LA CONFRÉRIE DES AISSÂOUA À TLEMCEN
Tout le monde connaît aujourd'hui, au moins de nom, les Aïssâoua et leurs étranges excercies. La description qui va suivre ne tient pas compte du caractère licile ou illicite des traditions lies à cette confrérie. Je ne rapporte que leur emprunte historique, c'est au lecteur de se faire un jugement conformément aux textes religieux.
Les Aissâoua sont les adeptes d’une confrérie religieuse musulmane originaire du Maroc où elle fut fondée par Sidi Mohammed ben Aîsa. Les cérémonies de cette confrérie n'existent quasiment plus aujourd'hui, les Aïssâoua à Tlemcen s'exprimaient à haute voix en particulier à l'occasion de la fête Aid El Fitr qui termine le jeûne du Ramadhân. Dès le matin du deuxième jour de la fête, une animation extraordinaire règne sur la route de Tlemcen à Sidi Boumédine. Hommes, femmes, enfants, s'en vont en pèlerinage. Ces derniers surtout avec leurs costumes brillants, leurs petits bonnets pointus, leurs vêtements d'étoffes de tulle lamées d'argent, leurs robes aux couleurs voyantes et bariolées, donnent au paysage un aspect véritablement féerique. Les morts ne sont pas oubliés et le cimetière musulman est constellé de h'aïk blancs. Mais la population se porte surtout vers le tombeau du célèbre saint qui a donné son nom au village de Sidi Boumediène. Près de la source dite Aïn Wanzoûta stationne une foule immense. Là des marchands de gâteaux traditionels, de limonade, de nougat se sont établis en plein vent. Un peu plus loin, près d'Aïn Bou Ishaq, se sont réunis les Aïssâoua : de là ils vont monter à pied jusqu'à Sidi Boumediène. En avant marchent les porteurs des étendards (dreapeaux verts) et, immédiatement derrière, le m'qaddem (chef) de l'ordre. Derrière celui-ci, une rangée de khiwan (frères) barre le chemin : vêtus tout simplement de longues gandouras blanches, ils se serrent les uns contre les autres en se tenant par les mains et formentune bande de toute la largeur de la route qu'ils remontent lentement et à reculons. A sept ou huit pas, une autre bande semblable les suit, mais marchant en avant, de façon à faire vis-à-vis à la première. Ensuite vient la musique, puis deux autres rangées de khiwan semblablement disposées ; derrière enfin des porteurs d'étendards ferment la marche. Au son cadencé des Guellâl et des ghâït'a, qui font rage, les khiwân exécutent, sans cesser un instant, une sorte de danse qui consiste dans une simple inclination du buste, avec flexion des genoux, répétée indéfiniment au cri de : Iâ llâh, iâ llâh, poussé rapidement et avec force sans s'interrompre une seule seconde pour reprendre haleine.
Pendant ce temps, les porteurs d'étendards qui marchent devant et la foule chantent une formule religieuse qui se termine par les mots : Mohammed h'abîb Allâh. Au devant des groupes de khiwân qui chantent sans trêve sur le plus monotone des rythmes : iâ llâh, iâ llâh, le « djemel », le chameau, se livre à ses gambades et à ses fantaisies. Ce chameau n'est autre qu'un des khiwan auquel on donne le nom de cet animal et qui ne cesse de l'imiter de toutes les façons. D'autres imitent la panthère, le chacal...., mais ici, c'est le chameau qui fixe toute l'attention. Tantôt il s'avance à quatre pattes en se contorsionnant la bouche comme un véritable chameau et en poussant le Cri bien connu de cet animal, tantôt il se lève en faisant des éclats de voix effrayants. Parfois il s'arrête et tape du pied. D'autres fois, il se roule parterre en frottant sa tête contre les pierres. Il porte autour du cou un collier de coquilles d'escargots . On lui jette des feuilles de figuier de Barbarie : il s'arrête et les dévore à belles dents en imitant avec ses joues les mouvements des joues du chameau lorsqu'il mange. Il se précipite sur les assistants et leur vole leurs chaussures en possession desquelles ils ne peuvent plus rentrer qu'après lui avoir donné quelque menue monnaie. Il faut dire ici que, sur le passage de la foule, tous les musulmans retirent leurs babouches : celui qui garderait ses chaussures risquerait d'être plus ou moins maltraité par une foule fanatique.
La procession marche naturellement avec une grande lenteur : nous voici maintenant dans les petites rues du village arabe de Sidi Boumediène; les terrasses, les crêtes des murs se garnissent de femmes et de petites filles qui poussent les cris d'acclamation You, You, Z'ghârît', mais qui, dans la ville de Tlemcen, s'appellent exclusivement Ouelouâl. On brûle de l'encens sur le passage de la procession. La musique devient plus bruyante et plus rapide. Le chameau pousse des cris assourdissants. De temps à autre, un des khiwân se détache et pousse des cris d'animaux en se roulant par terre. L'excitation religieuse est à son comble.
Quelques khiwân sont au paroxysme de l'exaltatation et tombent par terre dans une sorte de catalepsie. On leur ouvre la bouche qui semble raidie, pour souffler dedans, et ils paraissent revenir à eux. Enfin nous arrivons à Sidi Boumediène. Les khiwân entrent dans la cour qui précède le tombeau du marabout et s'arrêtent en face de la grande porte qui conduit à la mosquée. Une cinquantaine de fillettes parées des couleurs les plus brillantes garnissent le grand escalier et forment un tableau ravissant. Les musiciens s'accroupissent au pied de l'escalier, les khiwân se rangent le long des murs et les iâ llâh, iâ llâh continuent de plus belle. Deux khiwân s'avancent et se mettent à danser une danse très animée en se faisant vis-à-vis. Tantôt ils s'accroupissent et se relèvent d'un seul bond; tantôt ils font avec une grande rapidité des tours complets sur eux-mêmes, en relevant un peu avec leurs mains leur gandoura, de façon à la faire voltiger en tournoyant. La danse est souvent gracieuse, parfois avec une pointe de lasciveté. De temps à autre, un des khouan se détache et vient devant l'orchestre se livrer à la danse que je décriverai la prochaine fois.
Tout le monde connaît aujourd'hui, au moins de nom, les Aïssâoua et leurs étranges excercies. La description qui va suivre ne tient pas compte du caractère licile ou illicite des traditions lies à cette confrérie. Je ne rapporte que leur emprunte historique, c'est au lecteur de se faire un jugement conformément aux textes religieux.
Les Aissâoua sont les adeptes d’une confrérie religieuse musulmane originaire du Maroc où elle fut fondée par Sidi Mohammed ben Aîsa. Les cérémonies de cette confrérie n'existent quasiment plus aujourd'hui, les Aïssâoua à Tlemcen s'exprimaient à haute voix en particulier à l'occasion de la fête Aid El Fitr qui termine le jeûne du Ramadhân. Dès le matin du deuxième jour de la fête, une animation extraordinaire règne sur la route de Tlemcen à Sidi Boumédine. Hommes, femmes, enfants, s'en vont en pèlerinage. Ces derniers surtout avec leurs costumes brillants, leurs petits bonnets pointus, leurs vêtements d'étoffes de tulle lamées d'argent, leurs robes aux couleurs voyantes et bariolées, donnent au paysage un aspect véritablement féerique. Les morts ne sont pas oubliés et le cimetière musulman est constellé de h'aïk blancs. Mais la population se porte surtout vers le tombeau du célèbre saint qui a donné son nom au village de Sidi Boumediène. Près de la source dite Aïn Wanzoûta stationne une foule immense. Là des marchands de gâteaux traditionels, de limonade, de nougat se sont établis en plein vent. Un peu plus loin, près d'Aïn Bou Ishaq, se sont réunis les Aïssâoua : de là ils vont monter à pied jusqu'à Sidi Boumediène. En avant marchent les porteurs des étendards (dreapeaux verts) et, immédiatement derrière, le m'qaddem (chef) de l'ordre. Derrière celui-ci, une rangée de khiwan (frères) barre le chemin : vêtus tout simplement de longues gandouras blanches, ils se serrent les uns contre les autres en se tenant par les mains et formentune bande de toute la largeur de la route qu'ils remontent lentement et à reculons. A sept ou huit pas, une autre bande semblable les suit, mais marchant en avant, de façon à faire vis-à-vis à la première. Ensuite vient la musique, puis deux autres rangées de khiwan semblablement disposées ; derrière enfin des porteurs d'étendards ferment la marche. Au son cadencé des Guellâl et des ghâït'a, qui font rage, les khiwân exécutent, sans cesser un instant, une sorte de danse qui consiste dans une simple inclination du buste, avec flexion des genoux, répétée indéfiniment au cri de : Iâ llâh, iâ llâh, poussé rapidement et avec force sans s'interrompre une seule seconde pour reprendre haleine.
Pendant ce temps, les porteurs d'étendards qui marchent devant et la foule chantent une formule religieuse qui se termine par les mots : Mohammed h'abîb Allâh. Au devant des groupes de khiwân qui chantent sans trêve sur le plus monotone des rythmes : iâ llâh, iâ llâh, le « djemel », le chameau, se livre à ses gambades et à ses fantaisies. Ce chameau n'est autre qu'un des khiwan auquel on donne le nom de cet animal et qui ne cesse de l'imiter de toutes les façons. D'autres imitent la panthère, le chacal...., mais ici, c'est le chameau qui fixe toute l'attention. Tantôt il s'avance à quatre pattes en se contorsionnant la bouche comme un véritable chameau et en poussant le Cri bien connu de cet animal, tantôt il se lève en faisant des éclats de voix effrayants. Parfois il s'arrête et tape du pied. D'autres fois, il se roule parterre en frottant sa tête contre les pierres. Il porte autour du cou un collier de coquilles d'escargots . On lui jette des feuilles de figuier de Barbarie : il s'arrête et les dévore à belles dents en imitant avec ses joues les mouvements des joues du chameau lorsqu'il mange. Il se précipite sur les assistants et leur vole leurs chaussures en possession desquelles ils ne peuvent plus rentrer qu'après lui avoir donné quelque menue monnaie. Il faut dire ici que, sur le passage de la foule, tous les musulmans retirent leurs babouches : celui qui garderait ses chaussures risquerait d'être plus ou moins maltraité par une foule fanatique.
La procession marche naturellement avec une grande lenteur : nous voici maintenant dans les petites rues du village arabe de Sidi Boumediène; les terrasses, les crêtes des murs se garnissent de femmes et de petites filles qui poussent les cris d'acclamation You, You, Z'ghârît', mais qui, dans la ville de Tlemcen, s'appellent exclusivement Ouelouâl. On brûle de l'encens sur le passage de la procession. La musique devient plus bruyante et plus rapide. Le chameau pousse des cris assourdissants. De temps à autre, un des khiwân se détache et pousse des cris d'animaux en se roulant par terre. L'excitation religieuse est à son comble.
Quelques khiwân sont au paroxysme de l'exaltatation et tombent par terre dans une sorte de catalepsie. On leur ouvre la bouche qui semble raidie, pour souffler dedans, et ils paraissent revenir à eux. Enfin nous arrivons à Sidi Boumediène. Les khiwân entrent dans la cour qui précède le tombeau du marabout et s'arrêtent en face de la grande porte qui conduit à la mosquée. Une cinquantaine de fillettes parées des couleurs les plus brillantes garnissent le grand escalier et forment un tableau ravissant. Les musiciens s'accroupissent au pied de l'escalier, les khiwân se rangent le long des murs et les iâ llâh, iâ llâh continuent de plus belle. Deux khiwân s'avancent et se mettent à danser une danse très animée en se faisant vis-à-vis. Tantôt ils s'accroupissent et se relèvent d'un seul bond; tantôt ils font avec une grande rapidité des tours complets sur eux-mêmes, en relevant un peu avec leurs mains leur gandoura, de façon à la faire voltiger en tournoyant. La danse est souvent gracieuse, parfois avec une pointe de lasciveté. De temps à autre, un des khouan se détache et vient devant l'orchestre se livrer à la danse que je décriverai la prochaine fois.
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