jeudi 6 novembre 2014

MÉDINA DE TLEMCEN: ATTENTION RESPECTEZ LE CODE!!!!
Un code est un ensemble de lois concernant les branches d'une spécialité telle que le droit, la medecine, l'éthique, la route... Mais un code peut constituer aussi un ensemble de coutumes ou de règles parfois écrites, qu'il est convenu de respecter dans une matière, dans un domaine, dans un milieu donné. Tlemcen, grande capitale du Maghreb a vu succéder plusieurs civilisations sur ses terres, partout flotta l'étendard des Amazighes, des Romains, des Omayyades, des Idrissides, des Almoravides, des Almohades, des Zianides, des Mérinides, des Espagnoles, des Ottomans-Algériens, des Français. La génèse de son tissu urbain témoigne de sa grandeur, une ville de tolérence, cosmopolite, commerçante, industrieuse, intellectuelle...Bref, Tlemcen la bien gardée de Dieu. L'architecture et l'organisation urbaine d'une ville reflètent le degré de prospérité de la Médina, car bâtir est avant tout un art particulier. Dans les ruelles de la Médina, on ne peut qu'imaginer l'unifromité des méthodes et des moyens utilisés, ces constructions qui apparaissent aujourd'hui "ordinaires" ont été assurément destinées pour durer et devenir universelles conformément à l'ancien art lorsqu'on envisage les formes de l'architecture.
Autrefois, l'ancienne Médina de Tlemcen était soumise à un code bien précis, un savoir-vivre et des rapports étaient respectés entre riverains mais aussi entre étrangers qui pénétraient dans un Derb. Nous savons aujourd'hui qu' un arc à l'entrée d'une ruelle signifiait tout simplement que l'artère n'était pas commerçante et qu'il s'agit une zone résidentielle, si l'arc prenait naissance à la base c'est qu'il s'agissait d'une impasse. Il fallait déchiffrer le sens des symboles car certains hiéroglyphes indiquait la direction qu'il fallait prendre pour se rendre aux demeures, aux Rahba (placette), et même au centre ville. D'autres symbolent indiquaient le nombre de ruelles dans chaque noyau résidentiels.
Lorsque Youcef Ibn Tachfine Al Mourabiti a fondé Taghrart, une ville surélevée et dominante, elle a vite évolué d'une cité destinée aux élites Almoravides vers une ville commerçante et administrative au point oú sa grande soeur Agadir s'effaça du paysage de Tlemcen après la mise en place des mosquée et des quartiers: Bâb Zir, Sid El Djabbar, Derb Sensla, Derb Naidja, Derb beni Djemla, Djamâa Chorfa, Djamâa El Coran...La décision de Amir Al Mouslimine Youcef Ibn Tachfine de construire Taghrart et d'attribuer un quartier à chaque tribu Amazighe qui l'accompagnait comme nous l'avons vu précédemment pour Derb Mesoufa s'explique par l'animosité existante entre ces tribus c'est pour cette raison chaque quartier avait son propre Ferrane, Hammam, mosqueé(s)...Par exemple, Derb Sensala ou la ruelle de la chaîne (plutôt une impasse) a été nommée ainsi en raison d'une chaîne métallique que les habitants de ce quartier (majoritairement des notables Almoravides) installaient à l'entrée au moment de la sièste (2pm-4pm et tout l'année) pour éviter que des animaux n'y pénètrent. C'est une ruelle interéssante si on veut remonter le temps mais aussi car presque toutes les maisons ont subi que peu de "déformations" dont quelques unes possèdent encore des anciennes chambres pour les domestiques et les serviteurs.
La Médina de Tlemcen est un vrai labyrinthe, bien que ce dernier connote l'obscurité, le désordre, le froid, et la violence, ses quartiers étaient bien bâtis, divisés, orientés, éclairés et sécurisés. Pour ne pas se perdre dans les "droubas" il fallait un code, des symboles à déchiffrer et à suivre. Par exemple les arcs n'ont pas été faits pour agrémenter le paysage. Leur rôle était d'avertir les passants qu'ils s'approchent d'une zone résidentielle et de ce fait, il fallait faire attention à leur comportement et l'itinéraire qu'ils allaient prendre. Pour les étrangers, aucune chance d'y pénétrer sans être accopagnés par un habitant c'est pour cette raison que certains historiens considéraient ces signalisations judicieusement placées comme des portes secondaires.
Pour ne pas se tromper de direction des plaques de signalisations (ornements) étaient placées au niveau d'ongles de rues. On les appelles El Muqarnas=مقرنة comme vous pouvez le voir sur les photos attachées. Pour lire cette signalisation, il fallait se mettre devant, sur votre droite se trouve la zone résidentielle alors que sur votre gauche la ruelle mène obligatoirement vers le centre de la ville. Cette règle a été inspirée d'un verset Coranique oú Dieu a dit: "Les gens de la droite on pour finalité le Paradis". D'ailleurs aussi le mot "Ghorfa" qui signifie une chambre en arabe est inspiré du Noble Coran oú une Ghorfa est liée au Paradis. À Tlemcen on mettait deux rideaux à l'entrée de chacune: Un léger qui jouait le rôle d'une moustiquaire et l'autre plus épais pour garder la chaleur tout dépendant la saison.
Pour l'éclairage public, un comptable (صاحب الحسبة) proposait un éclairage adapté, économique pour illuminer les ruelles de la Médina. Des lucarnes dans les Derb mais aussi des lampes à l'huile voire dans lampadaires par endroit même au niveau "des Sqiffa" (سقيفة) ont été installés. Cette dernière est souvent trouvée dans la partie basse de Taghrart, c'est un passage ouvert et couvert qui émerge à partir d'une habitation dans le but d'optimiser l'espace et améliorer l'oxygénation, de plus lorsqu'elle est arquée ceci signifie que c'est un passage privé comme l'indique les photos jointes.
Pour les portes à Tlemcen, souvent étaient formées de deux parties, une battante et l'autre fixe et munies de deux heuroirs, un placé plus haut que l'autre. Un explication a été proposée pour déchiffrer ce symbôle, le plus haut était destiné au visiteurs montés (cheval, âne...) alors que celui du bas pour les piétons. Mais on peut vite se rendre compte que cette explication n'est pas valable pour les portes qui se trouvent au niveau "des Sqiffa" car en traversant le visiteur est obligé de descendre de sa bête. L'autre explication est tout autre, nous savons que les quartiers de Tlemcen étaient sécuritaires, ainsi les portes d'entrée demeuraient toujours ouvertes, cependant si le visiteur était une femme ou des enfants, ils devaient utiliser le heurtoir de la partie battante. Alors que s'il s'agissait d'un homme, lui était obligé d'utiliser le heurtoir de la partie fixe. Le propriétaire savait faire la différence entre les deux sons émis pour qu'il se prépare à accueillir le visiteur. Et finalement la largeur des Derb et localisation des entrées des maisons obéissaient à une tradition musulmane. Leur disposition avait pour but de favoriser et de consolider le lien sacré du voisinage et des relations familiales selon les recommandations du prophète de l'islam (PSL).











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