dimanche 23 février 2014

LES SECRETS DES AISSÂOUA À TLEMCEN MIS À NU

Leurs adhérents de cette confrérie se recrutent surtout parmi les classes inférieures de la population: à Tlemcen, les individus n'étaient point des vagabonds ou des gens sans moyens d'existence : tous étaient pourvus d'un métier qu'ils exerçaient journellement. Il y avait parmi eux des cafetiers, des garçons bouchers, des cordonniers Ces natures simples finissent par se complaire dans les extases où les amènent inévitablement les exercices de danse et de chants auxquels ils se livrent et qui sont du reste merveilleusement combinés pour amener ceux qui s'y appliquent dans des états plus ou moins voisins du sommeil hypnotique : aussi appelle-t-on ces pratiques en arabe El Idjâb, الإيجاب c'est-à dire « entraînement à l'extase ».

Ce n'est pas ici le lieu de décrire l'organisation de la confrérie, ses doctrines mystiques, le dikr, الذّكر que doivent chaque jour réciter les affiliés. Nous n'osons dire que tous Ies khiwân récitent exactement toutes ces prières qui comprennent pour chaque jour plus de 4,000 bismillah, 3,000 Salât ala Nabî, 2,500 Tawhiid, 2,000 récitations de la Fâtiha et 2 à 4,000 autres sourates.

Les Aïssâoua sont surtout connus par leurs jongleries ; leurs exercices les plus habituels consistent : à manier impunément, à manger du verre pilé, des tessons de bouteilles, des clous, des feuilles de figuier de Barbarie avec leurs épines; à s'enfoncer un poignard dans la peau du ventre ou des joues ; à mettre un fer rouge sur leur langue ou sur leurs pieds. Ils se vantent aussi de manger sans danger tous les poisons et s'attribuent la puissance de guérir les personnes empoisonnées ou mordues par des animaux venimeux et, en général, tous les malades. Ils racontent à cette occasion, qu'un jour Sîdî 'Aïssa était en course avec ses disciples : comme ils n'avaient rien à manger et qu'ils se plaignaient de la faim, le saint leur dit : « Mangez du poison ». Aussitôt ils se mirent à chercher des vipères et des scorpions et avec eux ils apaisèrent impunément leur faim. Depuis cette époque les 'Aïssâoua ont gardé le privilège d'être insensibles à tous les venins et à tous les poisons.

Cependant plusieurs medecins se sont penchés sur leurs étranges exercies. Il n'est pas douteux en effet qu'il n'y ait là des faits d'insensibilité que l'hypnotisme seul peut expliquer. Telle est en particulier la conclusion d'un article du Dr Lemanski, qui conclut « qu'il y a jongleries très souvent et que, le reste du temps, c'est de l'anesthésie hystérique». Il explique en particulier l'absorption de clous, de verre pilé, tessons de bouteilles et autres objets dangereux pour le tube digestif, par le mérycisme (trouble du comportement) ou faculté bien connue qu'ont certains individus de se faire vomir à volonté. Les Aïssâoua qui se livrent à cet exercice se débarrasseraient ainsi, après la séance, de ces aliments indigestes.

Les tours des Aïssâoua ont été spécialement étudiés par le célèbre Robert Houdin qui a donné de chacun d'eux les explications les plus plausibles et les plus autorisées puisqu'il était lui-même un maitre en la matière. Il est bien certain que les Aïssâoua ne manient les serpents et les scorpions qu'après les avoir privés de leur dard ou de leurs dents venimeuses : tout au moins épuisent-ils leur venin en les faisant mordre à plusieurs reprises dans une étoffe.


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