LA PRISE EN CHARGE TRADITIONELLE DU NOUVEAU-NÉ À TLEMCEN
En général la première tétée a lieu le deuxième jour, mais le premier jour, après l'avoir essuyé, la sage-femme passe son index dans sa bouche pour lui nettoyer les muqueuses. A Tlemcen, on nettoyé la bouche du bébé avec une sucette au cumin, kemoussa : dans un chiffon fin et propre on met du cumin en poudre et l'on trempe dans l'eau de fleur d'oranger, avant de l'introduire dans la bouche c'est Fatour El Mezioud, « premier repas du nouveau-né ». Le plus souvent cependant, quelques heures, parfois seulement quelques instants après sa naissance, le bébé a droit à sa première nourriture ou plutôt à sa première sensation gustative qui est le sucré. Cela donne lieu à un véritable rituel, le Tâhnîk, qui désigne proprement « le frottement du palais » et, l'usage aidant, cela en est venu à signifier « le frottement du palais avec une substance sucrée ».
Le Tâhnik a également une valeur propitiatoire, II est souvent pratiqué pour que « la bouche de l'enfant soit douce », c'est-à-dire qu'il ait toujours de belles paroles ou bien qu'il ait une vie aussi douce que le sucré qu'on lui donne d'ou l'expréssion L'cen El Halou, ou la lamgue sucrée. il se peut qu'on met un peu de halwa «sucrerie» dans la bouche du bébé en lui souhaitant une belle vie et qu'il ait de bonnes paroles envers ses parents. De l'huile d'olive est badigeonnée avec le doigt pour que l'enfant ait une belle voix et n'ait pas de goître ; on lui donne un mélange de miel et de beurre smen pour qu'il puisse téter plus facilement. Au Maroc, on met sur ses lèvres un peu du
gâteau rituel fait pour la réception du premier, du 7ème jour et/ou du 40ème jour ; ce gâteau se nomme sfûf à Rabat, sello à Fès, slîlo ou tqâut à Marrakech.
Pendant les canicules les mères, en été, prennent soin de rafraîchir leur lait car le lait «chaud» peut tuer le bébé. Ainsi pendant l'allaitement, elles mettent l'enfant à l'ombre tournant le dos au soleil et elles mouillent leur vêtement au niveau de la poitrine pour rafraîchir leurs seins et leur lait. C'est encore à titre protecteur, pour empêcher les génies de tarir son lait, que la jeune mère, à Tlemcen, à Fès et Rabat les premiers jours de l'allaitement, encense ses seins, avec de l'alun et du harmel ou du benjoin dont l'odeur préserve aussi du mauvais oeil. De même avant chaque tétée, la mère n'oublie pas de prononcer le rituel "Bismillah" sans quoi les génies ne manqueraient pas de venir téter à la place de l'enfant.
la sage-femme, une fois le nouveau-né essuyé ou plutôt tamponné, lui posait sur le nombril plusieurs couches d'alun et de Kohl si indiscrètement que souvent, plusieurs années après, le nombril de l'enfant rendait encore son Kohl. Il est vrai que ce n'était pas un Kohl quelconque. C'était du Kohl d'Achoura, Ce Kohl était aussi mis autour des yeux de l'enfant pour les lui ouvrir et lui assurer plus tard une vue perçante mais aussi pour ses propriétés thérapeutiques».
Au 7ème jour on accomplit le rituel dit El Henna, henné, c'est l'accoucheuse qui passe l'enfant au @henna sans oublier la bouche afin qu'il ait «une bonne haleine». Cils et sourcils sont passés au Kohl pur. Chaque élément joue son rôle : le henné est, par excellence, porteur de baraka, les plantes aromatiques sont apotropaïques,
le sel et le mercure éloignent les génies, le sucre par sa blan cheur et sa saveur douce est de bon augure, le Kohl enfin éloigne le mauvais oeil.
Après sa première toilette, la sage-femme l'emmaillote avec des vêtements qui ont été fumigés. cette fumigation est dite «fumigation de l'accouchée», et se compose à la fois de «bons» parfums et de parfums pour repousser; c'est que, à sa naissance, le nouveau-né est, en quelque sorte, pris en charge par des anges auxquels sont destinés les «bons» parfums mais il doit, en même temps, être protégé des génies qui lui sont maléfiquese t à qui sont destinés les parfums repoussants : alun, harmel, sarghine, benjoin, encens. Tant que la mère n'est pas remise de ses couches, c'est la sage-femme ou une parente qui prend soin de l'enfant : à Tlemcen, elle l'emmaillote et à chaque changement lui masse doucement le corps avec de l'huile d'olive et lui saupoudre les articulations, les aisselles, les aines avec du talc bulbu, lui étire les bras et les jambes pour détendre ses muscles, puis allongeant ses bras le long du corps, elle l'enveloppe des épaules aux pieds en serrant pour l'empêcher de bouger et pour qu'aucune déformation ou désarticulation ne se produise, elle ne manque pas de mettre ensuite un peu de Kohl aux yeux.
Dans de nombreuses sociétés, c'est au 7ème jour que l'on donne son premier bain au bébé, bain tout à la fois médicinal et magique. A Tlemcen, l'accoucheuse met de l'eau tiède dans la gsa'a, le grand plat à couscous, puis en prononçant l'incantation rituelle bismillah « au nom de Dieu », elle plonge l'enfant, le savonne, le frictionne, le sèche enfin et l'habill eavec la layette apportée par les parentes et amies. Puis elle enduit de henné pétri avec de l'eau de fleur d'oranger ses mains et ses pieds, lui passe du Kohl aux yeux, sous les paupières. Après quoi, vers quatre heures de l'après-midi, parentes et amies s'installent et mangent joyeusement et bruyamment le couscous fait avec le mouton sacrifié ou la viande de mouton achetée pour la fête El Sabâa.
En général la première tétée a lieu le deuxième jour, mais le premier jour, après l'avoir essuyé, la sage-femme passe son index dans sa bouche pour lui nettoyer les muqueuses. A Tlemcen, on nettoyé la bouche du bébé avec une sucette au cumin, kemoussa : dans un chiffon fin et propre on met du cumin en poudre et l'on trempe dans l'eau de fleur d'oranger, avant de l'introduire dans la bouche c'est Fatour El Mezioud, « premier repas du nouveau-né ». Le plus souvent cependant, quelques heures, parfois seulement quelques instants après sa naissance, le bébé a droit à sa première nourriture ou plutôt à sa première sensation gustative qui est le sucré. Cela donne lieu à un véritable rituel, le Tâhnîk, qui désigne proprement « le frottement du palais » et, l'usage aidant, cela en est venu à signifier « le frottement du palais avec une substance sucrée ».
Le Tâhnik a également une valeur propitiatoire, II est souvent pratiqué pour que « la bouche de l'enfant soit douce », c'est-à-dire qu'il ait toujours de belles paroles ou bien qu'il ait une vie aussi douce que le sucré qu'on lui donne d'ou l'expréssion L'cen El Halou, ou la lamgue sucrée. il se peut qu'on met un peu de halwa «sucrerie» dans la bouche du bébé en lui souhaitant une belle vie et qu'il ait de bonnes paroles envers ses parents. De l'huile d'olive est badigeonnée avec le doigt pour que l'enfant ait une belle voix et n'ait pas de goître ; on lui donne un mélange de miel et de beurre smen pour qu'il puisse téter plus facilement. Au Maroc, on met sur ses lèvres un peu du
gâteau rituel fait pour la réception du premier, du 7ème jour et/ou du 40ème jour ; ce gâteau se nomme sfûf à Rabat, sello à Fès, slîlo ou tqâut à Marrakech.
Pendant les canicules les mères, en été, prennent soin de rafraîchir leur lait car le lait «chaud» peut tuer le bébé. Ainsi pendant l'allaitement, elles mettent l'enfant à l'ombre tournant le dos au soleil et elles mouillent leur vêtement au niveau de la poitrine pour rafraîchir leurs seins et leur lait. C'est encore à titre protecteur, pour empêcher les génies de tarir son lait, que la jeune mère, à Tlemcen, à Fès et Rabat les premiers jours de l'allaitement, encense ses seins, avec de l'alun et du harmel ou du benjoin dont l'odeur préserve aussi du mauvais oeil. De même avant chaque tétée, la mère n'oublie pas de prononcer le rituel "Bismillah" sans quoi les génies ne manqueraient pas de venir téter à la place de l'enfant.
la sage-femme, une fois le nouveau-né essuyé ou plutôt tamponné, lui posait sur le nombril plusieurs couches d'alun et de Kohl si indiscrètement que souvent, plusieurs années après, le nombril de l'enfant rendait encore son Kohl. Il est vrai que ce n'était pas un Kohl quelconque. C'était du Kohl d'Achoura, Ce Kohl était aussi mis autour des yeux de l'enfant pour les lui ouvrir et lui assurer plus tard une vue perçante mais aussi pour ses propriétés thérapeutiques».
Au 7ème jour on accomplit le rituel dit El Henna, henné, c'est l'accoucheuse qui passe l'enfant au @henna sans oublier la bouche afin qu'il ait «une bonne haleine». Cils et sourcils sont passés au Kohl pur. Chaque élément joue son rôle : le henné est, par excellence, porteur de baraka, les plantes aromatiques sont apotropaïques,
le sel et le mercure éloignent les génies, le sucre par sa blan cheur et sa saveur douce est de bon augure, le Kohl enfin éloigne le mauvais oeil.
Après sa première toilette, la sage-femme l'emmaillote avec des vêtements qui ont été fumigés. cette fumigation est dite «fumigation de l'accouchée», et se compose à la fois de «bons» parfums et de parfums pour repousser; c'est que, à sa naissance, le nouveau-né est, en quelque sorte, pris en charge par des anges auxquels sont destinés les «bons» parfums mais il doit, en même temps, être protégé des génies qui lui sont maléfiquese t à qui sont destinés les parfums repoussants : alun, harmel, sarghine, benjoin, encens. Tant que la mère n'est pas remise de ses couches, c'est la sage-femme ou une parente qui prend soin de l'enfant : à Tlemcen, elle l'emmaillote et à chaque changement lui masse doucement le corps avec de l'huile d'olive et lui saupoudre les articulations, les aisselles, les aines avec du talc bulbu, lui étire les bras et les jambes pour détendre ses muscles, puis allongeant ses bras le long du corps, elle l'enveloppe des épaules aux pieds en serrant pour l'empêcher de bouger et pour qu'aucune déformation ou désarticulation ne se produise, elle ne manque pas de mettre ensuite un peu de Kohl aux yeux.
Dans de nombreuses sociétés, c'est au 7ème jour que l'on donne son premier bain au bébé, bain tout à la fois médicinal et magique. A Tlemcen, l'accoucheuse met de l'eau tiède dans la gsa'a, le grand plat à couscous, puis en prononçant l'incantation rituelle bismillah « au nom de Dieu », elle plonge l'enfant, le savonne, le frictionne, le sèche enfin et l'habill eavec la layette apportée par les parentes et amies. Puis elle enduit de henné pétri avec de l'eau de fleur d'oranger ses mains et ses pieds, lui passe du Kohl aux yeux, sous les paupières. Après quoi, vers quatre heures de l'après-midi, parentes et amies s'installent et mangent joyeusement et bruyamment le couscous fait avec le mouton sacrifié ou la viande de mouton achetée pour la fête El Sabâa.

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