continuer à tirer. Les survivants, n'ayant plus de munitions, chargèrent à la baïonnette. Ils percèrent les lignes ennemies et, sur les 80 survivants, 16 purent rejoindre les lignes françaises (5 moururent quelques jours plus tard). Seuls 11 chasseurs sortirent vivants de la bataille.
























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