PRÉPARATION DE L'OCCUPATION ESPAGNOLE DE TLEMCEN
LETTRE DU DOCTEUR LEBRIJA, CORRÉGIDOR D’ORAN, A SA MAJESTÉ L’IMPÉRATRICE ISABELLE DE PORTUGAL
Malaga, 2 septembre 1531.
Ainsi que je l’ai déjà mandé plusieurs fois à Votre Majesté, j’ai mis tout en oeuvre pour déterminer les Arabes du royaume à faire cause commune avec nous, parce qu’il me paraissait que, de cette manière, on pourrait arriver à châtier le roi de Tlemcen de son manque de foi et de son obstination à ne plus permettre à ses gens de nous apporter des vivres, comme ils le faisaient autrefois. A cet effet, j’avais entamé des négociations avec le prince Mohammed et fait en sorte que son père, le roi Abd-Allah en fût informé par la voix la plus sûre, afin qu’il comprit tout ce qu’il avait perdu en renonçant à servir Votre Majesté. Il y a quinze jours, il me demanda de lui envoyer une personne avec laquelle il put s’entendre, et je m’empressai de faire partir deux juifs, hommes prudents et instruits, les plus adroits que j’avais pu trouver. D’abord tout alla bien, le roi paraissait content de renouer les négociations ; mais, sur ces entrefaites, il arriva à Tlemcen un ambassadeur du Grand-Turc. Moulay Abd-Allah fut si fier de la venue de cet envoyé que, non content de refuser audience aux deux juifs, il ordonna leur arrestation et les fit mettre à mort. Dans le même temps, le prince Mohammed me faisait prévenir de son arrivée prochaine à Oran, avec ses femmes, ses enfants et les principaux cheikhs de son parti ; il me disait qu’il nous amenait les otages qu’on lui avait demandés. Je me trouvais fort embarrassé, car j’avais, en effet, promis au prince que, s’il remettait sa famille entre nos mains et si les cheikhs en faisaient autant, Votre Majesté lui donnerait des hommes et de l’argent pour s’emparer de Tlemcen, sous condition qu’il exécuterait plus fidèlement que son père les clauses du traité qui serait conclu. Il y a longtemps déjà que le prince Mohammed a écrit à ce sujet à Votre Majesté ; mais il n’a reçu aucune réponse. Ne sachant que lui dire, je n’ai pas cru devoir l’attendre, et je me suis entendu avec le commandant des navires de Votre Majesté pour effectuer mon passage jusqu’ici. Toutefois, j’ai laissé, en partant, des instructions relativement à ce que l’on devra répondre au prince, lorsqu’il se présentera. J’ajouterai que ce motif n’est pas le seul qui m’ait décidé à me rendre en personne auprès de Votre Majesté ; j’ai aussi à lui faire part de beaucoup d’autres particularités, qu’il n’est pas toujours possible d’expliquer par correspondance. Je considère la prise de Hone (Honaîn aujourd'hui) et son occupation comme une chose fort importante. Il sera facile maintenant de punir le roi de Tlemcen on de l’obliger à tenir ses promesses. En partant de Hone, plus rapprochée de Tlemsên que ne le sont Oran et Mersel-
Kebir, on pourra, sans beaucoup de peine, pénétrer dans l’intérieur du royaume et enlever à Moulay Abd-Allah la meilleure partie de ses possessions. Je m’arrêterai ici jusqu’à ce que j’aie vu le terme de la maladie de ma femme, que j’ai trouvée accablée par la fièvre, puis je me rendrai auprès de Votre Majesté pour connaitre ses intentions relativement aux affaires de ce pays.
Kebir, on pourra, sans beaucoup de peine, pénétrer dans l’intérieur du royaume et enlever à Moulay Abd-Allah la meilleure partie de ses possessions. Je m’arrêterai ici jusqu’à ce que j’aie vu le terme de la maladie de ma femme, que j’ai trouvée accablée par la fièvre, puis je me rendrai auprès de Votre Majesté pour connaitre ses intentions relativement aux affaires de ce pays.
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