lundi 14 septembre 2015

LES EXPULSÉS DE 1609, UNE TRAGÉDIE MUSULMANE
Nous sommes très touchés par les scènes de chaos des réfugiés lorsqu'on allume nos ordinateurs et nos téléviseurs. Des migrants épuisés et irascibles sur le point de se battre entre eux sous les regards de policiers débordés. Des migrants qui meurent par milliers à cause du refus de l’Europe d’ouvrir ses portes. Il est concevable de dire sans reserve que le travail historique est toujours un travail comparatif car les migrants ou réfugiés d’aujourd’hui sont les andalous d’hier, qui cherchaient à fuir leurs oppresseurs et que l’on a trop peu et trop tardé à aider.
Voici leur récit:
Rappelons qu'après 117 années (depuis 1492 jusqu'à 1609) de difficile cohabitation la décision d´expulsion des morisques fut communiquée le 22 septembre 1609. En effet, l'année 1609, où l’opération de l'éradication totale qui commença au lendemain de la publication de l’édit d’expulsion des Morisques du Royaume de Valence, le 22 septembre 1609. la Reconquista ne s’était pas achevée en 1492 mais en 1609 !!! La décision d’expulser les Morisques fut prise au plus haut niveau de l’État le 4 avril 1609 pour des raisons religieuses et de sécurité, avec l’appui d’un secteur radical de l’Église et la collaboration, obtenue en échange de garanties financières, de la noblesse locale et des seigneurs de Morisques directement affectés par la mesure. L’expulsion des morisques décrétée sous le règne de Philippe III précipita sur les routes d’Espagne environ 290 000 hommes, femmes et enfants. L’exil se déroula en plusieurs temps : entre la fin du mois de septembre 1609 (décret du 22 septembre 1609) et le mois de juin 1610 (décret du 12 janvier 1610), 135 000 exilés valenciens, 45 000 Castillans, 45 000 Andalous et Murciens, 70 000 Aragonais et 10 000 Catalans, embarquèrent pour la Berbérie et les pays musulmans. Les émigrants partirent soit par voie maritime, soit par la France en franchissant à pied les Pyrénées. L'aide fournie par les frères Barberousse, El Arouj et Kheir Eddine a permis de sauver pas moins de 70.000 et les transportés vers l'Algérie. Ici on parle de plusieurs milliers car en 1609 la France a vu débarqué sur ces côtes 150 000 Morisques. En 1610, une masse de 50.000 morisques arrivèrent vers la région du Languedoc. Parmi ces 150.000, seulement 30.000 ont quitté la France pour le Maghreb ou l'Italie.
Les expulsions vont s'étirer jusqu'en 1614. Ces morisques furent dirigés vers les différents ports du royaume d´Espagne, dans des conditions lamentables. Hommes , femmes et enfants se rendirent à pied de l'intérieur des terres vers ces ports. Les plus privilégiés, durent eux même payer à des prix forts leurs nourritures et les frais de transport. Au moment de l'expulsion, les autorités espagnoles poussent parfois le cynisme jusqu'à leur demander de payer leur voyage. Les Morisques voient leurs biens confisqués au profit d ela couronne. Ils sont chassés dans de pénibles conditions vers les ports d'Afrique du nord, Oran, Tunis... où ils sont au départ mal accueillis par les habitants du cru. Parfois refoulés par les autorités et voire assassinés par les habitants des environs malveillants, qui les perçoivent comme des envahisseurs.
Evidemment, pour transporter toute cette population vers la côte maghrébine, l´Espagne s´est vue obligée d´utiliser, durant toute la période comprise entre 1609 et 1614, une partie importante de sa flotte navale de la Real Armada et une partie des navires de transport privé. À la fin du mois de septembre et début d´octobre 1609, on commença d´abord par transporter les morisques de Valence au nombre de 135.000 morisques qui furent débarqués sur la côte oranaise et reçu par el Capitaine général d´Oran le comte d´Aguilar, pour les acheminer ensuite vers Tlemcen avec l´accord de son gouverneur. Par la suite beaucoup d´entre eux se sont dirigés vers Nedroma, Alger, Dellys... dont quelques uns trouvèrent refuge à Mostaganem, Miliana, Cherchell et Blida. À peu prés à la même date, ceux d´Estremadura débarquèrent via le Portugal sur la côte marocaine. Ils s´installèrent dans des meilleures conditions, notamment à Rabat, Fès, Tanger, Tétouan et Salé. D´ailleurs c´est dans ce port là que se créa une des plus redoutable république corsaire de l´Atlantique. Ensuite au cours de l´année 1610 et les années suivantes, ce sont les morisques de d´Aragon, de Catalogne et de Castille qui furent transportés vers les côtes d´Alger et de Tunisie. Ils étaient très bien accueillis par les autorités politiques et la population tunisiennes. Ils se sont installés à Tunis et Testour. Il y a lieu de signaler aussi qu´une partie d´entre eux partit dans des circonstances imprévues et inattendues en Amérique latine surtout au Mexique, République Dominicaine, Colombie, Equateur, Venezuela, Argentine, Pérou et Chili.
Finalement, essayons d'avoir une attitude positive, c'est-à-dire de voir le verre à moitié plein et non à moitié vide. Cette expulsion des morisques a apporté un souffle nouveau à l´économie des pays maghrébins, et cela grâce à leur grand savoir faire technique dans les domaines de l'agriculture ,de l´artisanat et du commerce. Du côté de la course musulmane en Méditerranée occidentale, particulièrement algérienne, nous pourrions dire qu´elle a connu son deuxième âge d´or tout le long du XVII siècle, et cela grâce aux renseignements fournis par les morisques sur le littoral de la péninsule ibérique.
Ps: Embarquement des Morisques au Grao de Valence et débarquement au port d'Oran (1612-1613)

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