RITES DU HENNÉ À TLEMCEN
"Tlemcen, Ô Tlemcen où les gens sont généreux et bienfaisants,
Chez toi il y a de précieuses jeunes filles, qui apprennent le Coran,
De jeunes épouses parées pour le mariage, portant henné et caftans,
Nabs aux oreilles et Kholkhals aux chevilles dont le visage est comme le cristal."
Chez toi il y a de précieuses jeunes filles, qui apprennent le Coran,
De jeunes épouses parées pour le mariage, portant henné et caftans,
Nabs aux oreilles et Kholkhals aux chevilles dont le visage est comme le cristal."
Il est certain que cet usage du henné est universellement répandu dans le monde arabo-musulman; mais à Tlemcen, la poudre du henné est considérée bien plus qu'une recommandation du prophète de l'islam (Le Prophète vieillissant se teignait la barbe en rouge, au henné). La plante elle-même est considérée avec un respect quasi religieux. Utilisée surtout au moment des fêtes, vous avez certainement croisé surtout des femmes dont les pieds, les mains ou seulement quelques doigts sont teints en rouge orangé ou brun. Chez les femme âgées, l'utilisation de la poudre de cette plante bénie est pour teindre leurs cheveux.
À Tlemcen, c'était naturellement un des ornements du Souq el Attarîn, العطّارين. Le henné acheté le jour d'Achoura a une valeur particulière. On s'en servira toute l'année pour soigner les maladies. Aussi les marchands de henné font-ils ce jour-là de belles affaires. Que dirait la famille si, le jour voulu, le père n'apportait pas, avec un petit air satisfait, la précieuse provision. Le jour de 'Achoura, on fait une provision de henné, qui servira toute l'année pour soigner les malades. Le henné rajeunit, dit-on couramment. Le rouge est le symbole de joie et de bonheur, comme le jaune attire le chagrin et le malheur. Les croyances à Tlemcen imposaient aux femmes de mettent du henné aux cheveux au moins toutes les six semaines, ou une fois par mois, de préférence un lundi ou un vendredi, jours fastes ; les autres jours cela pourrait attirer le malheur sur la famille. Après avoir peigné la chevelure, on l'entoure d'un emplâtre chaud de henné, que l'on conserve 24 heures. On va ensuite au hammam. A Tlemcen, pour que les cheveux allongent, les femmes mélangeaient au henné quelques feuilles de chanvre.
Le jour du Mouloud: on met du henné aux enfants, surtout aux filles. Six jours après, c'est le jour des "Fatàt du mouloud" (فتاة المولد) ; les fillettes changent de costume et se remettent du henné. On a préparé longtemps à l'avance le henné du mouloud. L'Aid Eséghir: Application de henné aux pieds et aux mains avant la dernière nuit qui précède la fête. Une femme qui va visiter une qoubba maraboutique peut s'être mis du henné ; ou bien elle en apporte un peu, qu'elle plaque sur le mur de la qoubba. Il faut voir là une déviation de l'usage dans le sens de la magie qui n'a aucun rapport religieux. Le henné joue un rôle important dans les grandes circonstances de la vie (naissance, circoncision, mariage, etc.), à divers titres : poudre hygié nique, moyen de se concilier les génies, parure de fête, etc. Le henné est d'abord un cadeau du fiancé à la fiancée, et un cadeau qui engage, quelque chose comme la bague de fiançailles, comme une promesse formelle devant le tribunal de l'opinion. Ce caractère apparaît clairement dans les fiançailles prématurées : à Tlemcen, « souvent les parents décident de marier l'un à l'autre deux enfants encore au berceau. Le jour où l'on prend cette décision, le père du garçon envoie environ 1 kg. de feuilles de henné dans un foulard de soie au père de la fillette. C'est ce qu'on appelle honnet-ettsbêts, le henné de la promesse, حنّة الإثبات.
Le jour du cadeau, ou N'har El Atia, نهار العطيّة qui, dans les milieux modestes, précède de peu la célébration du mariage, peut au contraire le précéder de plusieurs mois, ou même d'un an. De toutes façons, il y a ce jour-là, chez la fiancée, une petite cérémonie, qu'on appelle le petit henné, الحنّة الصغيرة. A Tlemcen, on teint les mains et les avant-bras de la jeune fille de ce henné qui a été apporté par le père du futur, sur un tîfoûr avec du sucre, des arachides, etc. Les invitées se teignent aussi. Il у a fête, musique, etc. Puis, une opération a lieu la veille ou l'avant-veille du mariage. Ce jour là est dit N'har El-Henna : on dit plutôt, car il s'agit de rites nocturnes, lilate el Henna; plus exactement Lilet el Henna el Kebira, ليلة الحنّة الكبيرة par opposition au petit henné qui a précédé.
la jeune fille est tenue de se rendre au Hammam (aux frais du père du futur époux) pour une purification préalable. Ce jour-là est dit N'har el Hammam, ou Youm-El-techlil, يوم التشليل, entre autres, on lavera la tête de l'épousée pour la débarrasser des croûtes de henné antérieures. une fois terminé, on trace au henné sur les pieds et les avant-bras des dessins géométriques. Le jour du mariage, chaque invitée dépose une pièce de monnaie sur la main enduite de henné de la mariée. Ce sont les neqout, النّقوت. Et comme toujours en cas de fête privée à Tlemcen, On fait circuler les friandises, sur deux petites tables, tifoûrs dont l'une porte avec les gâteaux, du henné. Le henné qui reste est employé par les jeunes compagnes 'de la fiancée, ou même par les femmes mariées présentes.
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