COMBAT ENTRE LA FIERTÉ ET L'ESPRIT DE CLAN
Certains pensent que la fierté dans les sociétés est l'expression de l'orgueil alors que dans l'âme, elle est de la grandeur. Elle est perçue positivement tant qu'elle est mesurée, et négativement dès qu'elle conduit vers l'égoïsme. Si on observe en particulier les sociétés arabes et/ou les sociétés majoritairement musulmanes, on peut constater une caractéristique que les sociologues et historiens prêtent c'est bel et bien le sentiment d'El Fakhr, الفخر (la fierté) qui vient en pole position. Encore aujourd'hui, certains n'hésitent pas à faire l'analogie entre fierté et El Assabiya, العصبية ou l'esprit de clan qui alimente l'esprit tribal et d'où ces sociétés tiennent leur force et leur puissance. D'après Ibn Khaldûn, El Assabiya est ce qui unit le groupe (tribu) à partir d'une ascendance commune. Naturellement, El Assabiya engendre l'assistante maternelle et que les individus de ce groupe ont une affection naturelle pour leur propre sang.
Par ailleurs, dans les périodes de luttes tribales incessantes par exemple au cours des conflits en andalousie ou encore entre les Zianides et les Mérinides qu'on a eu l'occasion d'aborder à plusieurs reprises ici dans ce groupe, nul ne peut se battre sans esprit de clan, ce qui engendre automatiquement "la capacité d'autodéfense, de résister, de se protéger et de faire valoir ses droits, et donc la perte de l'esprit tribal". Ceci dit, un clan sera d'autant plus fort que sa cohésion sera forte. Ainsi, l'esprit de clan fait la noblesse d'une famille, vous le remarquerez dans les noms complets que portent certains individus, ils mentionnent en général à la fois son appartenance familiale et son appartenance tribale. Mais cet esprit et ce sentiment n'est pas etrenel, Ibn Khaldûn attire notre attention sur le fait q'une lignée, comme toute chose naturelle, vit et meurt: "Le prestige d'une famille s'éteint au bout de quatre générations".
La fierté est apparue avec la naissance de la tribu elle-même et chacune met en oeuvre tous les moyens possibles pour obtenir la reconnaissance et le respect des tribus rivales. En montrant leur attachement à leurs origines et en affichant leur fierté d'apartenir à leur tribu, les membres de cette dernière participent à la reconnaissance de leur tribu et au renforcement de son influence. Dans ce cadre, la poésie arabe est très révélatrice et accorde une place priviligiée au sentiment d'El Fakhr voire El Assabiya.
L'arabe ou l'Amazighe est très sentimental, audacieux, nerveux, têtu, brave, méfiant, il se laisse souvent emporter par ses émotions, sans limite et qui prennent parfois des proportions démésurées au conséquences désastreuses. Parfois on assiste à des comportements incompréhensibles qui peuvent être à l'origine des conflits...Le principe de la fierté découle de l'attachement de l'individu à sa tribu, sa ville, sa terre, son pays, sa langue, sa religion...Le prophète de l'islam lui-même était fier de ses origines, et parfois, il décrivait un "bon musulman" comme un individu sûr de lui, fort dans son esprit et fier de sa religion et ses origines. Mais si le prophète a apprécié le côté positif de la fierté, néanmoins il a souvent suggéré de faire la distinction entre fierté et arrogance-orgueil.
Aujourd'hui, nous accordons une importance majeure au sentiment de la fierté, l'effondrement du califa ottoman l'a accéléré et l'a renforcé au profit du patriotisme national ou régional. Pas besoin de mettre sous un microscope les populations, il suffit d'observer les acteurs politiques pour distinguer l'importante place que cette valeur occupe dans la conscience collective. Sans aucun doute, nos comportements reflètent un malaise dans la société, nous sommes condamné à jongler en permanence entre tribu, ville, région, état, religion...un malaise oui, car comment peut on assumer notre appartence à une ou à toutes ces entités sans porter préjudice aux autres? Normalement, la sédentarisation et le mixage des origines et des familles dilue l'esprit de clan jusqu'à le faire disparaître mais apparement les citadins ne sont pas "détribalisés"...Théoriquement, la vie sédentaire permet le developpement des techniques, et de satisfaire de nouveaux besoins mais elle conduit aussi à la perte de l'esprit "sauvage" ce qui est confirmé par Ibn Khaldûn...Utopie de "la cité parfaite"

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