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dimanche 14 juin 2015

COMPOSITON ETHNIQUE DES ANDALOUS DU XIe
Si la diversité ethno-culturelle d'al-Andalus explique en partie la première
"Fitna, الفتنة" du IXe siècle, où se posa de façon aiguë le problème de l'insertion des groupes allogènes, c'est à dire arabo-amazighes, dans la société autoctone, avec, en corollaire, celui de l'acculturation des populations d'origine hispanique, peut-on à nouveau l'invoquer à propos de la crise qui, un siècle et demi plus tard, allait aboutir à l'éclatement du califat Omayyade d'Espagne en une vingtaine de principautés indépendantes, les Taifas, الطوائف ? Rien n'est moins sûr, mais ceci
nous oblige à reconsidérer l'importance des spécificités de caractère ethnique dans l'évolution de la société arabo-andalouse, et peut-être, au-delà, des sociétés arabes du Moyen Âge.
La population de l'Espagne musulmane associait plusieurs éléments d'origine distincte :
- les Arabes, soit baladiyyûn, البلديون (ceux de la conquête), soit sâmiyyûn, الساميون (ceux du contingent Omayyade ultérieur, dépéchés par le califat de Damas pour mater la révolte Amazighe du Maghreb en 740, mais réfugiés l'année suivante dans la Péninsule ibérique, où ils ne tardèrent pas à s'enraciner), distinction que recoupe, dans une certaine mesure, l'antique clivage entre Yéménites, اليمنية (Arabes du Sud) et Mudarites, المضريون (Arabes du Nord), étant entendu que l'immigration proche-orientale
s'est poursuivie au fil du temps.
- Les Amazighes, groupe lui aussi hétérogène, puisque à côté des Vieux
Amazighes, arrivés en Espagne au moment de la conquête et dans les décennies suivantes, on trouve des Jeunes Amazighes, c'est à dire les fractions zénètes et sanhâja que le pouvoir recruta vers la seconde moitié du Xe siècle afin de servir dans l'armée califale.
- Les muwalladûn, المولّدون hispaniques convertis à l'islam et arabisés (issus d'un mariage mixte)
- Les mozarabes, chrétiens de souche locale, mais arabisés et largement
acculturés dès la fin du IXe siècle, au point que la question se pose de savoir si cette communauté, du fait des conversions, a encore quelque réalité quantitative au début du XIe siècle.
- Les Esclavons (Saqâliba, الصقالبة), terme générique qui désigne tout un personnel servile ou affranchi d'origine européenne (Slaves, Francs, Germains), attaché à des fonctions d'État administratives et militaires, et, du fait de sa condition sociale, à la fois arabisé et islamisé, mais non véritablement intégré, sauf à l'égard de la dynastie régnante dont il est le fidèle auxiliaire.
- Les juifs, très minoritaires en règle générale, quoique présents sur
l'ensemble du territoire urbain, et localement nombreux et organisés, comme à Grenade ou Lucena.
- Les Soudanais, esclaves africains confinés à des tâches domestiques et
parfois d'exécution de rang subalterne (en particulier dans le service des courriers officiels).
- Quelques Persans, trop rares pour peser d'un quelconque poids dans
l'histoire andalouse.
- Enfin, des mercenaires chrétiens originaires du nord de la Péninsule
(Galiciens, Castillans, Aragonais, Catalans), et qui vivent en marge de la société qui les emploie.
L’Espagne a-t-elle émergé de l’affrontement entre chrétiens et musulmans, ou du mélange des différentes traditions présentes sur son sol ? Une question polémique, mais le rôle de l'islam dans la péninsule Ibérique est reconnu aujourd'hui qui a donné naissance à une culture de la tolérance s’est formée en Andalousie, et, de là, a été transmise à l’Espagne chrétienne et au reste de l’Occident.


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