EL MAHALLA MANSOURAH (LE CAMP VICTORIEUX): HISTOIRE D'UNE LÉGENDE
Je m'étendrai le moins possible sur l'histoire de la ville d'El Mansourah. Le sujet, en admettant qu'on fasse pas de nouvelles découvertes peut être considéré comme épuisé. Bref, nous sommes en 1299 à Tlemcen le roi Zianide Abou Saîd Othman vient de subir un deuxième siège 7 mois après le premier (je vous envois vers la publication sur le rôle de la mère d'Abou Saîd Othman, Saout Ennissa) mais celui-la va durer 100 mois, le plus long dans l'histoire de l'humanité. À l'endroit oú l'armée d'Abou Yâacoub El Mérini de Fès (dans certaines références on le nomme le le roi noir du Soudan) avait campé, il fit construire un palais pour sa résidence et une majestueuse mosquée, d'une hauteure extraordinaire (El Mansourah) dont il ne reste que le minaret. Sous la protection des murailles qui atteignirent Bâb El Khémis, s'élevèrent des maisons, des caravansérails, des hopitaux. Ainsi El Mahalla Mansourah devint la ville d'El Mansourah, une cité populeuse qui contrôle les caravanes commerciales et les marchés de négoces et dont les ruines étonnent toujours les visiteurs et les touristes.
La légende raconte que dès que le sultan Mérinide se fut décidé à élever la mosquée d'El Mansourah, il fit appel aux hommes les plus distingués en fait de constructions. Il s’en présenta deux ; l’un juif et l’autre musulman qui vivement se disputèrent l’entreprise. L’examen de leurs plans ayant démontré une parfaite égalité de savoir et d’habileté chez les deux concurrents, le roi du Soudan se trouvait fort embarrassé. Mais à la fin, il eut une idée lumineuse ; il décida que le musulman serait chargé de la partie intérieure du minaret, tandis que le juif s’occuperait de la face opposée. De la lutte merveilleuse de talent qui s’établit entre les deux architectes, il résulta un monument élevé, hardi, superbe, la plus merveilleuse des mosquées arabes.
La mosquée terminée, elle fut inaugurée en grandes pompes, et pour tout le monde il ne fut question que du magnifique monument élevé par les deux architectes. Le roi du Soudan les fit tous deux appeler devant lui:
« La mosquée que vous avez construite, dit-il, est si belle, que je ne sais trop comment vous récompenser. Cependant, voici un amoncellement de bourses toutes remplies d’or, ce sera la part du musulman. Quant à toi, l’infidèle, je devrais t’arracher la vie pour avoir de tes pieds souillés notre lieu de prières. Mais, comme je suis content de ton travail, je me bornerai à t’enfermer au haut du minaret. Seulement, tu devras t’arranger pour ne plus y être à la prière de El Maghrib ; ou, par Dieu, si je t’y trouve, ce sera fait de toi ! »
« La mosquée que vous avez construite, dit-il, est si belle, que je ne sais trop comment vous récompenser. Cependant, voici un amoncellement de bourses toutes remplies d’or, ce sera la part du musulman. Quant à toi, l’infidèle, je devrais t’arracher la vie pour avoir de tes pieds souillés notre lieu de prières. Mais, comme je suis content de ton travail, je me bornerai à t’enfermer au haut du minaret. Seulement, tu devras t’arranger pour ne plus y être à la prière de El Maghrib ; ou, par Dieu, si je t’y trouve, ce sera fait de toi ! »
Mais comme le juif était un homme ingénieux que les plus grands périls n’effrayaient point, il ne se laissa pas abattre et se fit apporter de fines planchettes, des cordons de soie et quelques outils. En peu d’heures, il eut fabriqué une paire d’ailes qu’il s’ajusta sur le corps. Puis à l’instant précis où le soleil disparaissait, il se précipita du haut du minaret. Malheureusement, il avait mis trop de précipitation dans son travail, ses ailes se rompirent et il alla se briser le crâne dans le vallon voisin. Celui-ci est connu de nos jours à Tlemcen « Le col du juif, عقبة اليهودي»
Après la fin du siège de Tlemcen suite à l'assassinat d'Abou Yâacoub El Mérini, les Tlemceniens envahirent, pillèrent et détruisirent la ville d'Al Mansourah. Les dégâts sont toujours palpables sur le haut minaret de la mosquée qui est à demi-écroulé comme l'indique la photo ci-jointe. Ici aussi une légende nous raconte que le sultan mérinide ayant hâte de voir terminer la mosquée, il fit construire son minaret par des ouvriers, musulmans chrétiens et juifs et que la partie détruite aujourd'hui est précisément celle qui a été élevée par les mécérants.
Insolite destin car El Mansourah aujourd'hui est le symbole et la fierté de la ville de Tlemcen et après avoir été le cauchemar des tlemceniens. Le roi Zianide Abou Saîd Othman doit se retourner dans sa tombe

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