dimanche 7 janvier 2018

CROISIÈRE DE LA CHACHIA, DE L’ANDALOUSIE AU MAGHREB
Éthnographiquement, l’Algérie, le Maroc et la Tunisie ne peuvent se séparer, tous les trois renferment les mêmes grandes catégories de populations : les Amazighs, les arabes, éléments auxquels sont venus se joindre les Andalous, les Juifs, les Turcs, les Kouloughlis et les Noirs du centre d’Afrique. De manière générale, on peut dire ainsi que l’ensemble des populations est un mélange à dose variable, des conquérants et du peuple conquis.
Ces pays partagent beaucoup de traditions et coutumes encore visibles et palpables aujourd’hui, notamment certains costumes traditionnels. Bien que leur origine remonte à des périodes lointaines, quelques un d’entre eux proviennent d’institutions qui n’ont parfois laissé que le souvenir de leur existence. La chéchia par exemple portée par tout le monde, qui jadis était un élément principal, indispensable du costume traditionnel et dont la forme, la couleur et la position sur la tête offraient de nouvelles variantes et indiquaient l’âge et le rang social du porteur.
Aujourd’hui, la capitale de la chéchia masculine de couleur rouge est incontestablement la Tunisie, sa confection artisanale nécessite une collaboration de plusieurs villes dont Zeghouan, Tunis, Al Alia, El Batan…et 80% de sa production est destinée à l’exportation. Ce sont les Andalous perfectionnant les méthodes de fabrication donnèrent à cette industrie un développement considérable et répondirent dans tout l’orient la chéchia. D’ailleurs le nom Chouachi-Chaouchi est originaire de l’andalousie qui désignait l’artisan des chéchias.
Oui, la chéchia est 100% andalouse introduite par les musulmans après la chute de Grenade et 1492. L’origine du mot chéchia n’est pas encore bien établi. On sait que son ancêtre s’appelait El Ghiffara, الغِفَارَة en arabe, on connaît cet héritage andalous à Tlemcen sous le nom de البْنِيقَة (le terme exacte c’est le bnaka, (بناقة) qui désigne un bonnet que les femmes portent à la sortie du Hammem.
Nous savons que les musulmans et les juifs sont les deux composantes qui présentent le moins de différences à tous les niveaux : Génétique, culturel, historique et vestimentaire. Les juifs s’habillaient comme les musulmans, leur tenue vestimentaire se composait de : « Sarwâl, Jubbâ et Burnûs ». Toutefois, durant la période ottomane (En Algérie et Tunisie), une discrimination plus sensible existait et que les historiens nous l'ont rapporté : À la différence des musulmans qui portaient une chéchia rouge, (signe de noblesse et montrant que le porteur est un arabe), enveloppée d’un turban blanc et quelquefois vert, les juifs portaient une chéchia noire enveloppée d’un turban sombre : noir, bleu foncé ou violet. Au fil des années, les juifs ont acquis le droit de porter une chéchia de couleur rouge.
À Tlemcen, les femmes étaient coiffées de chéchia en velours, brodée au fil d’or, de forme conique posée sur le côté. Mais cette calotte se retrouve aussi à l’état libre et gracieux sur la tête des enfants. Pour se distinguer des femmes juives, les Tlemceniennes avaient adopté l’habitude de porter la chéchia sur le côté. Il faut dire que la chéchia a perdu son prestige mais je pense qu’avec l’adhésion de la Chedda de Tlemcen au patrimoine mondial de l’UNESCO, la chéchia a encore de beaux jours devant elle.
PS: À ne pas confondre avec "le Tarbouche ou la chéchia Istambouli"







Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

الجزائر بـ «قبر الهجمات - Alger « tombeau des attaques »

 La côte d'Alger a souvent été surnommée le « tombeau des attaques » en raison des échecs répétés des grandes puissances européennes à s...